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L’INTERVIEW D’IBK DANS JEUNE AFRIQUE: Le réveil brutal des démons de la discorde

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Pour une de ses rares sorties médiatiques, le Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, s’est prononcé sur plusieurs sujets d’actualité nationale. Au cours de cette entrevue avec notre confrère François Soudan de Jeune Afrique, IBK a lancé des piques à l’encontre de son Challenger de 2013 et 2018. Et, comme l’enseigne l’adage: «Celui qui cherche trouve souvent ». Donc, la réaction du Jeune frère ne s’est pas fait attendre. 

À l’instant, l’interview accordée par le Président IBK, weekend dernier, alimente tous les débats au sein des grains, services et dans les salons feutrés de Bamako. En ce qui concerne son importance, le moment n’était pas bien indiqué pour le Président IBK. Surtout en cette période de relative accalmie et d’évolution vers le dialogue national inclusif.

“Lorsqu’on veut  dire quelque chose moins important que le silence, vaut mieux se taire“ dit-on souvent. Mieux, la sagesse de Socrate nous enseigne à son tour, que si ce que l’on a à dire n’est ni vrai, ni bien, ni utile, pourquoi vouloir en parler ? Aujourd’hui, la question qui se pose dans tous les milieux est de savoir quelle est l’utilité de ces piques d’IBK à l’endroit de l’opposition. Surtout en cette période précise où il plaide à longueur de journée en faveur de l’union sacrée. Sur tous les toits de Bamako, il prêche l’Unité nationale, le devoir de chaque Malien de mettre le Mali au-dessus de tout et que la contribution de tous devient de plus en plus nécessaire pour sortir le pays de la profonde crise actuelle. Face à cette sortie inopportune du Chef de l’État, un de ses cousins Soninké ironise: «N’en déplaise, IBK, même étant Chef de l’État, c’est un Malinké, certes, gros, mais toujours naïf ».

Pour revenir au fait proprement dit, c’est-à-dire l’interview en question, l’on retiendra qu’IBK n’a pas su s’empêcher de glisser sur les peaux de banane du Journaliste François Soudan  qui s’est avéré plus malin que lui. Ainsi, à la question de notre confrère: «Vous avez formé début mai un Gouvernement d’ouverture au sein duquel l’opposition est représentée. Les comptes de la crise postélectorale de 2018 sont-ils enfin soldés ? », le Président IBK  aurait dû répondre sagement que cette page est définitivement tournée pour l’intérêt supérieur du Mali. C’était la réponse constructive, sa réaction en tant qu’Homme d’État au lieu de dire qu’« il n’y a pas eu de crise postélectorale, mais la bouderie d’un seul Homme, inconsolable de ne pas être entré au palais de Koulouba. Quel que soit l’empileur de son égo, il ne représente pas le sentiment des 20 millions de Maliens. Quant au dialogue, il ne sera ni une conférence nationale ni un troisième tour électoral, que cela soit clair ».

Cette réponse au-delà de toute considération, mérite que l’on s’interroge sur sa bonté et son utilité en cette période où le pays a besoin de l’union sacrée de ses filles et fils pour faire face à l’ennemi du Mali.

En d’autres termes, le Président Ibrahim Boubacar Kéïta, en sa qualité du premier citoyen du Mali, ne devait pas se tromper de discours en cette période cruciale où le pays a besoin d’une entente nationale, de la cohésion interne autour des valeurs républicaines permettant d’opérer les réformes institutionnelles et constitutionnelles, à la suite du dialogue national inclusif attendu d’ici peu. Et tenir de tels propos de nature incendiaire et provocatrice, voire explosive, remettant en cause les sacrifices des uns et des autres pour le vivre ensemble est autant surprenant que compromettant. Bref, telle n’est qu’une erreur monumentale qui n’aide pas à apaiser les tensions.

