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A la Une: Jammeh part avec la caisse

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« Jammeh dévalise la Gambie », s’exclame en effet le quotidien sénégalais Enquête en première page. Samedi, précise le journal, l’ex-président gambien a pris tout son temps… « Yahya Jammeh s’est affairé à rassembler tous les biens qu’il ne comptait nullement laisser derrière lui. Il s’agit notamment de ses gros bolides de luxe dont des Rolls Royce Phantom de la dernière série ; de ses coffre-fort et d’autres biens. Les soldats qui lui sont restés loyaux ont été chargés de rassembler tous ses troupeaux de bœufs et de les acheminer à Kanilai, son village natal. Au même moment, l’ex-leader gambien négociait avec le président Idriss Deby pour obtenir l’arrivée d’un avion-cargo pouvant acheminer tous ses biens. Après son départ, vers 20h 30, vers la Guinée où Jammeh a fait une escale d’une à deux heures avant de rallier la Guinée équatoriale, le bruit a couru selon lequel l’espace aérien gambien resterait fermé jusqu’à nouvel ordre. Ainsi, les populations ont espéré que l’avion-cargo qui avait atterri ne pourrait pas repartir avec les biens de Jammeh. Ou bien qu’il s’en retournerait vide. Mais c’était sans compter avec la détermination des soldats fidèles à Jammeh qui ont pris le contrôle de l’aéroport, avant d’embarquer tous les biens de Jammeh dans l’avion qui a pris les airs, au grand dam des supporters du Président Barrow qui n’avaient plus que leur colère à ruminer. »

Un jour dans le box des accusés ?

Toujours est-il, remarque L’Observateur Paalga à Ouaga que « c’est une page sombre de l’histoire de ce petit pays encastré dans le Sénégal, écrite en lettres de sang, qui vient de se fermer. Rideaux sur deux longues décennies de despotisme même pas éclairé du monstre de Kanilai qui a piteusement débarrassé le plancher moyennant quelques garanties sécuritaires, judiciaires et pécuniaires pour lui, son clan et ses fidèles. Mais, s’interroge le quotidien burkinabé, y a-t-il seulement une assurance tous risques en la matière vu le précédent de Charles Taylor qui a fini par être rattrapé à Calabar au Nigeria par les fantômes de la guerre civile libérienne et qui croupit actuellement dans les geôles de la CPI ? »

En effet, renchérit Aujourd’hui, toujours à Ouaga, « il reste tout de même l’aspect judiciaire, car il n’y a aucune amnistie qui tient pour l’ex-satrape. Autant dire que Jammeh pourrait se retrouver un jour dans le box des accusés d’une juridiction nationale ou supranationale, comme n’importe quel justiciable, pour les crimes qu’il a commis. »

Les travaux d’Hercule pour Barrow

Quant à Adama Barrow, le nouveau président gambien, il a va avoir du pain sur la planche… « Le successeur de Jammeh qui a prêté serment à l’ambassade gambienne de Dakar, devra mettre son nez dans certains dossiers incontournables », relève Walfadjri à Dakar. La lutte contre la corruption, la construction d’une vraie armée citoyenne, la réconciliation entre les citoyens. Et puis, « l’autre chantier auquel devra se consacrer Adama Barrow est la relance économique de la Gambie. Avec son gouvernement, le nouveau président devra travailler à assainir le climat des affaires. Il devra également tendre la main aux investisseurs et redonner confiance aux touristes sur qui l’économie du pays repose beaucoup. »

En effet, « les défis sont immenses, relève également le site d’information Wakatséra, à commencer par celui de donner un président de la République physiquement présent dans son pays. Ensuite, tout étant à refaire dans une Gambie à réconcilier avec elle-même et avec son frère ennemi du Sénégal, le challenge sera énorme pour Barrow de remettre sur les rails une économie exsangue et de réorganiser l’architecture socio-politique de son pays, dont l’ex chef de l’Etat est considéré comme un véritable prédateur de la liberté d’expression et d’autres droits de l’homme. Les chantiers seront engagés, on l’espère, avec pour socle, le triptyque vérité, justice et réconciliation. »

En tout cas, pointe Le Forum de la Semaine à Lomé, « le départ humiliant de Yahya Jammeh samedi soir de l’aéroport de Banjul à bord de l’avion du président guinéen Alpha Condé n’est pas sans rappeler d’autres. Ceux de Mobutu fuyant Kinshasa, de Blaise Compaoré fuyant Ouagadougou, de Ben Ali fuyant Tunis, etc. Ces images contrastent pitoyablement avec celles, paisibles des chefs d’Etat qui ont accepté le verdict des urnes ou qui ont respecté la Constitution de leurs pays. J. J Rawlings, John Kuffuor, John Mahama au Ghana, Goodluck Jonathan et Olusegun Obasanjo au Nigeria, Nicéphore Soglo et Yayi Boni au Bénin, etc. La situation des pays aux murs démocratiques oblige à affirmer sans aucun risque de se tromper qu’il y a forcément un lien entre le développement et la démocratie. »

 

 

Source: RFI

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