Accueil Société insécurité- crise économique et sociale : Où est donc Boubou ?

insécurité- crise économique et sociale : Où est donc Boubou ?

268
0
PARTAGER

Annoncé  comme un messie  à sa nomination le 22 avril 2019, le premier ministre, Boubou Cissé tarde à offrir  aux Maliens des signes d’espoir en vue de la résolution des nombreux maux qui rongent le Mali. Insécurité, crise économique et social, crispation du climat  politique… Ce sont  autant de maux qui  minent actuellement  le pays au bord du gouffre. L’espoir  fondé sur Boubou ? Il s’estompe de jour en jour. Pourquoi ?

Après l’annonce de  sa nomination comme  premier ministre,  le  22 avril, dernier, les Maliens attendaient   avec beaucoup  d’espoir  de voir  l’impact  de Boubou sur  les défis multiples qu’il avait  à relever pour redresser, stabiliser et pacifier le pays qui traverse actuellement une grande période de crise.. Force est de constater que les premiers pas de Boubou laissent fortement  à désirer.

Sur le plan sécuritaire, malgré les déclarations martiales et les déplacements à coups de publicités et de communications du  premier ministre, la crise sécuritaire dans la région du Centre devient de plus en plus inquiétante. Les populations civiles sont fréquemment devenues cibles d’attaques dans la zone. En effet, les violences intercommunautaires se multiplient dans le Centre du pays où l’on assiste à un véritable massacre  des populations civiles. Chaque jour apporte, en effet, son lot de victimes…Ainsi,  23 civils ont trouvé la mort ce week-end dans deux attaques simultanées contre des villages du cercle de Bankass, selon des autorités locales. Le bilan de ce drame est de 23 morts, 300 disparus et plus de 800 déplacés. C’est ce qu’indique le maire de la commune de Ouenkoro. Cette attaque s’ajoute à une longue liste depuis l’arrivée de Boubou Cissé à la primature à la place de Soumeylou B Maïga, dont la gestion désastreuse a failli emporter le régime d’IBK… Mais, l’on se rend compte que Boubou ne fait pas mieux en matière de sécurité. Tenez ! Au cours du  seul mois de juin dernier, plusieurs attaques  ont  embrasé les régions de Ségou et Mopti.   Une   attaque  dans deux villages proche de Bandiagara le 9 juin t fait 35 morts, dont 24 enfants.

Le lundi 17 juin 2019, dans la soirée, les localités de Gangafani et Yoro dans le cercle de Koro, Le bilan provisoire officiel est de 38 morts et de nombreux blessés», précise le gouvernement dans un communiqué publié dans la soirée.

Toujours au centre, le chef du village de Hombori, dans le cercle de Douentza), a été assassiné  le 15 juin 2019 par des hommes armés. Au même moment, Moussa Dembélé, 3e adjoint au Maire de Ouenkoro dans le cercle de Bankass, a été enlevé par des présumés terroristes.

Dans le cercle de Macina dans la région de Ségou, des hommes armés ont attaqué le hameau Noumoudaga du village de Soumini. Cinq personnes ont été tuées et neuf autres blessées. Selon des témoins sur place, les assaillants au nombre d’une dizaine étaient venus à bord d’un pick-up. Pour échapper à ces affrontements, le nombre des réfugiés du  Centre ne cesse de croitre.

Et face à cette situation plus qu’alarmante, le Premier ministre   Boubou Cissé  est plus  dans  l’incantation et le faux fuyants qu’à la recherche de solution pérenne. En effet les communiqués et autres annonces du Premier Ministre n’ont aucun effet sur le terrain. Aussi, le retour de l’administration, la  dissolution des milices armée, l’équipement des forces armées et de sécurité…  sont demeuré des vœux pieux. L’Etat demeure  toujours  absent  dans ces zones  du Centre laissant les populations  à elles-mêmes, les différentes milices continuant  de dicter  leurs lois.

 

Crise économique et  financière : Le Mali au bord du gouffre !

Présenté  à sa nomination comme un économiste réputé et doué Boubou Cissé tarde à faire sentir  ses «  compétences » sur le quotidien du  citoyen. En effet, du petit agriculteur jusqu’au plus haut sommet de l’État, c’est la même plainte : « Ça ne va pas ». La crise que connait notre pays a fortement touché la quasi-totalité des entreprises. Beaucoup ont dû diminuer leur production.

La crise économique  actuelle est aussi la résultante de l’opération de déguerpissement des petits commerces et autres activités, des trottoirs, menée en 2016. A l’époque où Boubou Cissé, ministre de l’économie, avait la lourde mission de relancer l’économie malienne. Cette opération fut entreprise par le gouvernorat du district de Bamako dans le cadre de la préparation du Sommet Afrique-France, organisé au Mali en janvier 2017.  Si elle a permis de dégager les trottoirs et faciliter la circulation, il faut reconnaitre que cette opération a constitué une source d’aggravation de la pauvreté.

