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Mali : PRESIDENTIELLE DE 2018 : Le tournant

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En attendant 2018 et la candidature quasi-certaine du président de la République, le microcosme politique restera agité.

Le 1er décembre dernier, le président français renonçait à briguer un second quinquennat. Son bilan contrasté et son impopularité persistante ont notamment motivé la décision de François Hollande. Le président socialiste a voulu éviter le vote sanction de ses compatriotes lors des prochaines élections présidentielles. Ce revirement du successeur de Nicolas Sarkozy a pris au dépourvu bon nombre d’observateurs politiques à travers le monde.

Au Mali, notamment sur les réseaux sociaux, les citoyens ont essayé de comparer ce qu’ils ont appelé le « cas Hollande » à la situation du chef de l’Etat malien. Ibrahim Boubacar Keita ne s’est pas encore déclaré candidat pour la joute présidentielle de l’an prochain, mais ses lieutenants ont déjà commencé à préparer le terrain pour leur champion. Leurs démarches dans ce sens ne font l’ombre d’aucun doute.  Ce qui fait que le landerneau politique national est quelque peu en ébullition. Les partisans d’IBK veulent le rassurer de leur soutien indéfectible alors que les principaux animateurs de l’opposition politique souhaitent davantage resserrer les rangs. Entre la majorité présidentielle et les challengers du chef de l’Etat, il y a ceux qui sont au juste milieu et qui ne veulent pas se placer du mauvais côté. Tout cela promet des controverses et de rudes empoignades tout au long de l’année.

Le Rassemblement pour le Mali (RPM) a déjà lancé les hostilités pour 2018. Lors du dernier congrès ordinaire du RPM en octobre 2016, le tout nouveau président du parti présidentiel n’a pas caché son ambition de mobiliser tous les « Tisserands » derrière la candidature du locataire de Koulouba. Devant ses camarades politiques, Bocari Treta a voulu sonner l’heure du réveil. Un appel entendu à l’époque par les congressistes, dont la présidente des femmes RPM, Diawara Aissata Touré. « Nous demandons et soutiendrons la candidature d’IBK à l’élection présidentielle de 2018 »,avait lancé Mme Diawara sous un tonnerre d’applaudissements.

Diviser pour régner!

Depuis ce congrès, les poulains d’IBK travaillent en douceur sur sa réélection à la magistrature suprême. Profitant d’une cérémonie publique aux allures d’une véritable plaidoirie dans la région de Koulikoro, le 1er secrétaire à l’organisation du RPM, Mamadou Diarassouba a confirmé que le chef de l’Etat briguerait un second mandat : « Ceux-là qui vous disent qu’IBK ne sera pas candidat en 2018 se trompent. Il est dans l’obligation de se porter candidat ». Le RPM essaie donc de ratisser large. Le parti présidentiel s’est rendu à  l’évidence que seule une synergie d’actions à tous les niveaux pourrait lui permettre de relever les défis actuels. La remobilisation des militants du RPM à la base ainsi que l’instauration d’un dialogue fécond avec d’autres formations politiques sont en cours. Cependant, la note est vraiment salée tant les frustrations se sont accumulées pendant ces dernières années.

L’insatisfaction de certaines formations de la majorité présidentielle vis-à-vis de la gouvernance actuelle n’est plus à démontrer. Les partisans d’IBK favorables à sa candidature en 2018 vont devoir retrousser les manches pour convaincre des partis au sein de ce bord politique de s’aligner derrière le natif de Koutiala lors de la présidentielle de l’an prochain. Des partis de la majorité, qui croient toujours à la démocratie, se laissent encore la possibilité de choisir un des leurs comme porte-étendard de leur formation à  la présidentielle. L’Adema et bien d’autres partis de la majorité sont dans cette catégorie. Aussi, des cadres de la majorité qui ne ratent aucune occasion pour « égratigner » le chef de l’Etat n’ont pas encore dit leur dernier mot. Ceux-ci font partie de la majorité, mais n’excluent pas de se porter candidat à  l’élection présidentielle. Même si Moussa Mara est de la mouvance présidentielle, beaucoup d’observateurs politiques se disent certains qu’il sera candidat à la présidentielle de l’an prochain contre IBK, celui-là même qui l’avait promu Premier ministre, contre vents et marrées.

Avec les incertitudes au sein de la majorité, le pouvoir s’est tourné vers l’opposition politique. Dans ce camp, le message des lieutenants d’IBK n’est pas tombé dans des oreilles de sourds. Amadou Koita et son parti le PS-Yeleen Koura ont abandonné l’opposition pour la majorité, en échange d’un poste ministériel.

Aujourd’hui, Bocari Treta et ses compagnons veulent convaincre le Parti pour la renaissance nationale (Parena) de rejoindre les rangs de la majorité et très probablement le gouvernement. En témoigne la rencontre  entre le RPM et le Parena le 31 janvier 2016 à l’initiative du parti présidentiel.  Beaucoup de Maliens, qui ont toujours du mal à croire à cette démarche, prédisent déjà le départ du Parena de l’opposition. Pour preuve, ils remontent à  l’entrée du parti du Bélier blanc au dernier gouvernement d’ATT. Après avoir copieusement critiqué ATT, Tiébilé Dramé et ses camarades avaient signé leur retour dans l’attelage gouvernemental. Ils y sont restés jusqu’à la chute de feu le « régime des généraux ». L’histoire est-elle entrain de se répéter? Rien n’est moins certain, et les regards sont braqués sur Tiébilé Dramé, Me Amidou Diabaté, Djiguiba Keita dit PPR…

Ogopémo Ouologuem

Source : Les Echos

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