Le ministre de la Justice, Belkacem Zeghmati, a annoncé, ce jeudi 24 octobre, lors de la session ordinaire annuelle du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), tenu à huis clos à Alger, le changement d’affectation de 3 000 juges.
Le système judiciaire a connu cette semaine, « le plus grand changement » de son histoire, selon les termes du ministre de la Justice, qui a qualifié ce mouvement « d’inhabituel » de par sa « nature et son envergure ».
Ce changement intervient à une période décisive où les Algériens demandent de façon récurrente l’indépendance de la justice au même titre que la lutte contre la corruption et la réforme de l’État. Depuis huit mois, le secteur judiciaire est sous le feu des critiques. Il est jugé « corrompu » par les manifestants et manquant de crédibilité.
Tayeb Louh, l’ancien ministre de la Justice, fidèle au chef d’État déchu Adelaziz Bouteflika, est d’ailleurs en détention provisoire depuis juillet dernier, inculpé pour corruption. Selon la militante Nadia Mahdid, la réaffectation de 3 000 juges s’impose pour préparer la prochaine étape, « celle qui verra les symboles de l’ancien régime jugés pour fait de corruption ».
Pour Hamed Betatech, professeur en droit constitutionnel à l’Université de Béjaya, cette opération intervient dans le cadre « d’un vaste mouvement de changement dans l’administration ». Avant les juges, il y a eu les commissaires de police et les chefs des Wilayas, des préfets…
À moins de deux mois du scrutin présidentiel prévu le 12 décembre prochain, les manifestants voient en ces changements un pas positif mais estiment que ce n’est pas suffisant. Avant toute élection, ils réclament toujours un période de transition.