Mady Diallo, qui revendait les pièces de rechange de moto dans un kiosque installé au bord d’une voie principale, joint difficilement aujourd’hui les deux bouts : « Nous sommes obligés de mener notre activité de la sorte, car nous n’avons pas les moyens de louer un magasin, explique-t-il. Depuis qu’ils ont dégagé mon kiosque, je n’ai pas obtenu un autre lieu aussi bien placé que l’ancien. Désormais, je gagne difficilement de quoi subvenir aux besoins de ma famille ».

L’organisation de l’élection présidentielle de juillet 2018, qui a couté 29 milliards F CFA, a contribué à affaiblir financièrement l’État. Le trésor public s’est vidé. Aujourd’hui, l’État se trouve dans l’incapacité de rembourser sa dette intérieure qui s’élève à 200 millions de F CFA. Et l’Economie malienne est au bord du gouffre !

Une autre preuve de la visibilité de cette crise sur la vie des Maliens est la faible affluence dans le grand marché de Bamako, appelé marché de Dabanani. Bourama  Kanté est commerçant au grand marché. Avant cette crise, il pouvait réaliser un chiffre d’affaires de plusieurs millions de FCFA par jour. Aujourd’hui, il ne cherche que quelques milliers de FCFA pour subvenir aux besoins de sa famille.

Pendant ce temps, une minorité accrochée au pouvoir se livre à des extravagances qui heurtent la morale. Corruption, détournements de deniers publics, enrichissement illicite, spéculations foncières sont devenus le sport favori, sous le régime d’Ibrahim Boubacar Keïta. Qu’à fait ou entrepris Boubou Cissé pour assainir les financiers publiques et mettre fin à certaines pratiques mafieuse ? Rien !

 

Climat  politique : Le chef du gouvernement décrié !  

La situation politique  se tend  à nouveau  et cela malgré la signature  d’un accord politique en mai dernier entre le Premier ministre et une partie de l’opposition. Visiblement, cet accord n’aura pas permis d’apaiser longtemps le climat politique.  En effet, plusieurs  décisions ou annonces du Premier ministre et du gouvernement ont soulevé une levée de bouclier  de la part  d’une frange importante de la classe politique et de la société civile.

Sur le dialogue inclusif, plusieurs organisations membres de la société civile, des partis politiques et personnalités indépendantes, entre autres, les Forces Alternatives pour le Renouveau et l’Émergence (FARE AN KA WULI) ; de la Confédération syndicale des Travailleurs du Mali (CSTM) ; du Forum des Organisations de la Société Civile (FOSC) ; du Comité national d’Initiative Démocratique (CNID-Association) ; de l’Alliance pour la Démocratie au Mali (A.DE.MA-Association) ont  dénoncé la démarche unilatérale par le chef de l’État et son gouvernement. Selon les responsables de ce collectif, tout le processus et la démarche méthodologique du dialogue national inclusif, doivent être conçus de manière participative, impliquant l’ensemble des parties prenantes.

« On ne saurait parler de dialogue national inclusif lorsque le gouvernement et le chef de l’État décident de manière unilatérale de leur format et son contenu, ainsi que des personnalités devant le conduire », a dénoncé Mme Sy Kadiatou Sow, présidente de l’Adema Association

De même, a-t-elle fait savoir, le dialogue national inclusif est un processus ascendant qui va de la base au sommet, du local au national, et doit être ouvert à l’ensemble des forces vives de la nation comprenant des organisations, outre que les faitières, notamment les associations à caractère politique, les organisations professionnelles.

La prorogation du mandat des députés, le vendredi 27 juin dernier, par l’Assemblée nationale a suscité aussi des protestations au sein de la classe politique. Une large partie de la classe politique a récemment affiché son opposition à un nouveau bail et appelle à la mise en place d’une « Assemblée constituante ». Cette deuxième prorogation est jugée anticonstitutionnelle et illégitime par ces formations politiques et associations de la société civile qui se mobilisent pour faire barrage à cette prolongation.

Autre  front de crispation ? C’est le projet de révision constitutionnelle initié par IBK et dont l’exécution est confiée au gouvernement. En effet, à peine annoncé, ce projet de  révision  constitutionnelle provoque (à nouveau) une vive polémique. Et pour cause : plusieurs partis politiques et mouvements de la société civile, ainsi qu’une large partie de l’opinion publique malienne sont, d’ores et déjà,  hostiles à ce projet qui pour eux, une fois adopté ouvre la voie à un processus dont la finalité est la partition du territoire national.

Plus de  deux mois après sa nomination, Boubou  ne semble pas s’inscrire dans le changement espéré. Déjà  à sa nomination des voix s’étaient élevé  pour signaler sa proximité avec la famille. Il pourrait, dans ce cas, difficilement s’affranchir de la tutelle de celle-ci. Surtout que le rôle de la famille du chef de l’Etat dans la gestion du pays est constamment décrié par les Maliens.

Mémé Sanogo

L’Aube

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here