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Mohamed El Moctar, ministre de la Réconciliation Nationale : «Le gouvernement s’est employé à créer un environnement propice à la paix dans toutes les localités du Mali»

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Le ministre de la Réconciliation nationale, M. Mohamed El Moctar, a accordé un entretien à notre reporter au cours duquel il nous parle de la mission de son département et ses actions réalisées depuis sa prise de service à nos jours.    

Reporter Mag : Monsieur le ministre,certains observateurs pensent que la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale tarde à se réaliser. Quel commentaire en faites-vous ?

La préservation de la paix sociale a été la ligne directrice des actions conduites par le gouvernement dès l’éclatement de la crise qui a secoué notre pays, le Mali, en 2012. L’aboutissement des efforts engagés s’est concrétisé par la signature à Bamako, le 15 mai 2015, de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger et parachevé le 20 juin 2015. À titre de rappel, à l’occasion de cette journée historique, de nombreux chefs d’Etat et les représentants des pays amis et des organisations internationales ont marqué, de par leur présence, leur solidarité avec notre pays dans son combat pour la paix et la consolidation de l’unité nationale. En organisant le Sommet Afrique-France à Bamako les 13 et 14 janvier, les dirigeants de ces Etats matérialisent de nouveau leur volonté d’accompagner notre pays pour renforcer le processus de réconciliation nationale déjà enclenché.

Depuis votre nomination, quelles sont les actions que vous avez entreprises pour la réconciliation nationale, dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale ?

De nombreuses actions ont été conduites. Permettez-moi de vous signaler que je suis le troisième ministre en charge de la Réconciliation. Dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord, ce qui a été fait, c’est d’abord l’opérationnalisation de la commission Vérité, justice et réconciliation dès le mois d’octobre 2015, qui a consisté en la nomination des commissaires. Elle a été dotée des moyens humains, matériels, techniques pour l’accomplissement de sa mission. La Commission Vérité, Justice et Réconciliation a élaboré son plan d’action et mis en place ses antennes au niveau de certaines capitales régionales et du District de Bamako. La Commission Vérité, Justice et Réconciliation est le creuset de toutes les sensibilités socioculturelles de notre pays. C’est pourquoi sa base sociale a été élargie afin de tenir compte de la représentativité des différentes composantes de la Nation. Dans la même veine, le gouvernement s’est employé à créer un environnement propice à la paix dans toutes les zones où la cohésion sociale a été sérieusement affectée. C’est pourquoi, à la demande de nombreuses organisations de la société civile, des leaders communautaires, des rencontres intra et intercommunautaires ont été organisées au niveau de certaines localités comme Gao (novembre 2015 et septembre 2016), Gossi (décembre 2015), Ménaka (décembre 2015), Mopti (janvier 2016), Dioura (cercle de Ténénkou) en avril 2016, Goundam et Diré, Bamba et Aguel-hoc (décembre 2016). Ces différents dialogues instaurés au sein et entre les communautés ont permis d’établir la paix sociale et de promouvoir la réconciliation. Le dialogue social sera davantage renforcé par la mise en œuvre d’un programme spécifique élaboré par chaque région administrative. Il faut noter dans ce chapitre que les rencontres intra et intercommunautaires ont été aussi l’occasion pour le ministère de la Réconciliation nationale de restituer le contenu de l’Accord de paix, permettant ainsi aux populations de se l’approprier et d’y adhérer. Elles ont enfin apporté des solutions aux problèmes spécifiques qui mettaient en mal le vivre ensemble. Toutes ces rencontres ont été réalisées grâce à l’appui financier de la coopération allemande à travers la GIZ et la coopération suisse.

La commission Vérité Justice Réconciliation a-t-elle démarré ses travaux ?

Oui, la Commission Vérité, Justice et Réconciliation a démarré sur toute l’étendue du territoire national. Elle est le visage du Mali nouveau, qui, sans complexe et avec la participation de tous les citoyens, saura regarder notre parcours historique en apportant les solutions idoines à la crise multidimensionnelle qui revêt des contours politiques, économiques, sociaux, religieux et culturels afin de refonder les bases d’un pays émergent.

