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Le S.G. du syndicat autonome de la police Malienne, sergent-chef Bougouna Baba Dembélé accuse le D.G. de la police : “Le problème de la police, c’est Moussa Ag Infahi car il ne respecte pas ses engagements”

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“Nous sommes pour la réintégration des ex-combattants dans la police, mais qu’on fasse en sorte que ce soit des gens qui aient au moins un diplôme”

Dans cette interview exclusive qu’il a bien voulu nous accorder, le secrétaire général du Syndicat autonome de la police malienne (Sap) Bougouna  Baba Dembélé, évoque les objectifs du Sap, les acquis, les difficultés auxquelles la police est confrontée et leurs doléances….  Lisez plutôt.

Aujourd’hui-Mali : Pouvez-vous présenter à nos lecteurs ?

Bougouna Baba Dembélé : Je suis sergent-chef de police Bougouna  Baba Dembélé, secrétaire général du Syndicat autonome de la police malienne qui a été créé le 26 mars après l’échec de la réconciliation des tendances syndicales au niveau de la police.

Quels sont les objectifs et les missions de ce syndicat?

Nous avons crée ce syndicat pour défendre les intérêts moraux et matériels des adhérents. C’est pour les former et les informer par rapport à leurs droits et devoirs et  lutter surtout pour l’amélioration de leurs conditions de travail. Nous nous sommes fixé aussi pour mission de combattre la corruption, l’injustice, la discrimination entre les policiers.

De nos jours quelles sont les priorités pour votre syndicat ?

Nous avons déposé un cahier de doléances en 22 points le 20 octobre 2016 sur la table du directeur général de la police. Des points ont été satisfaits, d’autres en partie et d’autres aussi, pas du tout. Parmi les revendications qui n’ont pas été satisfaites, il y a, entre autres, la revalorisation des diplômes du DEUG et de la maitrise, le port d’arme sans exception par tous les policiers. Paradoxalement, au  même moment où nous demandons la valorisation des diplômes, on nous apprend que le ministère veut faire un concours professionnel. Nous ne sommes pas contre le concours, mais nous avons juste demandé de valoriser les détenteurs de ces diplômes. Chose que la hiérarchie ne veut pas entendre.

S’agissant de la dotation en arme, compte tenu de l’aspect sécuritaire, cela devient aujourd’hui une exigence car nous ne pouvons pas sécuriser  les gens tant que nous-mêmes nous ne sommes pas en sécurité. Qu’est ce qui différencie un policier d’un civil ? C’est juste les armes ! A ce sujet, nous avons rencontré le directeur général de la police pour lui  faire part de nos préoccupations, il y a quelques mois de cela. Et le directeur nous avait  rassurées que bien avant le Sommet Afrique France, chaque policier aura une arme. Mais jusque-là, rien ! Et pourtant, aussitôt qu’il a rassuré notre délégation que nous aurons tous des armes, nous avons aussi rencontré les militants à la base afin de leur faire part de la bonne nouvelle, mais qui est restée sans suite. Nous pensons que lorsqu’une autorité fait une promesse, ou prend une décision, elle doit s’exécuter. Et comme excuse, le directeur général dit en coulisse que le stock prévu est insuffisant pour nous doter tous d’armes.

Plus concrètement sur les 22 points de doléances combien ont-ils été satisfaits ?

Parmi les 22 points de notre cahier de doléances, il y a 14 points d’accord avec la hiérarchie, 6 points d’accord partiel et deux points de désaccord. S’agissant des points d’accord, tous n’ont pas été jusqu’à présent satisfaits mais il y a un début de commencement. Dans nos doléances, il y a aussi la construction des commissariats de police dans tous les cercles et les grandes villes. Car, on ne peut pas sécuriser sans le renseignement et ces commissariats vont participer à la collecte d’informations pour les structures compétentes, en terme de recueil de renseignements.

