Réunis en sommet extraordinaire, le lundi 6 février 2017, ici à Bamako, les Chefs d’Etat du G5 Sahel optent pour la matérialisation et l’opérationnalisation effectives du dispositif de défense et de sécurité de cet instrument.
Après avoir salué la promptitude de ses pairs, le Président de la République du Mali, Ibrahim Boubacar Kéïta, a fait savoir que le G5 Sahel constitue, aujourd’hui, un instrument unique pour renforcer les liens humains, culturels, politiques et économiques séculaires, très forts, unissant les populations de la Région au sein de cet espace stratégique majeur. «La mutualisation des efforts et des énergies pour répondre aux nombreux défis de notre Région relève de notre responsabilité commune», a souligné pertinemment le Président IBK. Pour lui, la prise en compte de cette responsabilité s’est déjà traduite dans différents instruments et initiatives, notamment le G5 Sahel, l’Autorité de Développement intégré de la Région du Liptako-Gourma, l’UEMOA, la CEDEAO, l’UA, l’UE et l’ONU. « Toutes ces initiatives jouent un rôle majeur pour la stabilité, la sécurité et le développement de notre espace en contribuant à coordonner nos actions dans de nombreux domaines: la lutte contre le terrorisme, la lutte contre la criminalité transnationale organisée et, naturellement, la lutte contre la prolifération des armes légères. » a-t-il poursuivi.
Un Sommet au triple objectif
Ce sommet a permis, primo, de procéder à une analyse objective de la situation sécuritaire au Mali et son impact sur l’espace commun.
Secundo, les Chefs d’Etat ont passé au peigne fin l’état des lieux de la mise en œuvre des promesses de contributions faites par nos partenaires aux plans des instruments financiers et techniques et de l’adéquation de la réponse onusienne aux réalités du terrain, d’une part, et, de l’autre, les engagements pris par rapport à la Force conjointe, les opérations militaires transfrontalières, la plateforme de coopération en matière de sécurité et la montée en puissance du Collège de défense du Sahel.
Tertio, il a été question de l’identification des pistes concrètes d’actions, en vue de promouvoir la paix et le développement durables dans toute la zone.
Une menace terroriste de plus en plus complexe
Selon le Président IBK, les groupes terroristes représentent de plus en plus une menace complexe qui ne cesse d’évoluer, comme l’atteste l’attentat-suicide barbare perpétré contre le MOC à Gao, le 18 janvier 2017. Un attentat revendiqué par Almourabitoune, groupe affilié à Al-Qaïda.
Pour éviter que ce phénomène ne gangrène les jeunes, IBK a appelé sur la nécessité d’investir à travers tout le Sahel dans le développement durable. Cela, dans le cadre d’une approche à long terme.
«La coopération régionale renforcée et l’aide internationale sont nécessaires pour lutter efficacement contre le terrorisme, la radicalisation religieuse, les trafics illicites d’armes, le blanchiment d’argent et les risques sanitaires», a insisté le Chef de l’Etat malien.
Une Résolution 2295 de l’ONU à la remorque
Le Chef de l’Etat a regretté le retard constaté dans la matérialisation de la Résolution 2295 (2016) du Conseil de sécurité des Nations-Unies et la persistance des insuffisances de la MINUSMA en matière de capacités, et de soutien logistique et de protection de ses forces. Ce qui entrave la mise en œuvre effective du processus de cantonnement et de DDR. Alors, le Président IBK a souhaité que la MINUSMA soit dotée d’urgence des moyens adéquats pour accompagner le Gouvernement malien dans le rétablissement progressif de son autorité sur la totalité du territoire national.
«Nous devons aller plus loin dans la mutualisation de nos capacités et le développement des complémentarités de nos outils de défense et de sécurité».
La présence remarquée des Ambassadeurs, des représentants des Partenaires et amis du G5 Sahel est saluée par le Chef de l’Etat IBK.
Du côté du Président sortant du G5 Sahel, le présent sommet de Bamako intervient dans un contexte sécuritaire fortement critique, marqué, en ces derniers mois, par la recrudescence inquiétante des actes terroristes dans l’espace commun. En guise de preuves concrètes, le Président du Tchad citera les attaques à répétition dans le Nord du Mali et au Niger. «Cette multiplication des attaques terroristes nous montre, l’ampleur de la menace, nous met devant nos responsabilités et nous rappelle l’urgence de la permanence de la lutte», dira Idriss Deby Itno.
Matérialiser l’opérationnalisation da la force conjointe
«Ces attaques qui visent les camps et casernes militaires ont pour seul but de saper le moral de nos forces de défense et de sécurité et de briser la psychologie de nos populations», a déclaré l’Homme fort de N’Djamena. Et d’ajouter que c’est la raison pour laquelle cette rencontre doit sonner l’alerte et donner une impulsion nouvelle à la guerre asymétrique que mènent le Mali et les forces de la Communauté internationale contre le terrorisme et la barbarie.
« A cet égard, le renforcement du dispositif de défense et de sécurité du G5 Sahel est éminemment important. Nous devons rendre opérationnel au plus vite le processus de Nouakchott qui est d’ailleurs en totale adéquation avec l’Architecture Africaine de Paix et de Sécurité», a recommandé le Président Itno.
Aux dires d’Idris Deby Itno, l’heure est assurément à l’action et à l’engagement, point n’est besoin d’épiloguer, de disserter ou de spéculer sur cette question tant les actes de menace sont non seulement réels mais épousent des nouvelles proportions très inquiétantes. Il a appelé à agir de manière vigoureuse à la dimension de la menace pour que l’espace ne devienne jamais un sanctuaire terroriste.
«La vigilance, la mobilisation et la détermination sont les seules armes à notre portée pour assurer la sécurité de nos populations ; garantir la stabilité dans notre Région et créer les conditions propices à la mise en œuvre de nos projets et programmes de développement», a affirmé Itno.
Sauver la Libye
Face au chaos libyen qui met à rude épreuve la sécurité dans le Sahel et les pays du Sahara, le Président Idriss Deby Itno a appelé à la solidarité autour des frères libyens dans le processus de réconciliation nationale et de recherche de la paix durable.
«Nous devons appuyer et soutenir les efforts et l’initiative du Comité de haut niveau de l’Union Africaine sur la Libye qui a adopté, lors de sa dernière réunion, à Brazzaville, une feuille de route. Cela, dans l’optique d’organiser un dialogue global et inclusif», a-t-il proposé.
Cyril ADOHOUN
Source: L’observatoire
