Emmanuel Macron a dévoilé son projet européen ce mardi 5 mars, dans une tribune publiée dans les 28 pays de l’UE. Dans cette lettre, trois thèmes principaux sont déclinés : liberté, protection et progrès, et à plusieurs reprises, le président marche sur les terres de la droite. Les premières réactions se font entendre.
Les propositions du chef de l’Etat sont bien entendu saluées dans la majorité. Ainsi Franck Riester, ministre de la Culture, annonce ce mardi que son mouvement Agir, pro-européen et soutien d’Emmanuel Macron, rejoindra la liste que présentera La République en marche (LREM) aux élections européennes.
L’opposition en revanche reproche au président de se livrer à un nouvel exercice de communication en décalage avec la réalité de ses actes comme le député socialiste Boris Vallaud. « Le discours de la Sorbonne avait déjà été salué. Mais que s’est-il passé depuis ? Pas grand-chose. Le champion de l’Europe n’a pas obtenu de grandes victoires, de grandes avancées. Un accord a minima sur les travailleurs détachés, pas de taxe sur les GAFA, pas de politique migratoire commune, pas de champion européen avec la fusion d’Alstom et de Siemens ».
Boris Vallaud qualifie le président de « bon scénariste (mais) de mauvais réalisateur ». « Il dit qu’il veut une Europe qui défende ces valeurs et en même temps, il ferme les ports à des bateaux sur lesquels il y a des migrants, des femmes enceintes et des enfants. Il nous parle d’un mandat donné à l’Europe, celui du climat. Et en même temps, son ministre le plus symbolique de la question – Nicolas Hulot -, a démissionné parce qu’il reprochait à Emmanuel Macron une distorsion entre la parole et les actes. ».
Macron « n’est plus crédible », selon LR
Pour le député Les Républicains Robin Réda, il n’y a pas d’inquiétude à avoir car il y a trop de décalage entre le discours et les actes d’Emmanuel Macron. « Je crois que la séduction n’opère plus. La séduction d’Emmanuel Macron auprès des électeurs de droite, depuis près de deux ans maintenant, on voit bien que c’est du vent. Il a employé un vocabulaire, peut-être proche des idées des Républicains, il a essayé de se mettre en scène comme étant parfois un président qui parle à la droite… Pour autant, aujourd’hui, Emmanuel Macron dirige avec une majorité de gauche parlementaire qui est héritée de François Hollande. »
Robin Réda estime que le président « n’est plus crédible » tant auprès de l’électorat de droite que des Français en général et qu’il représente mal la France sur le théâtre européen. « S’il avait su réguler les flux migratoires comme il le propose maintenant dans sa tribune, cela se serait su. S’il avait su faire de la France une nation respectée et crédible sur la scène budgétaire européenne, cela se serait su également. Parce que la France, pour la première fois, a le déficit le plus élevé de la zone euro. Donc la réalité c’est que, par rapport à ses prédécesseurs, Emmanuel Macron n’impose pas la France sur la scène européenne ».
Qu’en disent les «extrêmes» ?
L’extrême droite se montre aussi critique sur les positions du président français. « Avec cette tribune, Emmanuel Macron montre qu’il est lui-même candidat LREM aux européennes, estime Sébastien Chenu, député du Rassemblement national et porte-parole du parti, sur RMC. Tout autre candidat sera donc un supplétif. En tant que président de la République, il devrait être au-dessus de tout cela. L’Union européenne doit prendre le pas sur les nations. Avec les traités de libre-échange qu’il défend, il met à genoux notre agriculture et met en danger les Français. »
A l’extrême gauche, la France insoumise considère qu’Emmanuel Macron ne symbolise pas un bon modèle d’Europe. « Macron a toujours été le garant dévoué d’une Union européenne libérale, avance Manon Aubry, tête de liste de la FI pour les Européennes. La – renaissance européenne – ce n’est pas Emmanuel Macron, mais La France insoumise qui l’incarne, en défendant la sortie des règles austéritaires et anti-démocratiques actuelles. »
RFI