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Retour de la paix au Mali : Aucune issue en dehors des Maliens eux-mêmes !

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Ne dit-on pas  que pour que le margouillat puisse rentrer dans une maison, il faut au préalable qu’il y ait une fissure dans le mur. Eh bien, la fissure, c’est nous qui l’avons provoquée. Nous les Maliens qui avons opté pour mettre de côté notre héritage ancestral pour prendre en considération ce qui nous vient de l’extérieur.

Un proverbe de chez nous dit : « qu’il ne faut  pas laisser ce qu’on a entre les bras pour ce qui se trouve  sous les pieds». Le monde entier reconnait que la « charte de Kurukanfuga» est antérieure à  tous les textes dans le monde qui ont été précurseurs de la démocratie. De Soundiata Keïta à Askia Mohamed, en passant par les différents royaumes au centre : les royaumes Bambara de Ségou, les royaumes peuls de Macina, nos ancêtres ont rayonné sur tout l’espace ouest-africain et ont fait connaitre le Mali à travers le monde entier, surtout avec  l’Empereur Kankou Moussa qui, lors de son pèlerinage à la Mecque, a fait baisser le cours de l’or pendant beaucoup d’années. L’espace qui constitue le Mali actuellement  a vu naitre et mourir l’Empire du Ghana, dirigé par les Soninkés, l’Empire du Mali dirigé par les Malinkés, les royaumes bambaras dirigés par des Bambaras, les royaumes peuls dirigés par les Peuls et l’Empire songhaï dirigé par des Sonrais. Durant tous ces temps, les différents dirigeants ont chacun cultivé le raffermissement des liens de parenté entre les différentes ethnies. Le cousinage à plaisanterie a servi de ciment pour consolider les relations entre ethnies, mêmes entre les villes, les villages, les hameaux, les différents habitants entretenaient des relations de cousinage. Les cousinages et les alliances ont été multipliés dans le but de prévenir tous conflits entre des gens habitant le même espace. Depuis la nuit des temps, on a toujours eu recours à la médiation pour régler les différends entre ethnies et, de nos jours encore, on ne verra jamais de conflits d’envergure entre Bozos-Dogons, entre Dogons-Tamashek, entre Dogons –Sonraïs, entre Peuls –Forgerons, entre Peuls-Bobos, la liste n’est pas exhaustive. Tout cela par les efforts de ceux –là qui nous ont précédé mais nous n’avons pas su assumer l’héritage, à cause peut-être du lavage de cerveau que les colons ont savamment entretenu pour diviser et régner. A cause aussi et je dis sans ambages de notre perte de foi, perte de foi en nous-mêmes et perte de foi en Dieu. Ce qu’on a constaté avant la présidentielle de 2013 a jeté l’effroi dans le cœur de beaucoup de Maliens ; on croyait le Mali un et indivisible ; on croyait  qu’un Malien n’était pas différent d’un autre Malien, qu’il n’existait pas de Malien du sud et de Malien du nord. Mais les messages qui ont été véhiculés, les discours de haine et de xénophobie qui se sont étalés sur la place publique ont fini de nous faire croire que le Mali, notre Mali n’est plus ce qu’on prétend et comme pour confirmer cela, ni la justice ni même la Sécurité d’Etat qui doit prévenir de telles dérives n’ont levé le petit doigt pour inquiéter les acteurs de ces agissements. Les gens ont crié sur tous les toits qu’on ne veut pas des gens du Nord. Le pouvoir doit forcément retourner au Mandé sinon, il y aura tout sauf la paix au Mali. De tels propos devraient être vigoureusement combattus par les services appropriés, quand bien-même le candidat Ibrahim Boubacar Keïta a une femme sonraï, le candidat Soumaïla Cissé, une femme bambara, la majorité des candidats ont des femmes d’une ethnie différente de la leur. Quand bien-même la plupart des Bambaras ont des neveux sonrhaïs, la plupart des sonraïs ont des neveux bambaras. Toutes les ethnies au Mali se marient entre elles. En tuant un Malien, il n’y a pas de doute qu’on a tué un fils pour une ethnie et un neveu pour les autres ethnies.

Comment comprendre que le Mali actuel qui a hérité de l’Empire du Ghana, de l’Empire du Mali et de l’Empire Songhaï, l’Empire Songhaï étant même le plus vaste empire de l’Afrique de l’Ouest  va revendiquer uniquement son appartenance au Mandé à la vielle des élections présidentielles de 2013 au point de considérer les autres Maliens comme des étrangers sur leur propre sol.

Le pays venait à peine de desserrer l’étreinte jihadiste et déjà au sud des gens malveillants développent une telle théorie  dans le dessein inavoué de remporter les élections sans se soucier de l’unité du pays.

Arrêtons de grâce d’avoir des idées ségrégationnistes, la devise du Mali est claire : Un Peuple-Un But-une Foi. L’exemple de Gao doit inspirer chaque Malien, car contre les rebelles aussi bien que contre les jihadistes, les jeunes se sont levés comme un seul homme pour revendiquer leur appartenance au Mali et uniquement au Mali.

Seuls les critères de compétence, d’intégrité et de patriotisme doivent concourir à l’élection ou à la désignation des responsables qui doivent présider aux destinées de notre cher pays.

Le Mali est un et indivisible. Il appartient à tous les Maliens sans distinction de sexe, de race et de couleur, il n’existe pas de Maliens du nord, du centre ou du sud, mais bien des Maliens tout court. Tant qu’on n’aura pas compris cela, tant qu’on n’aura pas compris que le Mali se fera uniquement par les efforts conjugués de ses fils et filles, tant qu’on n’aura pas compris que c’est Allah Seul qui décide de celui qui doit commander aux destinées des autres, on ne parviendra jamais à sortir le Mali du gouffre dans lequel il est plongé.

Tant qu’on ferme les yeux sur la vérité, tant qu’on entretient une certaine hypocrisie qui creuse davantage un fossé entre les enfants du même terroir, nous courons à notre perte. On ne peut pas dire que Dieu n’aime pas le Mali, car le geste que Soumaïla Cissé a fait en se rendant chez IBK pour le féliciter a décrispé la situation qui s’envenimait; s’il n’y avait pas eu ce geste, Dieu seul sait ce qui allait se passer à Bamako, car des gens mal intentionnés avaient ciblé des familles pour perpétrer des meurtres et sans nul doute, les gens allaient s’entretuer comme ce qui est arrivé au Rwanda.

Dieu nous a épargnés cela, sans pour autant nous amnistier, car au Centre des milices tuent des populations innocentes, mais les dégâts sont moins graves que s’il y avait eu une guerre civile à Bamako où des gens allaient mourir par milliers uniquement parce qu’ils sont du sud ou du nord.

Si nous tenons à redevenir ce que nous étions, nous devons forcément croire en Dieu et en nous-mêmes.

AlmatarMahamar Touré

Le Démocrate

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