Nul besoin de trop fouiller dans le parcours des deux hommes pour ramasser des similitudes à la pelle. A l’instar d’IBK, par exemple, Soumeylou Boubeye Maiga est arrivé à la Primature avec le crédit de sauveur d’un régime aux abois. Et il s’en est d’ailleurs acquitté avec plus de brio en réussissant non seulement à tenir le gouvernail en pleine tempête jusqu’à l’organisation plus qu’hypothétique de la présidentielle puis la réélection de son employeur. Somme toute, SBM était en droit de prétendre au dauphinat pour les mêmes raisons pour lesquelles IBK prétendait au statut de candidat naturel de l’Adema en son temps. Mais, comme l’actuel locataire de Koulouba, ses ambitions ont été brisées en plein envol par des tirs croisés dont la provenance reste à déterminer. C’est dire que le coup pouvait provenir du même Palais présidentiel que le tout-puissant PM de l’époque – et non moins président du non moins puissant Pasj – soupçonnait de tirer les ficelles de sa déstabilisation. Sauf qu’à la différence d’IBK Soumeylou B Maïga l’a pris avec plus de philosophie et n’a nullement crié au scandale en ameutant plusieurs années durant le ban et l’arrière-ban pour venir au secours de la grande victime de trahison.
Soumi et IBK : les raisons du nouveau mur de glace
Qu’est-ce qu’il a bien pu se passer pour qu’entre le chef de l’Etat et le chef de file de l’opposition les relations se refroidissent aussitôt après un réchauffement acquis de haute lutte. La question demeure suspendue sur les lèvres, en dépit de l’avènement d’un accord politique dont le chef de file n’est pas signataires justement parce que la méfiance s’est réinstallée entre lui et son principal rival des dernières présidentielles. Soumi en veut notamment au président de la République d’avoir joué à prendre l’opposition à l’usure, mais IBK ne semble pas manquer non plus de griefs contre le challenger à qui la mission avait été dévolue de démarcher les anciens présidents en vue de leur attribuer un rôle dans la décrispation politique et la résolution de la crise malienne. De source proche de Koulouba, IBK n’a point apprécié que Soumi s’en soit chargé en même temps qu’il accordait sa caution et sa bénédiction à la célèbre manifestation «dégagiste» du monde musulman contre Koulouba et le Gouvernement. En clair, IBK croit dur comme fer que le chef de file de l’opposition avait joué sur deux registres même s’il a trouvé des astuces pour s’absenter du pays pendant l’événement.
Bill boude le CE au profit du groupe parlementaire
Comme après chaque remaniement ministériel, les Ruchers n’ont pas manqué de compter leurs ministres au sein du Gouvernement Boubou Cissé. Et pour ce faire, une rencontre a été aussitôt initiée entre le directoire du Pasj et les membres du gouvernement de même obédience. À cette rencontre, comme nombre d’observateurs s’y attendaient, ont répondu présents trois ministres au lieu de quatre. L’ancien maire de la Commune V, Boubacar Bah Bill, y a fait défection et confirme du coup la brouille qu’il entretient avec le Comité Exécutif du Pasj depuis le choix mitigé du président de la République sortant, son ami IBK, comme candidat de l’Adema au détriment d’une candidature interne. Le nouveau ministre de l’Administration Territoriale aura tout de même prouvé autrement son attachement à la Ruche en rendant de sa propre initiative une visite de courtoisie au groupe parlementaire avec qui il partageait d’ailleurs la même position lors de la polémique sur la candidature du Pasj. Et, tenez-vous bien, il s’est fait accompagner pour la circonstance d’un autre contestataire d’ailleurs exclu du parti pour la même position : le député élu à Yelimané Hamada Soukouna.
Tiemoko Sangaré dans l’œil du cyclone
A peine sorti du gouvernement et le président de l’Adema-Pasj est déjà dans le collimateur d’une fronde d’adversaires très active dans les manœuvres pour le déstabiliser. En ligne de mire, le futur congrès de la Ruche encore hypothétique mais qui polarise tous les calculs et stratégies de positionnement. Les adversaires lui reprochent un manque de dynamisme évident et criant dans l’animation du parti, mais l’ancien ministre de la Défense serait peut-être aussi en train de payer pour sa participation au coup de force politique ayant conduit au choix d’Ibrahim Boubacar Keïta comme candidat de l’Adema à la présidentielle de 2018, en lieu et place de la candidature interne prescrite par ses dispositions statutaires. Et dire aussi que certains responsables opposés ce choix pourraient en outre lui en vouloir d’avoir essuyé la disgrâce d’être sanctionnés sans ménagement par le directoire du Pasj.
Comme quoi, il n’est pas exclu que le Professeur Sangaré se retrouve au cœur des tribulations en rapport avec le prochain congrès des Abeilles dont les manœuvres ont déclenché.
La Rédaction
Le Témoin