Le procès sous tension de Jean-Luc Mélenchon et de cinq de ses proches a démarré jeudi à Bobigny avec la diffusion des vidéos de la perquisition mouvementée au siège de LFI en octobre, qui leur vaut des poursuites pour rébellion et actes d’intimidation.
Le procès, prévu sur deux jours, s’est ouvert peu après 9H30 dans un climat électrique, alimenté par les attaques répétées du leader Insoumis contre la justice. Au juge qui lui demandait s’il acceptait de comparaître, M. Mélenchon a répondu: “Je crois pas que j’aie le choix, mais oui”.
près quelques couacs techniques, cette première matinée d’audience a donc été consacrée au visionnage des images tournées par la presse lors de la perquisition du 16 octobre 2018, à laquelle M. Mélenchon s’était opposé avec virulence affirmant notamment: “la République, c’est moi!”.
Certaines séquences ont provoqué des rires dans une salle d’audience bondée. Quelques échanges tendus entre parties ont eu lieu au moment où des images défilaient sans le son. “Le procès politique des insoumis organisé par Belloubet tourne à la farce muette”, a ironisé sur Twitter le patron des Insoumis pendant l’audience.
Après une suspension à 12H40, M. Mélenchon et ses coprévenus –dont les députés Alexis Corbière et Bastien Lachaud — sont sortis du tribunal, accueillis par une forêt de caméras et micros ainsi que plusieurs dizaines de militants criant “Résistance”, “Merci Jean Luc” ou encore “Macron démission”. De nombreux élus LFI ont fait le déplacement, dont les députés Adrien Quatennens, François Ruffin et Danièle Obono.
Le chef de file de LFI s’est frayé un chemin sans dire un mot, comme lors de son arrivée matinale au tribunal où il avait laissé à Alexis Corbière le soin de mener la charge. “Tout ça est hors norme, disproportionné”, avait-il déclaré. “Nous ferons entendre des arguments (…) qui feront comprendre que depuis le début, cette affaire est politique”.
Le procès a toutefois failli être reporté après une demande de renvoi formulée à l’audience par le parquet, qui a fait bondir les prévenus.
Le ministère public demandait un report au motif que les conclusions du rapport de l’IGPN, saisie après une plainte de LFI pour des violences policières lors de la perquisition, n’avaient pas été transmises à toutes les parties.
“Il n’est pas possible de juger sereinement ce dossier”, estimait le parquet, dont la requête a finalement été rejetée par le tribunal.
“Après avoir organisé la pagaille, le parquet se prévaut de sa propre turpitude et demande… le report du procès !”, a tweeté en pleine audience M. Mélenchon “Le ministère de Belloubet organise le chaos !”
– “Police politique” –
Cette requête rejetée, le tribunal a donc commencé à examiner les faits qui valent aux prévenus des poursuites pour “actes d’intimidation envers un magistrat et un dépositaire de l’autorité publique, rébellion et provocation”. Ils encourent jusqu’à 10 ans de prison, une amende de 150.000 euros et 5 ans inéligibilité.
a perquisition au coeur du procès avait été menée au siège parisien de LFI dans le cadre de deux enquêtes du parquet de Paris: sur les comptes de la campagne présidentielle de 2017 et sur les conditions d’emploi d’assistants d’eurodéputés de la France insoumise, confiées depuis à des juges d’instruction.
Filmant en direct sur Facebook la perquisition de son domicile, M. Mélenchon avait d’abord dénoncé une “énorme opération de police politique”. Il s’était ensuite rendu avec des proches au siège du mouvement, où une autre perquisition avait viré à la confrontation.
Devant des caméras, il avait appelé ses proches à “enfoncer la porte” pour entrer dans les locaux perquisitionnés. On le voyait également bousculer un représentant du parquet ainsi qu’un policier qui tentait de s’interposer.
Des policiers et magistrats figurent parmi les parties civiles.
Avant l’audience, Me François Saint-Pierre, qui représente cinq fonctionnaires de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales, a appelé à “un débat dans la sérénité et le respect”.
“Je souhaite répondre à M. Mélenchon que mes clients sont des fonctionnaires de police qui agissent dans un esprit républicain”, a poursuivi l’avocat qui partage le banc des parties civiles notamment avec Me Eric Dupond-Moretti.
Source: AFP