Accueil Le Monde Top départ d’une mobilisation d’ampleur contre la réforme des retraites

Top départ d’une mobilisation d’ampleur contre la réforme des retraites

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TGV, métros ou bus bloqués, écoles fermées et près de 250 cortèges organisés: syndicats, partis d’opposition et “gilets jaunes” ont engagé jeudi avec l’exécutif un bras de fer autour de la future réforme des retraites, promesse phare du quinquennat d’Emmanuel Macron.

Le secrétaire général de FO, Yves Veyrier, a noté sur Europe 1 une forte mobilisation, y compris dans le privé. Il mise sur une mobilisation massive, plutôt que sur la durée: “Je ne veux pas que la grève dure, parce que je veux que nous soyons entendus”.

FO appelle à cette “première journée” avec la CGT, la FSU, Solidaires et des organisations de jeunesse.

A l’origine de l’appel, le futur “système universel” de retraites par points, censé remplacer les 42 régimes existants (général, des fonctionnaires, privés, spéciaux, autonomes, complémentaires). L’exécutif promet un système “plus lisible” et “plus juste”, quand les opposants s’attendent à une “précarisation” des retraités.

Plusieurs récents sondages ont montré que le mouvement était majoritairement soutenu par les Français.

AFP / JOEL SAGETLa gare du Nord déserte le 5 décembre 2019 pour cause de grève

Dans les transports, on comptait 90% de TGV et 80% de TER annulés, et 10 lignes du métro parisien fermées. Des grèves illimitées sont prévues à la RATP et à la SNCF.

Jeudi matin, les lignes qui fonctionnaient étaient dans l’ensemble moins fréquentées que d’habitude, ont constaté des journalistes de l’AFP. Les bouchons ont aussi été moins nombreux en Île-de-France que lors d’une journée normale, selon le site Sytadin. Mais des opérations escargot sont prévues, dont une en cours en matinée sur l’A1 dans le Nord.

Des ronds-points étaient bloqués dans la Manche, tandis que celui des vaches, près de Rouen, qui fut un bastion des “gilets jaunes”, a été débloqué par les forces de l’ordre à l’aide de grenades lacrymogènes.

A Marseille, à la gare Saint-Charles, “c’est vide, désert!”, s’exclame Kevin, 26 ans, serveur. Quant à la gare routière, ses entrées et sorties étaient bloquées par un barrage de grévistes CGT. Blocage également d’un dépôt pétrolier à Ajaccio, selon la CGT, tandis que la compagnie Corsica Linea a reporté à vendredi ses traversées de jeudi.

AFP / ERIC FEFERBERGPanneau montrant les annulations de vols pour cause de grève, le 5 décembre 2019 à Orly

A Lille, Cindy, 38 ans, va au travail tous les jours à vélo. “La grève ça ne change rien pour moi. Au contraire c’est génial, il n’y a personne sur la route !”.

Dans le ciel, les compagnies aériennes ont été priées de réduire de 20% leur programme.

Nombre d’écoles devaient aussi rester closes. “70% des enseignants du primaire se sont déclarés en grève, et les taux dans le secondaire devraient être voisins, je n’ai jamais vu ça”, selon Bernadette Groison, secrétaire générale de la FSU (premier syndicat).

La tour Eiffel était elle aussi fermée.

Policiers, éboueurs, avocats, retraités ou transporteurs routiers appelaient également à l’action. De même que des “gilets jaunes”, le PS, le PCF, LFI et le RN.

– “Grande victoire” –

Anticipant un mouvement long dans un contexte social tendu où les mécontentements se multiplient (hôpital, police, pompiers, enseignants, cheminots, “gilets jaunes”…), l’exécutif maintient le cap.

“Je n’y renoncerai pas”, avait affirmé le chef de l’État qui a promis de s’exprimer “devant les Français” au moment où il “le considérera(it) opportun”. Le projet précis de réforme sera dévoilé mi-décembre pour un passage au Parlement début 2020.

AFP / Clement MAHOUDEAUDes étudiants rassemblés à l’université Saint Charles à Marseille le 5 décembre 2019

Des syndicats peu coutumiers des manifestations sont de la partie: l’Unsa organise un rassemblement et la CFTC laisse “libres” ses syndicats. François Hommeril (CFE-CGC) s’est dit “pas favorable a priori pour que le mouvement continue dans la durée”, appelant le gouvernement “à la raison et à la négociation”.

Seule la CFDT continue de soutenir l’idée d’une réforme “universelle”. Mais son secrétaire général, Laurent Berger, a regretté jeudi sur France Culture que “la logique qui prévaut c’est quand même de se mettre un peu sur la figure avant de commencer à discuter”.

La suite du mouvement est déjà à l’ordre du jour, avec des assemblées générales en fin de journée dans les entreprises ou administrations, et une réunion vendredi matin des syndicats CGT, FO, FSU, Solidaires avec les organisations lycéennes Fidl, MNL, UNL et étudiante Unef. Solidaires pousse à de nouvelles grèves et manifestations dans les jours qui viennent.

“Les transports vont être très compliqués, aujourd’hui comme demain”, a convenu le secrétaire d’Etat aux Transports Jean-Baptiste Djebbari, selon qui “la grève peut encore durer quelques jours”.

“C’est toujours les salariés qui décident”, a souligné sur RMC/BFM TV le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, d’autant que “ceux qui font grève ne font pas ça de gaîté de coeur, parce que ça coûte de l’argent”. Mais elle sera “reconductible pour un certain nombre de secteurs, c’est certain”.

Les syndicats jouent gros. Ils n’ont pas obtenu de recul sur une réforme décriée depuis 2006, avec le Contrat première embauche.

A Paris, le ministère de l’Intérieur s’attend à la présence de “quelques centaines” de “black blocs” et “gilets jaunes radicaux”, “quelques milliers” dans tout le pays, une situation quasi habituelle depuis la loi travail de 2016. La préfecture de police a mobilisé près de 6.000 policiers et gendarmes.

AFP

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