Des dizaines de milliers de Maliens ont manifesté, vendredi, dans la capitale et à travers plusieurs villes du pays à l’appel de chefs religieux musulmans, d’associations peules, de l’opposition et de la société civile pour dénoncer les violences dans le centre du Mali, avant d’être dispersés par la police.
Le fait saillant dans cette révolte populaire est que les manifestants ont scandé des slogans hostiles à la présence étrangère, notamment française, et brandi des pancartes demandant clairement à la France et au chef d’Etat malien, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), de «dégager», s’inspirant ainsi des manifestants algériens dont les images suscitent, chaque semaine, l’admiration du monde entier.
«Mes frères peuls, la vengeance n’est pas la solution ; mes frères dogons, il faut déposer les armes», a déclaré devant la foule le président du Haut Conseil islamique du Mali (HCIM), l’imam Mahmoud Dicko. «Ceux qui sont venus nous aider doivent le faire en toute franchise ou quitter le Mali», a ajouté le responsable religieux qui visait notamment les troupes françaises, intervenant au Mali depuis l’opération lancée en janvier 2013 pour chasser les groupes jihadistes qui avaient pris le contrôle du nord du pays.
Les Maliens accusent l’armée française d’être responsable de plusieurs bévues impunies contre des populations civiles dans leur pays. Sous couvert de la lutte contre les groupes djihadistes, les unités françaises engagées dans le cadre de l’opération dite «Barkhane», qui s’étend à tous les pays du Sahel, ont, en effet, plusieurs fois attaqué des camps de réfugiés ou bombardé aléatoirement des zones d’habitation, faisant souvent des victimes, sans qu’aucune enquête sérieuse ait été diligentée pour en déterminer les responsabilités. Au contraire, les dirigeants et les médias parisiens ont toujours minimisé les pertes occasionnées par ces bévues militaires.
R. M