Sur un autre plan, nous sommes pour la paix et la réconciliation nationale et nous ferons tout le nécessaire pour accompagner les  plus hautes autorités dans ce sens. Nous sommes également pour la réintégration des ex-combattants dans la police, mais qu’on fasse en sorte que ce soit des gens qui aient au moins un diplôme. Car nous ne pouvons avoir nos maitrises et nos Deug et qu’on intègre du jour au lendemain des ex-combattants  sans diplôme pour venir nous coiffer. Ce n’est pas juste car ce sera la politique de deux poids deux mesures.

Quels sont vos rapports avec les autres syndicats car aujourd’hui il y a environ cinq syndicats dans la police ?

Oui, c’est vrai il y a cinq tendances syndicales dans la police et nous avons toujours appelé les autres à l’union, mais en vain. Et notre syndicat a été porté sur les fonts baptismaux suite à l’échec de la négociation entre les différences tendances et même après la création du Sap nous avons toujours tenté d’inviter les autres à une fédération, mais nous ne sommes pas écoutés. Car il ya certains syndicats qui ont pris part au mouvement du 22 mars 2012 (coup d’Etat), d’autres ont aussi pris part au contre-coup d’Etat, certains aussi sont là pour tuer la police avec les différents directeurs successifs. Vous voyez que les intérêts sont réellement opposés.

En tout cas, nous sommes prêts à la réconciliation des différences tendances sans condition.

Revenons au port d’arme. Pensez-vous que, de nos jours,  tous les policiers peuvent porter des armes ? Est-ce que cela ne pourrait pas constituer une source d’insécurité compte tenu du comportement de certains de vos collègues ?

Nous sommes là pour défendre l’intérêt de la police malienne en général et l’intérêt général est au dessus de l’intérêt particulier.

Est-ce que, pour vous, on peut dire que la police malienne se porte bien ?

Bon je pourrais dire que depuis l’arrivée de l’actuel ministre de la Sécurité intérieure, le Général Salif Traoré, les choses commencent à bouger. Sinon, à vrai dire, nous étions à la police dans un trou profond. Nous sommes conscients qu’il est en train de faire son mieux. Il a doté la police d’équipements adéquats et les renforcements de capacités se poursuivent sans relâche.

Par ailleurs, pour moi, le problème de la police malienne, c’est le directeur général, Moussa Ag Infahi. Pour preuve, il ne tient pas ses engagements et il défend certains syndicats au détriment des autres. C’est un syndicat que je ne vais citer dans la presse pour ne pas lui donner beaucoup d’importance, mais qui se reconnaitra très vite dans ces écrits car c’est un comité syndical qui n’est affilié à aucune centrale syndicale au Mali. C’est juste un syndicat créé par la Direction générale de la police nationale. Aussi, nous avons vu récemment que le directeur général a procédé à des mutations de vengeance à Kadiolo. Il s’agit de trois policiers qui ont commis une faute professionnelle. Sur ces trois personnes, il en a muté deux et l’autre, proche de lui, en est sorti indemne.  Et il trouve comme prétexte le fait que l’enquête n’est pas encore bouclée. Il devait à cet égard attendre la fin de l’enquête pour prendre une décision concernant les deux qui sont mutés car nous savons que,  jusque-là, l’inspection n’a pas encore déposé son rapport sur cette affaire de Kadiolo.

Votre mot de la fin ?

Je tiens juste à dire que nous ne sommes pas là pour créer des problèmes à la police malienne, mais plutôt trouver des solutions aux problèmes. Je voudrais aussi inviter le ministre de la Sécurité intérieure à nous recevoir car à chaque fois qu’on lui demande une audience, il nous renvoie au directeur général, tandis que les pouvoirs de ce dernier sont limités aussi.

Nous profitons de votre interview pour remercier Koulouba qui lors du sommet Afrique-France  a donné, suite à notre demande, des  motos de grosses cylindrées à la police, sinon c’était des petites cylindrées qui étaient prévues.Aussi j’invite mes frères policiers à l’union et à la renonciation nationale car nous constituons tous une grande famille. Donc il est temps qu’on se retrouve autour de l’essentiel.

       Réalisé par  Kassoum THERA

 

Source: Aujourd’hui-Mali

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