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Lutte contre le terrorisme et l’ambiguïté de l’intervention française : Les chefs d’Etat du G5 Sahel face à leur responsabilité

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Le président français, Emmanuel Macron, dans un discours que beaucoup d’Africains jugent « irrespectueux » et « insolent », vient de convoquer les chefs d’Etat du G5 Sahel à un mini-sommet France-Afrique dit de clarification sur le sentiment anti-français qui naît et se fortifie dans leur pays respectif. La question est maintenant de savoir quelle va être la réaction de ces 5 chefs d’Etat du Sahel.

A l’issue d’un récent sommet de l’OTAN, le président Emmanuel Macron a cru devoir convoquer ses « sous-préfets » africains pour soi-disant mettre les points sur les I en ce qui concerne le sentiment anti-français de plus en plus perceptible dans les Etats du Sahel en lien avec la présence militaire française au Sahel et ses résultats mitigés. Il s’agit des présidents Mauritanien, Burkinabè, Malien, Tchadien et Nigérien.

Au lendemain de la mort de 13 soldats français sur le sol malien lors d’un accident d’hélicoptères au cours de combats contre des groupes terroristes, le président Emmanuel Macron fait face à l’opinion française qui ne comprend pas pourquoi des soldats français continuent de mourir dans cette zone désertique en proie au terrorisme et qu’en retour, ces soldats n’ont pas la reconnaissance nécessaire de ceux qu’ils prétendent défendre. Une incompréhension qui en rajoute à celle des populations du Sahel sur l’efficacité et les motivations réelles de l’intervention française au Sahel contre le terrorisme.

Au Mali, des acteurs civils, politiques et religieux ont déjà organisées des marches de protestation et de contestation contre la présence de l’armée française. Au cours de ces différentes marches, les manifestants ont brûlé le drapeau français et ont arboré des pancartes sur lesquelles est écrit : « La France, dégage ! » ; « La France soutient le terrorisme » etc.

Les populations n’arrivent pas à comprendre ni à accepter le fait que malgré la présence de la force française Barkhane, de la Minusma, des FAMAS, et du G5 Sahel que le terrorisme prend toujours de l’ampleur ; que sept ans après l’intervention française contre l’avancée des djihadistes vers le centre du Mali (2013) que Kidal, une ville malienne, fief des groupes rebelles touareg, demeure toujours inaccessible à toute force de défense et de sécurité malienne avec la bénédiction de la force Barkhane et qui vit comme un Etat dans un Etat. En somme, les populations des pays du Sahel concernés par le terrorisme, demandent simplement à la France de clarifier sa position et son rôle dans cette lutte anti-terrorisme ou de plier bagages.

Mais au lieu de ça, c’est le président Emmanuel Macron qui demande aux présidents de ces pays-là, de venir en France, clarifier leur demande d’appui français. En clair, de venir signer ou reconduire les fameux accords de défense dont les populations ne veulent plus en entendre parler.

Inversement des rôles

Qui doit clarifier sa position et son rôle aujourd’hui dans la guerre contre le terrorisme au Sahel ? Les cinq pays du G5 Sahel qui ont demandé de l’appui et qu’ils ne l’ont pas encore reçu ? Qui voient chaque jour le terrorisme prendre de l’ampleur tuant leurs populations par centaines malgré la présence de toutes les armées du monde ?

En clair, c’est à la France d’expliquer pourquoi Barkhane malgré l’installation de la MINUSMA et pourquoi la lutte contre le terrorisme n’est pas un mandat confié à la force onusienne MINUSMA ?

C’est aussi à la France d’expliquer pourquoi depuis 2013, la ville de Kidal est barricadée et interdite d’accès aux forces de défense et de sécurité maliennes et non à Barkhane. C’est à Emmanuel Macron de rassurer les populations du Sahel que l’armée française intervient au Sahel contre le terrorisme et non pour soutenir le terrorisme. Pour cela, il doit le faire par des actions concrètes sur le terrain et non par des simples discours qui cachent mal le néocolonianisme de la politique française et dont il ne veut entendre parler et qui est pourtant la vérité.

Les chefs d’Etat iront à Pau dire ce qu’ils pensent. Mais, ce que pensent et croient leur peuple en est une autre.  Ces peuples demandent à la France de clarifier son jeu au Sahel. Pas plus !

Un ton irrespectueux et insolant… ?

Visiblement, Macron tente de rassurer l’opinion française et de justifier le « sacrifice » de soldats français sur le théâtre des opérations au Sahel. En effet, comment faire comprendre à cette opinion française, que la guerre contre le terrorisme au Sahel, n’obéit à aucun autre intérêt que celui lié à la protection sécuritaire des ? Exercice difficile dans lequel jusqu’ici le gouvernement français n’a pu ni convaincre ses propres citoyens ni les populations africaines.

Mais en utilisant un ton ferme même si cela peut ressembler à un discours de « dominant » à « dominé », à l’égard de ses homologues africains, Macron essaie de noyer le poisson dans l’eau. « Nous devons, à très court terme, ré clarifier le cadre et les conditions politiques de notre intervention au Sahel avec les cinq Etats membres du G5 Sahel. »… « Je ne peux ni ne veux avoir des soldats français au Sahel alors que l’ambiguïté perdure à l’égard des mouvements antifrançais » ; « Ils nous doivent la clarté et le fait qu’ils nous demandent d’être là et qu’ils l’assument. Il faut que ce soit très clair et assumé par tout le monde, et pour le moment ce n’est pas suffisamment le cas (…). J’ai besoin de ces clarifications pour continuer à maintenir la présence française » « Il faut qu’ils l’affirment politiquement dans leur pays devant leur opinion publique. C’est une condition nécessaire. J’en tirerai les conséquences si ces conditions ne sont pas remplies (…) »

Que doivent faire les chefs d’Etat africains envers qui un tel discours a été tenu ? Doivent-ils courir à Pau demander pardon à Macron et le supplier de ne pas retirer ses troupes du Sahel ? Ou devraient-ils ne pas se déplacer en France pour répondre à la convocation de Macron et ainsi obliger le président Français à revoir son discours ? En tout cas, les populations africaines attendent de voir comment vont réagir les chefs d’Etat du G5 Sahel.

Sinaly

SourceLe Pouce

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