En outre, même si pour certains Soumaïla Cissé doit fermer les yeux sur ses piques, le commun des mortels  ne manque pas d’emportements à l’encontre des Responsables des Groupes armés contre qui IBK même dénonce le double jeu. Celui de venir prendre des sous à Bamako et au retour à Kidal, ils continuent d’exhiber le drapeau de l’Azawad.  Chose ayant amené son Chef de file de l’opposition, l’Honorable Soumaïla Cissé, de protester et de partager les peines et les regrets de son Grand frère IBK. Car, ce genre de comportements frise la haute trahison  et les germes de partition du pays. De ce fait, le Président IBK aurait dû se prononcer   en Homme d’État au vrai sens du terme. Même s’il croyait avoir raison quelque part de garder une dent contre Soumi, il aurait fallu à tout prix éviter à l’extérioriser en ce moment précis. Car, la division profite toujours à l’ennemi. Surtout quand on sait aussi qu’il y a de cela juste deux mois, le pays était presque sur une poudrière avec une multitude de fronts sociopolitiques en ébullition (l’éducation, les cheminots, la police, les DFM, les Magistrats,…). Ce qui avait forcé le départ du Premier Ministre Soumeylou Boubèye Maïga et la nomination de Boubou Cissé. Celui-ci, dans la foulée a réussi malgré tout à faire signer un accord politique, le 2 mai dernier, avec quasiment toute la classe politique, et que l’URD de Soumaïla Cissé a ouvert  la porte à la formation d’un Gouvernement de large ouverture, le 5 mai 2019 dont les fruits sont là, on ne peut plus incontestables. Donc, le mieux aurait été du côté d’IBK de savoir raison garder.

Et depuis, malgré la montée d’un cran le phénomène d’insécurité dans le Centre du pays, la grogne sociale était presque maitrisée. La tension s’était estompée au fond. Cela, tant sur le plan politique que social ouvrant ainsi des perspectives favorables à un dialogue national inclusif. Malheureusement, depuis ce lundi, 1er  juillet 2019, l’on assiste à nouveau au retour de la pomme de discorde. Ce qui est en passe de permettre à nos ennemis de frotter les mains.

 

Le piège

Selon certains analystes politiques, la sortie d’IBK était plurielle sans réels enjeux spécifiques. Ce qui explique un certain égarement qui serait sur le point de remettre en cause l’élan patriotique renaissant depuis le 2 mai 2019 malgré tout ce que l’on peut dire. Le Président de la République avait-il un objectif en visant son opposant et pour quel but ?

Les propos relatifs aux avions Puma “cloués au sol“ pour défaut de maintenance alors que l’on dit être « en guerre » sont autant d’erreurs de communication qui mérite d’être revue pour ses prochaines médiatiques.

L’autre aspect de la chose que relèvent ces analystes politiques concerne la période choisie pour accorder une telle interview à la presse étrangère alors que certaines puissances étrangères intervenant dans la crise sont décriées par les populations qui demandent, à tort ou à raison, de leur départ du sol malien. Notamment la MINUSMA et les forces françaises. Il aurait été de la bonne stratégie de tirer la langue du premier citoyen du Mali sur la question afin d’opposer un “non“ catégorique à sa population. Car, c’était une question à dessein de faire révolter le peuple contre ses Dirigeants et nous faire renouer avec le cycle de discordes.

En clair, la discorde entre Maliens fait l’affaire de l’ennemi tapi dans l’ombre en train de travailler pour ce projet machiavélique. C’est pourquoi il s’avère important de bien mesurer tous propos que l’on veut tenir. Mais, le vin est déjà tiré. Maintenant, il faut savoir le boire.

Le constat est amer. Le patron de l’URD a eu à réagir suite à ces propos erronés du Grand frère IBK et cela prouve à suffisance que le climat politique redeviendra  crispé à nouveau sur l’échiquier politique national. Cette situation va-t-elle compromettre la tenue du dialogue national qui se veut inclusif où la sagesse doit primer sur l’orgueil des uns et des autres ?

K. Komi  

LE COMBAT

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