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SBM sur le dialogue politique inclusif: ‘‘nous participerons sans préalable et sans condition’’

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‘’Réformes politiques et institutionnelles’’ ; ‘’régionalisation et gouvernance territoriale’’ ; ‘’enjeux de la crise géopolitique du Sahel sur l’Afrique’’, tels sont les thèmes sur lesquels ont cogité les militants de l’ASMA-CFP, samedi dernier, dans un hôtel de la place, dans le cadre de leur préparation à une participation utile au Dialogue politique inclusif qui se prépare.

Les trois thèmes ont été respectivement présentés par Pr Mohamed TRAORE, Docteur en Sciences politiques, actuel Directeur de l’ENA ; Ousmane SY, ancien ministre de l’Administration territoriale ; et, Soumeylou Boubèye MAIGA, ancien Premier ministre et expert en matière de sécurité.
Le Président de l’ASMA, en campant le décor, a rappelé qu’au lendemain de l’élection tout le monde a souligné la nécessité d’un dialogue sans être particulièrement préoccupé par les conséquences qui pourraient en découler. En ce qui est de son Parti, il a assuré qu’il participera au Dialogue politique inclusif, sans préalable et sans condition. En ce qui est de la gouvernance, il juge important de se faire une idée de l’architecture de notre pays dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord.
Présentant le thème ‘’réformes politiques et institutionnelles’’, le Pr TRAORE a souligné la nécessité de tenir compte du contexte social toutes les fois qu’on va à des réformes. Il explique les réticences par le fait que le Mali garde les stigmates du monolithisme.
Le conférencier a mis en exergue qu’au Mali, aune réforme n’a touché le mandat ; alors que la plupart des révisions porte sur le changement de mandat. Toutefois pour verrouiller l’article 30 de la Constitution ‘’le président de la République est élu pour cinq ans au suffrage universel direct et au scrutin majoritaire à deux tours. Il n’est rééligible qu’une seule fois’’, il préconise la formulation adoptée par le CNT du Burkina-Faso qui a ajouté : ‘’en aucune façon, nul ne peut faire plus de deux mandats’’.
Analysant les différentes tentatives de réformes constitutionnelles, le Pr TRAORE estime qu’il serait plus juste de parler de réformes non abouties que d’échecs de réforme ; d’autant plus qu’il s’agit de processus qui ont été suspendus ou interrompus.
Selon le conférencier, il y a des questions fondamentales auxquelles il faut s’attaquer avant le dialogue : les institutions, l’Accord, les partis politiques, les élections, le découpage territorial.
Par rapport aux institutions, a-t-il indiqué, l’on voit en premier lieu la première, la clé de voûte, à savoir le Président de la République et particulièrement son mandat et ses pouvoirs qui sont souvent jugés exorbitants.
Le ministre Ousmane SY dans son exposé sur le thème portant sur la régionalisation et la gouvernance territoriale a pointé du doigt la non-prise en compte des ‘’dynamiques territoriales’’ dans nos politiques; le Mali étant une compilation de territoires ayant chacun sa spécificité, sa réalité. Pour lui, le fond politique de la décentralisation est de prendre en compte cette dynamique des territoires, de créer une interaction entre ces territoires et le niveau national. Ce, d’autant plus que le pays a longtemps traîné la tare de privilégier le fait d’administrer (unilatéralité) au fait de gouverner (interaction).
Pour le conférencier, les objectifs des réformes sont : ancrer la démocratie pluraliste et l’État de droit ; la création de richesses et d’emplois ; le développement durable des territoires. C’est à ces questions qu’il faut trouver des réponses, interpelle-t-il.
Parlant de la régionalisation, le Dr SY fait savoir que c’est la 2e étape de la communalisation. Aussi, contrairement à cette interprétation tendancieuse visant à faire croire qu’elle est voulue pour donner des territoires à des mouvements armés, il rappelle que la régionalisation ne date pas d’aujourd’hui. En effet, elle est reconnue dans le Code des collectivités avec comme mission de créer des cohérences ; lors du bilan de la décentralisation en 2010, il en a été question ; en 2012, à la faveur du colloque organisé par les municipalités, la question a été remise sur la table ; en 2013 autant aux états généraux de la décentralisation que des assises sur le Nord, la régionalisation faisait partie des recommandations fortes. Tout cela, c’était avant la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali.
Ousmane SY fait une ébauche de solutions aux problèmes de la décentralisation : la progressivité des transferts des compétences et des ressources financières ; l’accès aux services sociaux de base ; poser la question des territoires. Car, pour lui, la meilleure façon de renforcer l’unité nationale, c’est de reconnaître les diversités et de les respecter. « Les identités ne sont dangereuses que lorsqu’elles sont exclusives », a-t-il enseigné.
Parlant des enjeux de la crise géopolitique du Sahel sur l’Afrique, SBM a fait savoir que la situation nationale est très impactée par l’environnement sous-régional et international. (581 actions violentes recensées entre janvier et juin de cette année de la part des groupes terroristes : EIGS, GSIM, Ansaroual, EI en Afrique centrale, Boko Haram, les milices d’autodéfenses, les gangs régionaux.
Parlant de l’intégration des facteurs favorisant l’émergence des mouvements extrémistes, il a développé les facteurs structurels qui portent sur une unité territoriale de fait de la Mauritanie jusqu’au Tchad ; un espace extrêmement vaste où il y a des distorsions entre la superficie et la taille de la population. Il s’agit de zones grises d’économie informelle, des zones de conflictualité généralisée caractérisées par la permissivité, l’absence de l’État, les perceptions d’oppression historiques, la lutte pour le contrôle des circuits économiques, la collusion entre les groupes criminels.
Il a aussi été constaté que la population majoritairement musulmane au Sahel est considérée comme un réservoir de recrutement.
Aussi, en raison de son unité territoriale, la bande sahélienne représente un avantage comparatif pour le transport de la drogue.
L’islam étant le vecteur politique, elle est ciblée par les groupes jihadistes qui s’érigent en porte-parole à la place des partis politiques, des syndicats et associations. Leur collusion avec les réseaux mafieux représente une autre menace pour la sécurité. Leur chiffre d’affaires, a révélé le conférencier, serait de l’ordre de 3 milliards FCFA/mois pour le trafic de drogue. À cela, il ajoute qu’ils prennent le contrôle de l’économie informelle comme le commerce du poisson et du charbon au Tchad. Le Bourgou chez nous n’échapperait plus au système mafieux.
Pour SBM, les visées ne portent plus sur le pétrole, mais sur l’uranium, le gaz, les terres rares ; des ressources qui seront déterminantes dans un proche avenir, justifiant les rivalités de pouvoir autour d’un espace.
BERTIN DAKOUO

Info-Matin

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