LES ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE VIENNENT DE LANCER DANS LA RÉGION DE KAYES LE PROJET LAFIA POUR RÉDUIRE LA VULNÉRABILITÉ DES JEUNES À LA PARTICIPATION AUX CONFLITS ET AUX ACTES DE VIOLENCES. LA CÉRÉMONIE OFFICIELLE DE LANCEMENT DE CE PROJET D’UNE VALEUR D’ENVIRON 825 MILLIONS DE FCFA A EU LIEU DANS LA SALLE DE CONFÉRENCE DU GOUVERNORAT SOUS LA PRÉSIDENCE DU GOUVERNEUR DE LA RÉGION DE KAYES, LE CONTRÔLEUR GÉNÉRAL DE POLICE MAHAMADOU ZOUMANA SIDIBÉ. C’ÉTAIT EN PRÉSENCE DE L’AMBASSADEUR DES ÉTATS-UNIS AU MALI, DENNIS B. HANKINS, DU DIRECTEUR-PAYS PAR INTÉRIM DE MERCY CORPS, MATHIEU ROUQUETTE ET DE NOMBREUX INVITÉS MALIENS ET AMÉRICAINS.Le projet «Lafia» couvrira le District de Bamako, les Cercles de Kayes, Diéma et Yélimané pour une période de deux ans.
Il faut rappeler que notre pays est plongé dans une crise complexe depuis sept ans. La violence qui s’est répandue dans la Région de Mopti a déclenché un cycle de représailles intercommunautaires, entraînant la mort de milliers de personnes, dont des civils. Pendant qu’il y a l’instabilité dans le Septentrion et les Régions du Centre du Mali depuis plusieurs années, les Régions du Sud sont restées relativement stables.
Cependant, une évaluation récente de Mercy Corps et Think Peace à Bamako et dans trois Cercles de Kayes a montré que de nombreuses fractures menacent maintenant cette «paix fragile» et que la marginalisation des jeunes est un facteur potentiel de conflit et de radicalisation dans les zones urbaines du Sud qui, jusqu’à présent, font preuve de résilience face aux conflits. Lafia utilisera cette résilience intégrée comme une base pour appuyer le passage du Sud d’une situation de paix négative à une paix positive en utilisant une approche communautaire interpersonnelle.
Mercy Corps et Think Peace proposent le projet «Lafia» qui est financé par l’Agence des états-Unis pour le développement international (USAID) pour aider les communautés urbaines et rurales du Mali à accroître leur résilience face aux conflits et à la violence extrémiste. «Nous écrivons une nouvelle ligne de la paix. Lafia est un programme sophistiqué de prévention qui remet la jeunesse au cœur de la résilience. Nous voulons créer un espace où les griefs ne se cachent plus», a déclaré le directeur-pays par intérim du projet «Lafia». Selon ses responsables, le projet «Lafia» atteindra ses objectifs en améliorant la compréhension de divers groupes de jeunes (y compris les migrants) sur la façon d’analyser leurs propres griefs et d’y répondre de manière positive et pacifique. Le projet développera les mécanismes locaux de règlement des différends avec une participation active des jeunes, hommes et femmes. Il veillera aussi à ce que les voix des Régions du Sud soient entendues dans l’élaboration et la mise en œuvre d’initiatives nationales liées à la prévention des conflits, comme la Politique nationale de lutte contre l’extrémisme violent (PNLEV). L’un des objectifs du projet est de réduire la vulnérabilité des jeunes à la participation aux conflits et aux actes de violences. Il s’agit aussi d’aider les leaders politiques, traditionnels, religieux et féminins à résoudre pacifiquement les conflits entre groupes tout en réduisant les facteurs de conflits. Le troisième objectif se résume à l’engagement des acteurs locaux dans la mise en œuvre de politiques nationales de prévention de l’extrémisme violent et de la promotion de la réconciliation. De son côté, l’ambassadeur Dennis B. Hankins mettra l’accent sur le caractère préventif du programme.
«Kayes, dont la diaspora compte des médecins, des avocats, des professeurs, est distant des zones de conflits. Vous êtes des Maliens de la ville des rails qui peuvent faire des connexions positives et négatives. Les jeunes constituent les 2/3 de la population malienne. Vous devez créer des opportunités d’emplois (santé, éducation). La pratique de l’esclavage ne reflète pas l’ancrage culturel. Il y a des extrémistes qui veulent créer un espace non gouverné pour s’adonner au trafic de drogue. Pour cela, ils cherchent des failles au sein des communautés», a souligné le diplomate américain.
