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Kidal-Accord d’Alger : Les dessous de la colère de Niamey

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C’est à la surprise générale que l’on a appris par la presse le retrait du Comité de suivi de l’accord(CSA) annoncé par Mamoudou Moumouni, l’ambassadeur du Niger au Mali. C’était à la veille d’une réunion de l’organe de suivi de l’accord d’Alger prévue pour le 17 septembre 2019. Ce coup de théâtre est considéré comme le résultat du pourrissement d’une situation intolérable ayant profondément endeuillé de nombreuses familles nigériennes et coûté la vie à des soldats américains.

 

Ces derniers mois, les prises de positions du président nigérien sont devenues tranchantes au sujet du statut de la ville de Kidal, enclave non encore contrôlée par l’armée malienne, depuis la crise de 2012. En août dernier, dans une interview à Jeune Afrique, le président Issoufi avait expliqué comment la ville de Kidal est devenue un sanctuaire pour des groupes terroristes qui attaquent l’armée nigérienne avant de se retrancher à Kidal où ils bénéficient d’un refuge.

Le chef d’Etat nigérien est revenu sur les mêmes propos lors de sa dernière visite à Bamako le 7 septembre. La décision de Niamey de se retirer du CSA est donc la suite logique des sorties du président Issoufi. Ce dernier est déterminé à ne plus cautionner le contrôle de la cité des Ifoghas par paramilitaires en lieu et place de l’armée régulière du Mali.

Le Niger a essuyé plusieurs agressions de la part des hommes armés non identifiés en provenance du Mali. En octobre 2017, une attaque a notamment coûté la vie à quatre soldats américains au Niger. Les poursuites engagées par l’armée nigérienne contre les assaillants se sont achevées au Mali.

Plus tard, en 2018 USA Today a rapporté qu’une patrouille de miliciens maliens a découvert dans le nord du Mali le véhicule des soldats américains attaqués au Niger.

Le 14 mai 2019, 28 soldats nigériens ont péri dans une attaque terroriste. Cet acte de terreur a été revendiqué par le groupe État islamique dans le grand Sahara, le 4 juillet à la veille du sommet de Niamey pour le lancement de la Zlec. Le 1er juillet, un camp militaire nigérien avait été attaqué par deux véhicules kamikazes appuyés par des bandits à motos, dans la zone d’Inates (ouest), près de la frontière avec le Mali.

Par ailleurs, le statut de la ville de Kidal est un problème pour d’autres pays de la sous-région qui estiment que l’Adrar des Ifoghas est une base arrière pour les terroristes agissant dans leurs pays. Le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire ont été secoués par des attentats dont les auteurs et les commanditaires sont issus du nord du Mali. Et tous les pays de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest(CDEAO) sont préoccupés par la situation.

En attendant, le retrait du Niger du CSA a levé un coin de voile sur la fragilité du système mis en place pour stabiliser le Mali et lutter contre le terrorisme. Le président Issoufi semble lancer un défi aux maitres du monde afin que l’Etat malien puisse jouir pleinement de sa souveraineté dans la région de Kidal. En clair, il veut la fin du règne des groupes armés qui pêchent en eau trouble au nom de l’accord d’Alger.

Soumaila T. Diarra

Le Républicain

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