La morgue à ciel ouvert et l’énième page sanglante de la chronique d’une 5ème région administrative du Mali qui brûle. Le massacre, comme nous y habitue le Centre du Mali. Vers 11 heures, ce lundi 10 juin 2019, les forces de l’ordre dépêchées dans le village de Sobanekou, dans la commune de Sangha, capitale emblématique du tourisme malien, au cœur du Plateau dogon, dénombrent 102 morts. Ce village légendaire a été carrément raillé de la cartographie du pays dogon : du bétail emporté, des femmes, des enfants, des vieillards égorgés ou tués à bout portant et calcinés par une centaine d’hommes lourdement armés. Oh, que c’est odieux, malsain et inhumain !
Quatre-vingt jours seulement séparent l’attaque d’Ogossagou de celle de Sobanekou. Ces deux attaques, à elles seules, ont fait plus de 300 victimes civiles au centre. Du coup, nous constatons qu’après le Nord, la machine génocidaire s’est mise en place au centre, devenu une “province- charnier”. Les ennemis du Mali qui désirent à tout prix la séparation du Mali sont en train de mettre en œuvre des machinations pour enclencher une guerre génocidaire au centre. Ogossagou, c’était un village peulh ; aujourd’hui, Sobanekou, un village dogon. Le Malien n’est comme ça ! Ces habitudes ne sont pas maliennes. Les terroristes et djihadistes n’attaquent pas les populations civiles. Alors, à qui profite ces tueries barbares contre des Peuls et des Dogons ?
En tout cas, cette attaque meurtrière qui confirme l’inutilité des forces étrangères au Mali doit être synonyme de l’annulation de l’accord de défense militaire entre la France et le Mali. Elle confirme également l’incapacité du gouvernement dans la gestion de la crise sécuritaire et interpelle du coup le peuple malien à prendre son destin en main pour en finir avec ces génocides planifiées. Car l’Etat n’existe plus malheureusement dans la 5ème région administrative du Mali. Le plan de sécurisation intégré du centre a tragiquement échoué. En vérité, le pouvoir IBK n’a pas la solution à la crise sécuritaire qui s’est généralisée dans l’ensemble du territoire.
Sinon, comment expliquer qu’une paisible localité de 300 âmes, située à quelques 60 km de Bandiagara et seulement à moins de 13 km de Sangha (haut lieu du tourisme) subisse de 17 h à 3 heures du matin les feux d’assaillants lourdement armés, tuant hommes et animaux domestiques, incendiant habitants et greniers et sans aucune intervention militaire ?
Ce qui me semble de plus en plus clair, c’est que ces attaques commencent à attirer l’attention de l’opinion publique nationale sur le fait que nos forces armées et de sécurité sont incapables d’assurer la sécurité de nos populations.
Aliou Touré
Le Démocrate