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Lutte contre la corruption et transparence: ce que le Végal ne dit pas

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Face au tribunal de l’opinion publique, lorsqu’on n’est pas obligé de tout dire, de tout relever, la sagesse recommande qu’on ne lâche aucun bout. Désobligé et outré par l’article de notre confrère de Mali-Tribune intitulé ‘’Affaire Bakary Togola : 60 millions de FCFA au BVG pour ne rien voir’’, le Vérificateur général a, dans un communiqué publié ce lundi, réfuté les accusations de dessous de table (60 millions) reçus pour fermer les yeux sur une magouille à la Confédération des Sociétés Coopératives des Producteurs de Coton (C-SCPC).

En réponse à l’accusation portée, le Vérificateur Général affirme que de son entrée en fonction, le 24 avril 2018 à ce 23 septembre 2019, il n’a procédé à aucune vérification de la Confédération des Sociétés Coopératives des Producteurs de Coton (C- SCPC), contrairement à ce qu’avance le journal Mali-Tribune.
Se portant en victime d’une (ignoble) cabale de la part de certains responsables des entités vérifiées depuis sa décision, en date du 07 août 2019, de publier les rapports individuels de vérification, le Vérificateur Général affirme qu’il n’est nullement ébranlé par ces pratiques et que sa détermination reste à jamais intacte à lutter contre la corruption et à poursuivre la publication des rapports sur tous les voleurs et autres aigrefins. C’est pourquoi, «au regard de la gravité de cette allégation, le Vérificateur Général a décidé de saisir le Procureur de la République compétent pour élucider cette affaire ». Saisine sur établir la véracité des faits allégués ou requête en diffamation contre Mali-Tribune ?
En attendant de savoir à quelle sauce notre confrère sera mangé, le Vérificateur général, dans son démenti, lève plusieurs lièvres, mais laisse planer une sérieuse impasse quant à la glasnost qu’il prétend défendre.

Primo, le Vérificateur Général ne dit pas, n’explicite pas quelles sont ces impératives et surement très secrètes «raisons stratégiques liées au monde rural dans le cadre de la relance économique » qui l’ont amené à abandonner (par Lettre confidentielle n°01 15/2016/BVG du 09 septembre 2016) la mission de « vérification financière des opérations de passation, d’exécution et de règlement des marchés d’intrants agricoles et appareils de traitement effectués par le GIE Approvisionnement en Intrants et Appareils de traitement au titre des campagnes agricoles 2013-2014, 2014-2015 et 2015-2016 ».
Selon l’article 11 de la loi N°2012-009 du 8 février 2012 abrogeant et remplaçant la loi N°03-30 du 25 août 2003 instituant le Vérificateur général, « dans l’exercice de ses missions, le Vérificateur Général ne reçoit d’instruction d’aucune autorité́. Il arrête son programme de travail… ». Étant à l’abri donc des pressions politiques et administratives, comment et pourquoi le Vérificateur général a-t-il pu se mettre sous la dictature de circonstances et des raisons étrangères à ses missions telles que défini par l’article de 2 de cette même loi.
N’étant ni le ministre chargé du monde rural ni celui en charge de la relance économique, le Vérificateur est-il resté dans son rôle en abandonnant une mission qu’il s’est lui-même choisie ? La glasnost dans le communiqué y perd un peu son latin.

Secundo . En brandissant « une cabale de la part de certains responsables des entités vérifiées…depuis sa décision, en date du 07 août 2019, de publier les rapports individuels de vérification », le Bureau du Vérificateur Général ne prend-il pas les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages, s’il ne les prend pas simplement comme des nigauds et des benêts ? Le Vérificateur général veut-il faire avaler aux Maliens que ces voleurs et aigrefins qu’il a épinglés et déculottés en mettant sur la place publique, à travers la publication de ses rapports sur leurs crimes, se sont ligués, comme dans la Cosa Nostra, pour planifier une cabale contre lui ? Le Vérificateur général veut-il que les Maliens comprennent que l’institution au-dessus de tout soupçon, à l’abri de toute pression et chantage, se trouve incommodée, paniquée, effrayée… au point d’appeler les pompiers à la simple vue d’un mégot de cigarette ?
Pourquoi crier tant au scandale et à la cabale, si le Vérificateur général n’a rien dans ses placards qui puisse intéresser et aiguiser l’opinion malienne ? En vérité, entre le Vérificateur général et ceux qu’il appelle «responsables des entités vérifiées », l’affaire ressemble, à s’y méprendre, à un examen de Bougouni très bien traduit par les paroles du chanteur : ni ye nta fo, n’fana be i ta fo (tu me dénonces, je te dénonce) !
En effet, selon l’article 20 de la loi N°2012-009 du 8 février 2012 abrogeant et remplaçant la loi N°03-30 du 25 août 2003 instituant le Vérificateur général, «le Bureau du Vérificateur Général est soumis à un contrôle externe.
Une vérification est effectuée tous les trois (03) ans par un cabinet indépendant recruté par le Premier ministre sur la base d’un appel à concurrence. Elle porte sur les comptes et la gestion du Bureau du Vérificateur général.
Le rapport de vérification est transmis par le Premier ministre au Président de la République, au Parlement, à la juridiction supérieure de contrôle des finances publiques et au Vérificateur Général.
Il est rendu public et publié au Journal officiel ».

Cabale pour cabale ?
L’administration est une continuité. A moins que le BVG dise aux Maliens qu’en fait depuis sa création, au moins depuis 2012, il n’y a jamais eu le concernant de contrôle externe par un cabinet indépendant recruté par le Premier ministre sur la base d’un appel à concurrence. Ce qui serait synonyme d’aveu de violation de la loi et passible de poursuite judiciaire pour entorse à la loi. Et discréditerait totalement une structure chargée de contrôler les structures et qui refuserait de se plier à la transparence.
Comme ce n’est pas le cas et audit il y en a bel et bien eu sur la gestion interne du Bureau du Vérificateur, qu’il est regrettable de constater que ce rapport qui circulerait sous les manteaux à Bamako (et dont on dit très explosif) n’ait jamais été rendu public, à notre connaissance, tel que la loi l’exige.
Sur la base de quelle transparence à géométrie variable le Vérificateur qui se porte en champion de la glasnost se permet-il de publier les rapports individuels concernant les structures contrôlées et garde secret dans un coffre-fort, hyper-sécurisé le rapport d’audit le concernant (la gestion de son prédécesseur) ? Cabale pour cabale : n’est-ce pas une attaque contre la transparence que de ne pas publier les rapports concernant la gestion du BVG lui-même ? Avant de publier pour les autres, publiez d’abord pour le BVG lui-même. Transparence à double vitesse, quand tu nous tiens.

PAR BERTIN DAKOUO

Source:Info-matin

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