Le gouverneur de Kayes a salué l’engagement des états-Unis en faveur de la paix, de la sécurité et du développement au Mali. «Nous devons réorienter la jeunesse vers un développement durable. Nous considérons ce programme comme une main tendue à Kayes. Cette ville est menacée à cause de l’esclavage et de la marginalisation. Ce sont les gens qui se sentent marginalisés qui vont se jeter dans les mains des terroristes. Le dialogue national renforcera la cohésion sociale», a indiqué le contrôleur général de police Mahamadou Zoumana Sidibé.
Bandé M. SISSOKO
Amap-Kayes
Kayes: Lancement du projet de financement inclusif des filières agricoles
Le gouvernement du Mali, soutenu par des partenaires (FIDA, Danemark, Canada), vient de mettre en place une nouvelle initiative pour booster l’agriculture dans notre pays. Il s’agit du Projet de financement inclusif des filières agricoles dont le lancement à Kayes a fait l’objet d’un atelier régional qui s’est déroulé le 20 novembre 2019 à la délégation régionale de la Chambre de commerce et d’industrie du Mali (CCIM) sous la présidence de Meïssa Fané, directeur de cabinet du gouverneur. Pour une enveloppe financière de plus de 58 milliards de Fcfa, le Projet inclusif est placé sous la tutelle du ministère en charge de l’Agriculture et celui en charge de la Promotion des investissements. Il interviendra dans 5 Régions (Kayes, Koulikoro, Sikasso, Ségou et Mopti) pour une durée de 6 ans et avec une perspective de couvrir l’ensemble du pays.
Le projet inclusif touchera 440.000 bénéficiaires directs issus des groupes démunis, des exploitations familiales rurales, des organisations professionnelles (coopératives, unions, fédérations) et des entreprises du secteur privé agricole. L’approche sera favorable aux femmes et aux jeunes. Le directeur du Projet de financement inclusif des filières agricoles, Dramane Sidibé, a attiré l’attention des participants sur le fait que cette nouvelle initiative du gouvernement est une opportunité pour l’amélioration de l’inclusion financière des jeunes et des femmes en milieu rural, une réponse du pays et de ses partenaires à la promotion de l’agro-business porté par les jeunes. Selon le chef d’antenne du projet à Kayes, Abdoulaye Souma Maïga, il s’agit d’aider les couches vulnérables qui forment des groupements à mener des activités génératrices de revenus.
Il faut souligner que le secteur agricole contribue à 40% au Produit intérieur brut (PIB) et occupe près de 80% de la population, en majorité des exploitations familiales avec moins de 5 hectares et peu équipées. Dans ce contexte, l’accès aux financements pour les acteurs du secteur agricole constitue un facteur-clé pour la réussite de la transformation de l’agriculture familiale. Or, cet accès est encore trop limité, avec une inclusion financière en zone rurale avec seulement 20%. Les petites et moyennes entreprises (PME) rencontrent également de grandes difficultés à accéder à des financements : en 2016, environ 60% des crédits octroyés par les banques ont été mobilisés en majorité pour les activités du tertiaire ; et moins de 1% pour l’agriculture. Les financements disponibles se limitent souvent à des crédits de court terme, qui ne permettent pas d’investissements structurants (matériel, infrastructures…)
Aussi, la transformation du secteur agricole malien et l’atteinte des Objectifs de développement durable (ODD) requièrent par conséquent d’intervenir dans l’inclusion financière des ruraux et des PME agro-alimentaires. C’est pour cela, et malgré la situation sécuritaire que connaît notre pays, que le Fonds international de développement agricole (FIDA) et le Danemark ont maintenu leur portefeuille actif, en recentrant leurs opérations sur les zones du Centre et du Sud du Mali.
«L’objectif de développement et impact du Projet inclusif est d’accroître l’inclusion financière des petits producteurs et des PME agro-alimentaires au Mali. La mise en œuvre des activités du présent projet contribuera, sans nul doute, à renforcer la résilience de nos communautés assez vulnérables», a assuré Meïssa Fané.
B.M.S
Source: Journal l’Essor-Mali