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Mot de la semaine : Incivisme

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Regard sur le monde : circuler à Bamako

Le Mali a atteint aujourd’hui un seuil d’incivisme jamais égalé. Les citoyens n’ont jamais autant foulé aux pieds les valeurs qui ont fait du Mali un pays légendaire, d’hospitalité et d’humanité, que maintenant. Aujourd’hui, tout y est permis et en toute impunité. L’Etat, à travers ses premiers responsables,  garant des libertés et des droits des citoyens, est  malheureusement le premier à violer tous  les principes qui régissent la bonne marche de la société.

Allez le savoir ! A la circulation, nul ne respecte le code de la route, à commencer par les autorités, elles qui sont censées l’appliquer. Du député, au ministre en passant par les cadres subalternes de l’administration, tous enfreignent la loi, soit directement ou par personne interposée. L’illustration parfaite de cette allégation est le comportement des usagers.Les feux tricolores ont cessé d’être des régulateurs de la circulation, car ils sont violés en longueur de journée au su et au vu des forces de l’ordre qui avouent être impuissants devant certains usagers. Lesquels se disent être couverts par un tel haut gradé de l’armée, de la police et de la gendarmerie ou encore par un tel cadre haut placé de l’administration.

Très généralement, ce sont les chauffeurs de Taxi et de Sotrama qui s’adonnent à ces pratiques d’incivisme graves en circulation, parce que leurs véhicules appartiendraient, pour la plupart, aux barons du régime. Les forces de l’ordre étant impuissantes devant  ce phénomène, cèdent soit à la facilité, en assistant  sans broncher  à la violation du code de la route, soit en devenant les copains, voire  amis de ces indélicats usagers. A ceux-ci s’ajoutent  également les motocyclistes. Qu’ils soient sur des engins à deux ou trois roues, ils font eux aussi preuves d’incivisme en violant le code de la route. Interrogé sur le comportement peu orthodoxe à la circulation, un policier, ayant requis l’anonymat, affirme ne pas être capable de  réprimander ces  contrevenants chauffeurs, pour ne pas s’exposer à la  sanction de sa hiérarchie, qui se trouve être souvent complice. Par conséquent, les forces de maintien d’ordre se sentant impuissant face à la situation, tombent dans la facilité soit en fermant les yeux sur la violation du code de la route ou en prenant leurs pourboires.

Que dire de ces cadres et hauts gradés des forces de Défense et de sécurité,  qui en violation de la législation, n’hésitent pas à circuler dans des véhicules aux vitres teintées ou le téléphone collé à l’oreille en roulant à moins de 30 KM/H, créant un embouteillage terrible. Et ces autres officiers qui circulent dans des véhicules non immatriculés et sans aucun papier autorisant sa mise en circulation ? Idem pour ces jeunes ou adolescents faisant du safari en pleine circulation, sans être inquiétés par une quelconque sanction. La liste d’actes d’incivisme est loin d’être exhaustive. Et pourtant, les solutions ne manquent pas et elles sont à portée de mains. Il manque seulement au Mali un leadership affirmé et une volonté politique affichée d’appliquer les lois en vigueur  dans toute leur rigueur.

En somme, traversant une crise sécuritaire généralisée, avec son corolaire de morts et de déplacés, et une demande sociale de plus en plus forte de sa population du nord au sud, d’Est en Ouest, confronté à un incivisme jamais égalé, le Mali présente une image peu reluisante. Où sont passées les vertus qui ont brillé de mille feux, comme le respect, l’honneur, la dignité, la probité, la loyauté, la solidarité qui ont fait du Mali l’un des pays les plus hospitaliers au monde ?

Youssouf Sissoko

Inf@Sept

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