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Editorial: Kidal fera toujours peur Bamako

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Une fois de plus, peut-être, une fois de trop, le processus de paix zigzague encore à Kidal. L’emblème national est vandalisé, profané, trainé par terre, brûlé… Les bâtiments publics tagués, la République prise pour cible. Cette fois-ci encore, comme à chaque fois, les enfants et les femmes sont mis en avant pour attenter à la République et à ses symboles à Kidal.

Oui, Kidal ! Kidal la rebelle, Kidal la chamelle indomptable, Kidal l’impétueuse, Kidal L’Insoumise, Kidal de toutes les défiances, Kidal de tous les débordements, Kidal de tous les excès, Kidal la malienne, Kidal l’amante très courtisée. Mais Kidal la teigneuse, Kidal la révoltée, Kidal le mirage du Mali !

Comme dans le mythe de Sisyphe, version malienne, Kidal qui respire le Mali fera toujours peur Bamako ; Kidal qui est plus malienne terrorisera toujours les autorités du Mali. La question de Kidal demeure le nœud gordien de la stabilisation de notre pays, l’épine dorsale dans le processus de paix. Tout a commencé à Kidal, c’est à Kidal que le problème de l’intégrité territoriale demeure, c’est à Kidal que la République demeure bannie, c’est à Kidal que tout recommence et tout s’embrase…comme ce mercredi. Plus le temps passe, plus l’incapacité de l’Accord dit pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger à pacifier ce pays se manifeste au grand jour. Faut-il tomber dans le piège de la provocation comme en mai 2014 ? Pour autant !

Comment rester sans voix lorsque, sur des prétextes fallacieux, on instrumentalise femmes et enfants pour poignarder le processus de paix, mettre à mal le vivre ensemble en attentant aux symboles de la République qui constituent le creuset de la convergence nationale et de l’appartenance à la République ?

Comment ne pas s’interroger sur cette énième provocation et cette énième défiance, lorsque dans une démarchent convenue au prix de tous les renoncements et toutes les concessions imaginables et à peine acceptables, qu’on décide de normaliser la situation en remettant les choses à leur place (comme hisser le drapeau dans le camp du MOC) ? Alors que ceux qui ont Kidal sous leur contrôle se disent Maliens et ont juré devant Dieu et les hommes qu’ils ne remettront pas en cause l’unité nationale et l’intégrité du pays. Or, l’une et l’autre s’affirment et se matérialisent par et à travers les symboles de la République. Comment peuvent-ils laisser faire, sans remettre en cause leur parole et leur crédibilité ?

Dans ces conditions, comment ne pas donner acte, et raison, au Président de la République pour son indignation à propos justement de cette duplicité de la CMA, qui à Bamako est malienne et à Kidal est…

Oui, la paix a un prix. Mais la faut-il à ce prix de déshonneur et d’indignité pour un pays souverain ? Sans verser et prôner le radicalisme comme ceux de Kidal comment ne pas s’indigner ? Ce qui s’est passé ce mercredi, à Kidal, au moment même où le Conseil des ministres se réunissait, ne peut que faire mal et blesser le sentiment national.

Le Mali en quête de paix ne peut et ne doit rester inactif et inaudible, sans mots ni réaction probante et appropriée, face à de tels actes ni excusables ni digérables.

Ceux qui ont le patriotisme timoré excusent notre verte indignation et notre sensibilité à ne pas souffrir de voir ce qui lie, le drapeau national, vandalisé, profané, trimbalé et brûlé, et de demander humblement que cela s’arrête.

PAR BERTIN DAKOUO

Info-Matin

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