Le Comité national de coordination de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale, présidé par Monsieur le Premier ministre, joue quel rôle ?

La création et l’opérationnalisation de cette instance entre en droite ligne de la politique du gouvernement malien. Ledit Comité national de coordination de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale, présidé par Monsieur le Premier ministre, est en  charge, entre autres, de fixer les objectifs à atteindre ; de valider le plan d’action pour la mise en œuvre des engagements souscrits par le gouvernement ; d’évaluer périodiquement les actions menées et procéder aux ajustements nécessaires.

Outre les rencontres inter et intracommunautaires, Monsieur le ministre, d’autres actions sont-elles prévues pour renforcer la cohésion sociale ?  

La réconciliation nationale, dans le contexte du Mali, ne peut se réaliser pleinement sans être accompagnée d’actions de développement dans les zones durement affectées par la crise. Ainsi, de nombreux grands projets structurants, initiés par l’Etat, sont en voie de réalisation tels que le barrage de Taoussa, le bitumage des routes Niono-Léré-Tombouctou ; Gao-Bourem-Taoussa ; l’approvisionnement des centres urbains en eau potable. Au même moment, de nombreux microprojets de résilience ont été financés en faveur des groupes défavorisés afin d’améliorer leur possibilité de production dans un environnement sain et durable. Il s’est aussi agi, grâce à l’appui financier du PNUD, de la réalisation de forages, de puits à grand diamètre à Gossi, Gathi-Lomo, Tessalit, pour permettre aux populations d’avoir accès à l’eau potable (Gossi, Gathi-Lomo, Tessalit etc.). Enfin, un centre multifonctionnel des femmes à Ansongo et un terrain de basket-ball à Bourem viennent d’être réalisés grâce au soutien financier de la GIZ. C’est l’occasion pour remercier tous les partenaires techniques et financiers qui accompagnent notre pays dans son processus de réconciliation nationale.

Quelles sont vos perspectives, Monsieur le ministre, au niveau du ministère de la Réconciliation nationale ?

La création de la mission d’appui à la réconciliation nationale. Le processus de la réconciliation nationale doit être vécu au quotidien afin d’être un réflexe pour chaque Malien de l’intérieur comme de l’extérieur. La réconciliation portera sur la résolution des conflits fonciers, politiques, religieux, sociaux, etc. Les initiatives locales hardies seront appuyées pour garantir la paix sociale. Tous les acteurs (leaders coutumiers, organisations de la société civile, partis politiques) doivent se mobiliser à intervenir au moyen des mécanismes appropriés pour la résolution de ces nombreux conflits. C’est pourquoi le ministère de la Réconciliation nationale envisage de trouver des relais, des interfaces clefs, capables d’intervenir efficacement dans la préservation et la gestion des conflits. Ainsi, des actions opérationnelles seront élaborées et conduites par une administration de mission. Celle-ci aura une durée déterminée et sera appuyée par des compétences diverses provenant des départements sectoriels.

L’organisation de la Conférence d’Entente Nationale, prévue en mars 2017, sera sans aucun doute le point d’orgue de notre processus de réconciliation nationale dans la mesure où elle conduira à l’élaboration de la charte nationale pour la paix, l’unité et la réconciliation nationale.

Avez-vous un dernier mot pour conclure cet entretien ?

Merci à vous et qu’Allah bénisse le Mali. La nomination du Haut Représentant du président de la République, pour la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale, est un geste de taille salutaire de la part du gouvernement. Nous invitons toutes les parties signataires de l’accord à faire chaque fois preuve de retenue, quand il y a une tension entre elles. Nous voudrions que les actions entreprises soient pérennes. Et en plus, que les fora et des rencontres inter et intracommunautaires, qui ont commencé dans certaines localités du Nord du Mali, soient continuelles.

Propos recueillis par Ousmane DIAKITE/Stagiaire

 

Source:Le Reporter

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