Cheickna Konaté, un expatrié malien engagé dans la lutte pour la protection des plus démunis, est en passe d’être exproprié d’un de ses immeubles par son compagnon : l’honorable Dr. Oumar Mariko. Bien que floué par celui qu’il croyait être son “ami“, le vieux Konaté est sommé par la justice de lui verser 2,5 millions de F CFA comme dommages et intérêts. Pourtant, selon ses explications, preuves à l’appui, c’est Mariko et sa formation politique qui lui doivent plus de 141 millions de F CFA. Les faits.
Tout a commencé en 2009. Il vivait en France depuis plus de quarante ans. Dr. Oumar Mariko, à l’époque président de la Commission des Affaires étrangères à l’Assemblée nationale du Mali, a été mis en contact avec M. Konaté par l’entremise du député de Yelimané, Mamadou H. Gassama.
Konaté était en instance de divorce. Mais, injustement, il avait failli être exproprié de son immeuble par sa femme, celle avec laquelle il avait divorcé. L’actuel président du Sadi l’a beaucoup aidé et soutenu dans la procédure judicaire afin qu’on ne lui retire pas “abusivement” son immeuble. Il a eu gain de cause.
“Cela m’a plu chez Mariko. J’étais un inconnu qui allait être spolié de son bien, mais il m’a aidé sans rien demander. Et donc j’ai été séduit par le Sadi et son président. Du coup, j’ai adhéré au parti”, se souvient M. Konaté, qui ajoute que depuis lors, il a beaucoup financé pour le parti de plein gré et sans rien attendre en retour.
Tout fonctionnait à merveilles. Il est même allé à mettre à la disposition du parti un compartiment de son immeuble pour servir de siège. Oumar Mariko a effectué plusieurs voyages en France sur le financement de M. Konaté et passait tous ses séjours chez ce dernier, se remémore-t-il. Il a même payé les 10 millions de F CFA de caution pour la candidature de Dr. Oumar Mariko à l’élection présidentielle de 2013, en plus d’autres dépenses en carburant lors des déplacements et autres.
La fin d’une amitié sur fond d’ego
En 2015, tout bascule entre les deux hommes à cause d’une dispute entre une belle-sœur de M. Konaté et un des membres du parti Sadi. Selon le militant Sadi, l’immeuble Konaté et fils, qui abrite désormais le second siège du parti Sadi, n’appartiendrait plus à Cheickna Konaté, mais à leur parti. Chose qui finit par tombée dans les oreilles de M. Konaté. Ce dernier, depuis la France, garde son calme et attend le congrès du parti prévu pour la même année pour venir remettre les choses au clair avec le personnel du Sadi présent au siège à son immeuble.
“Je pensais que c’était fini. J’ai pu faire ramener les jeunes à la raison. Mais, loin de là, lors du congrès à Sikasso, Oumar Mariko refuse de me parler. J’ai insisté, j’ai tout fait, il ne m’a même pas adressé la parole. A mon âge, un vieux de plus de 60 ans à la retraite, je ne pouvais pas supporter cela et je n’y voyais aucune justification. Donc, j’ai décidé de démissionner. J’ai rédigé ma lettre que j’ai déposé au bureau”, insiste M. Konaté.
Après sa démission, Oumar Mariko, sur les antennes d’une radio de la place, aurait raconté des “balivernes” sur lui. Pis, explique M. Konaté, il reçoit un message de la part de celui-ci lui demandant de comptabiliser toutes ses dépenses engagées pour la cause du parti qu’il comptait lui rembourser. “J’ai alors réuni tous les reçus, les billets d’avions, les bons de carburant à ma disposition, etc. Je lui ai envoyé les factures estimées à plus de 141 millions de F CFA. Après réception de ces factures, se sentant dans l’incapacité de me rembourser, il a appelé son avocat pour me traduire en justice”, dit-il, dégouté. “Je n’ai pas refusé, car je pensais être dans la logique du droit. L’affaire a été conduite devant la justice en Commune I. Ma surprise a été que sans être convoqué, ni moi ni mes avocats, j’ai été condamné par la justice à payer une somme de 2, 5 millions de F CFA pour dommages et intérêts à Oumar Mariko et au Sadi”, s’indigne M. Konaté, scandant la lettre de sommation des huissiers pour saisir son immeuble.
Il estime qu’il a été lésé dans ses droits, car selon lui, il n’a pas été convoqué aux débats et ses avocats non plus. Après avoir dénoncé ce qu’il pense être des manipulations de la part du prédisent du Sadi, le vieux Konaté, père de 12 enfants et plus d’une vingtaine de petits enfants, compte désormais se battre et utiliser tous les voies et moyens légaux. Il explique : ” j’ai travaillé plus de 51 ans à l’étranger. J’ai construit une école dans mon village, une mosquée et un immeuble. Ces réalisations datent de plus de vingt ans. Je n’ai rien demandé en retour. J’avais pensé que le combat de Mariko pour une justice équitable était noble, c’est pourquoi je l’ai aidé, mais je suis déçu de son attitude vis-à-vis de ma personne. Mais je suis encore plus déçu de la justice de mon pays. A mon âge, je n’accepterais pas d’être victime d’un jugement taché de vice de procédure, un jugement de défaut, sans débats contradictoires, un principe sacro-saint de la procédure civile au Mali”.
Il compte attaquer ledit jugement devant les juridictions compétentes dans les jours à venir.
Sory I. Konaté
Mali Tribune