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La sidérante naïveté des « PEUPLES»

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Il suffit qu’il y ait un dictateur qui « tombe » quelque part pour lire, par-ci par-là, « les mots des pauvres gens » comme dirait Léo Férré : « le Peuple gagne toujours », « le Pouvoir, c’est le Peuple », « Le Peuple est souverain » …

Chez nous en Afrique, les maîtres de la parole sans complexe savent pondre des slogans aussi creux et parfaits que ceux d’ailleurs. La révolution française tant vantée commence avec les « Etats généraux » pour finir réellement au « coup d’Etat de Brumaire » en passant par « la terreur », la guerre de Vendée, la « loi des suspects » du 17 septembre 1793, les guerres d’expansion, le massacre des « Girondins » puis des « Montagnards » entre eux. Elle n’a pas amené le Peuple au pouvoir. Cependant cette courte période de 10 ans (1789-1799) a entraîné des centaines de milliers de morts en France et dans le monde. Le Peuple y a été mis à toutes les sauces. Pour les périodes plus proches, on peut citer les révolutions russes et chinoises avec toujours le Peuple comme outil. Quid de la Roumanie de Ceausescu avec le coup d’Etat déguisé en révolte populaire d’Ion Iliescu.

Que dire du Burkina-Faso qui croyait servir d’exemple de révolution populaire et qui a fini avec Kafando (ancien diplomate de Compaoré) et Zida, un ancien de la garde présidentielle qui a fui avec la caisse pour laisser la place à Kaboré, ancien ministre…La révolution congolaise de 1963 a ouvert la voie à Ngouabi puis SassouNguesso et la « Conférence nationale » a pris le destin de la « Convention » des révolutionnaires français (crise économique, règlements de comptes, guerres).« Déposer » un dictateur n’est pas prendre le pouvoir. Tout n’est qu’illusion du changement, joie éphémère avant retour à la triste réalité : le pouvoir est une chose trop précieuse pour être laissé aux mains diffuses de la foule. Il n’y a qu’à voir comment le pouvoir a boulangé les Français dans l’affaire des « Gilets jaunes » pour comprendre que le « Peuple » n’est qu’un instrument docile, maniable et parfois tranchant qui rentre toujours dans le fourreau. Le Peuple se fait toujours avoir, l’Algérie et le Soudan n’échapperont pas à cette règle.

Pierre Edoumba Mwana Ouenze

Le Démocrate

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