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Mali: les causes fondamentales du désordre

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La prolifération des partis politiques, la pléthore de départements ministériels, avec comme résultante une économie délabrée, un chômage endémique, traduisent le désordre dans lequel est plongé le Mali dont l’Etat gagnerait à travailler sur les deux socles que sont l’éducation et l’Armée pour sortir de sa dépendance évidence vis-à-vis de l’Occident. Quelle solution alternative à ce désordre ambiant. Abdouramane GAKOU, Président du Parti Socialiste pour le Renouveau (PSR) pose le diagnostic.

Je fais partie de ceux qui, dans le pays, pensent réellement que tous les problèmes des Maliens sont dus à un désordre, j’allais dire une mal-gouvernance à tous les niveaux de prise de décisions de l’État.
Puisque le débat actuel est porté sur l’utilité du Dialogue inclusif, je me pose la question de savoir si on ne devrait pas commencer d’abord par corriger une situation, plutôt un malaise qui existe au Mali. À savoir l’existence de plus de 100 Partis politiques, 38 départements ministériels budgétivores pendant que les États-Unis qui sont la première puissance Economique du Monde, avec plus de 50 États, ne sont gouvernés que par 2 Partis politiques et 15 départements ministériels. Cette pléthore est de nature à affaiblir considérablement notre espace politique et génère une cacophonie dans laquelle il devient difficile de se retrouver. À cet effet, les Maliens, au cours de ce Dialogue politique avec les multiples divergences de fond ne pourront jamais atteindre un résultat à hauteur de souhait.
Le tableau est sombre. L’Économie est délabrée, le chômage endémique. L’opportunisme s’est installé et a gagné du terrain. La défense des intérêts de classe a pris le pas sur la real politique se définissant comme l’expression concentrée de l’économie aboutissant à l’amélioration des conditions matérielles d’existence du peuple malien.
Compte tenu de tout ce qui précède, il aurait fallu organiser plutôt une conférence Nationale moins coûteuse, plus coordonnée pour passer en revue l’ensemble des problématiques recensées, afin d’obtenir des propositions de solutions rationnelles et subséquentes qui feront l’objet d’une documentation pour la conduite à tenir à l’avenir.
En ce qui concerne les deux socles de l’État extrêmement indispensables, en l’occurrence l’éducation et l’armée qui ont pour fondement essentiel une discipline rigoureuse et une intégrité à toute épreuve, une dépolitisation vigoureuse s’impose pendant qu’il est temps, au niveau de l’enseignement, pour un nouvel éveil de conscience et de responsabilité, afin d’obtenir des cadres bien formés ayant le sens de l’État pour la relève.
S’agissant de l’armée, l’État doit véritablement s’assumer. Dans l’armée, un des principes de base, c’est une mission, les moyens. Ces moyens sont multiples, multiformes et stratégiques selon la nature de la mission.
Par ailleurs, il ne s’agit pas, à chaque défaillance liée au manque moyens de relever un responsable, à défaut de moyens adéquats et appropriés. Cela me paraît contre-productif du fait que l’échec est la mère du succès, car tout insuccès nous rend plus avisé. La nature d’une guerre comme la nôtre impose une puissance de feu convenable par l’armée de l’Air, car qui tient le haut tient le bas. L’acquisition des hélicoptères opérationnels de combat et la mise en place d’une batterie de moyens de communication et de détection de pointe est indispensable. Cela demeure une solution à long et court terme.
Par rapport aux causes de ces désordres, nous devons nous adresser aux pays occidentaux et leurs organisations satellitaires. Ceux-ci doivent chercher à comprendre objectivement la problématique des réalités africaines au regard du droit, car nous constatons que le principe démocratique est systématiquement violé par eux-mêmes mettant les pays africains dans des situations de guerres fratricides et de désastre. À cet effet, si la démocratie demeure la soumission de la minorité à la majorité, en tenant compte des droits de cette minorité, nous assistons aujourd’hui, en Afrique, à des situations où la minorité veut absolument se transformer en majorité par les armes, avec l’aide des Occidentaux pour massacrer leur propre peuple au lieu de chercher à conquérir le pouvoir par un travail politique objectif et constant.
Prendre les armes contre ceux qui t’ont porté au pouvoir, en l’occurrence, ton peuple est une situation de non-droit et d’anarchie. Cela est aujourd’hui un constat amer en Irak qui est devenu invivable, la Libye qui demeure une insécurité stressante au quotidien, la Tunisie, une instabilité chronique des institutions, l’Égypte qui faut un retour à la case départ caractérisé par une instabilité dans tout le pays. À cet égard, les Occidentaux et leurs organisations défendant les minorités doivent revoir leur copie, afin d’éviter les guerres fratricides qui aboutissent à la destruction de nos États.
Le cas de la Syrie, n’eut été l’intervention combien humaine et responsable de la Russie, Bachar Assad allait suivre le même sort que la Libye par les Occidentaux. Lorsqu’une rébellion parle du partage du territoire, ce n’est plus une rébellion, mais des gens qui ont abandonné leur droit et qui sont devenus des étrangers destructeurs.
L’ensemble de ces manœuvres perfides et dilatoires n’ont qu’un seul but, à savoir la déstabilisation de nos États par tous les moyens pour mettre sous tutelle, afin de s’approprier de toutes nos multiples ressources en bloquant intégralement notre développement. Ceci se traduit par l’absence de tous les agrégats économiques :
1-La monnaie étant le garant de la souveraineté de l’État
2-La destruction de l’enseignement, de l’éducation
3-Le sabotage et la destruction de notre Armée dépourvue de moyens adéquats
4-Un système de santé obsolète, artisanal.
Ces quatre points cités dénotent à suffisance notre dépendance à ces Occidentaux, autrement dit nous ne serons pas indépendants et souverains pour longtemps et serons à la merci de ces pays colonisateurs.
En clair, nous sommes incapables de nous soigner, de nous défendre face à l’arsenal militaire sophistiqué des Occidentaux, d’assurer une relève de l’administration pour la continuité de l’État qui ne fait que subir la théorie du rendement décroissant aggravant une situation désastreuse qui nous a déjà amené au bord de la misère noire dans tout le pays.
En résumé, la seule solution alternative, c’est de nous tourner vers la Russie et la Chine, sans oublier l’Iran et la Turquie pour des opportunités d’affaires en préconisant un nouveau système dynamique pour la refondation de l’État.
En conclusion, je me pose la question de savoir que notre pays est l’objet d’une telle attaque quotidienne, en présence d’une armée internationale dotée de tous les moyens ultra-modernes, aériens et terrestres, ainsi que de communication et de détection, que cette armée soit indifférente face à ces crimes abominables.
Cependant, l’armée française au moment de la première grande attaque à travers l’Opération Serval, a pu mettre en déroute les djihadistes. À cet effet, je dirais tout simplement que le silence devant le crime a ses implications de responsabilité dans le crime commis.
Mr Abdouramane GAKOU
Président du Parti Socialiste pour le Renouveau (PSR)
Ancien Chef du Bureau d’Études et Programmation au Service Matériel, Bâtiment des Armées
Chef du Département Bâtiment, Habitat, Urbanisme et Cartographie au Centre de Perfectionnement des Transports et Travaux Publics C.P.T.P.
Professeur à l’École Nationale des Ingénieurs

Info-Matin

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