La question de la corruption constitue un des problèmes les plus sérieux au Mali. C’est un vol qui semble tout à fait autorisé bien vrai qu’il coupe le souffle au pays. Il serait mieux que les citoyens fassent de la lutte contre cette pratique une lutte de survie.
La corruption est devenue le maître mot du Mali. Elle constitue l’épidémie qui ronge doucement, mais sûrement nos administrations publiques. Ne faut-il pas dire tous les secteurs au Mali ? La réussite au concours n’est plus une question de compétence, mais de richesse ou de question de « bras longs ». Pour chaque concours de l’État, des sommes sont fixées pour acheter la fonction de ses rêves. Ceux, n’ayant pas cette possibilité,doivent avoir des bras longs au sommet de l’État afin de se faciliter les entrées. Chaque concours correspond à une somme déterminée. Cela, des concours d’entrée aux corps militaires jusqu’aux concours d’entrée à la fonction publique de l’État ou des collectivités. Les sommes peuvent variées de 100 000 à des millions de FCFA.
Quant aux attestations, elles sont délivrées même sans pour autant avoir suivi de formations dans le domaine en question. Comment voulez-vous créer de la qualité dans ces contextes ? L’incompétence est ainsi cultivée. Le sous-développement est au rendez-vous, parce que recruté par corruption, ces fonctionnaires vont travailler dans la corruption. C’est pourquoi il n’est pas rare d’entendre des détournements de grosses sommes d’argent. Les fonctionnaires circulent dans des véhicules dont le prix dépasse leur salaire. Ces phénomènes sont connus de tous. Le cas le plus récent est le concours d’entrée à la nouvelle ENA. Le Directeur aurait démissionné pour ne pas être complice de tripatouillage de résultat. Les lauréats ont mis en garde l’administration. L’Amicale des anciens Élèves fonctionnaires de l’École Nationale d’Administration du Mali a également invité à la transparence. Cela voudrait dire que c’est une pratique au sein de nos administrations. Qu’en est-il de la dilapidation du dénier public ? C’est une autre forme de corruption à laquelle il ne faudrait même pas s’y étendre. Les formes de corruption au Mali sont nombreuses. D’où viennent les sommes avec lesquelles les enfants des autorités partent étudier ou se soigner à l’étranger ? Les bourses des enfants de pauvres sont détournées au profit des plus offrants. Pouvez-vous dans tous ces contextes parler d’encouragement de l’excellence ? Non. C’est juste de la poudre de perlimpinpin.
Il y a alors lieu de se demander de quoi relève ce fléau. De plusieurs phénomènes, notamment de la volonté de s’enrichir illégalement. Une attitude qui reste tributaire du fait que les hommes accordent plus d’importances aux matériels qu’à la culture de la vertu. Nul ne veut se contenter de son dû. Certes, les plaisirs de l’homme sont illimités, mais seuls les hommes ayant de grandes âmes peuvent avoir une maîtrise sur leur passion qui leur fait désirer plus que ce qu’ils n’en ont pas. Outre cet aspect, il convient de noter également l’encouragement de l’impunité par le fait que les coupables de corruption ne sont jamais inquiétés. Les rapports du vérificateur général sont classés sans suite. Ainsi, on se croit tout autorisé.
Pour donner au Mali une bonne image, il faudrait lutter contre cette pratique apatride. À ce titre, il conviendrait d’inviter chaque fonctionnaire avant son entrée en fonction à faire état de tous ses biens. Outre cela, exiger l’excellence en accentuant le contrôle sur les correcteurs lors de la correction des examens et concours. Il faut juste une bonne volonté et des hommes vertueux pour mettre ce pays sur les rails. Les citoyens doivent également connaitre leurs droits et devoirs pour pouvoir interpeller les autorités. Au lieu de continuer à s’attaquer aux petits voleurs qui sont les fils des pauvres, en les incendiant mieux vaut se tourner vers les gros voleurs de l’État. Cela, dans l’intérêt de toute la nation.
Fousseni TOGOLA
Source: Le Pays