Des chercheurs, des opposants, des activistes et des jeunes Algériens estiment que le départ du président Abdelaziz Bouteflika ne suffira pas pour sortir de la crise politique en Algérie. La population qui marche massivement depuis le 22 février demande toujours le départ du régime tout comme celui du président. Elle réclame également l’installation d’un gouvernement provisoire et d’une personnalité indépendante et impartiale qui dirigera cette période transitoire et organisera des élections libres. Plusieurs observateurs de la scène algérienne s’accordent à dire que le pouvoir se trouve aujourd’hui à la traîne. Il est dans l’impasse face à ce mouvement exemplaire inédit.
Depuis le 15 mars, jour de l’annonce du retrait du président Bouteflika de la course à la présidentielle ainsi que de l’ajournement des élections, le pouvoir ne cesse de faire des concessions en réponse aux réclamations des Algériens.
Mais ni le changement de gouvernement, ni la conférence nationale annoncée, ni même la démission du président exigé par le chef de l’état-major de l’armée ne semblent satisfaire la population.
Pour les protestataires, ces mesures viennent trop tard. « Il fallait déjà les prendre depuis 2014 », s’accordent-ils à dire.
Pour eux, abandonner Abdelaziz Bouteflika n’est qu’une façon de sauver le régime. Pour nombre d’Algériens, le pouvoir doit enfin réaliser que « ses ruses » n’opèrent plus.
Les manifestants de plus en plus nombreux ont d’autres attentes plus radicales : plus question de remplacer un vieillard impotent par un autre cacique du pouvoir, plus question de laisser la préparation du futur scrutin entre les mains d’un système qui a failli.
Les prochaines manifestations attendues pour ce vendredi vont-elles réussir à arracher de nouvelles concessions à un pouvoir algérien qui semble déphasé et en totale rupture avec ce pays qui compte plus de 54 % de moins de 30 ans ?