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Conférence d’entente nationale : Un exercice décisif pour le devenir du Mali

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Le Mali va entrer dans une phase déterminante de son avenir immédiat, voire son devenir, avec la tenue au mois de mars de la Conférence d’entente nationale (CEN). Ce grand forum d’échanges, qui est un pan important de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, va permettre un débat approfondi entre les composantes de la nation malienne sur les causes profondes du conflit qui mine le pays et la nation depuis 2012. A terme, la CEN scellera l’unité nationale et l’intégrité territoriale du Mali. D’où tous les enjeux de cette rencontre qui requiert l’adhésion intégrale de toutes les sensibilités nationales.

Un jalon important dans la réhabilitation de la cohésion sociale et du vivre ensemble au Mali sera posé avec la tenue, au mois de mars 2017, de la Conférence d’entente nationale. Ainsi que cela est spécifié dans l’Accord pour la paix et la réconciliation, cette Conférence doit “permettre un débat approfondi entre les composantes de la Nation malienne sur les causes profondes du conflit” au nord du Mali. C’est donc à un exercice décisif pour notre devenir que sont conviés sans exclusive les fils et les filles de ce pays.

Personnellement, je fonde un très grand espoir sur les échanges qui vont s’instaurer et sur les conclusions de la Conférence. Cette dernière devra notamment produire une Charte pour la Paix, l’Unité et la Réconciliation, Charte élaborée sur une base consensuelle. Si les travaux se déroulent dans un esprit positif, si le diagnostic national s’énonce sans récriminations, ni polémiques superflues, si les participants s’exemptent de tout agenda personnel, le Mali administrera une fois de plus la preuve de sa capacité à surmonter l’adversité quelle qu’elle soit “. Ainsi campait le décor le président de la République, dans son adresse à la Nation de nouvel An 2017. En même temps qu’il fait ressortir tout l’intérêt de cette conférence, Ibrahim Boubacar Kéïta lance des messages forts à l’endroit de tous les acteurs de la vie nationale afin qu’ils mettent de côté leurs égos et les querelles inutiles au profit de l’intérêt général.

Malheureusement, les craintes du chef de l’Etat sont en train d’être fondées avec l’initiative qui bute déjà à des obstacles liés au refus et à la réticence de certains hommes et regroupements d’y participer. Pourtant, la CEN n’est pas une création d’IBK. Légaliste jusqu’auboutiste, le président de la République ne fait qu’appliquer une disposition de l’Accord d’Alger en son titre I (Principes, engagements et fondements pour un règlement durable du conflit), chapitre 2 (Fondements pour un règlement durable du conflit), article 5 paragraphe 3 : Des mesures destinées à instaurer la paix et la réconciliation nationale :“La dimension sociopolitique des crises cycliques qui ont jalonné le septentrion Malien nécessite un traitement politique. A cet égard, une conférence d’Entente Nationale sera organisée durant la période intérimaire, avec le soutien du Comité de suivi et sur la base d’une représentation équitable des parties, en vue de permettre un débat approfondi entre les composantes de la Nation Malienne sur les causes profondes du conflit. Ce débat aura à prendre en charge, entre autres, la problématique de l’Azawad. Il devra dégager les éléments d’une solution devant permettre au Mali de transcender sa douloureuse épreuve, de valoriser la contribution de ses différentes composantes à l’identité du pays et de promouvoir une véritable réconciliation nationale. Une charte pour la paix, l’Unité et la Réconciliation nationale sera élaborée, sur une base consensuelle, en vue de prendre en charge les dimensions mémorielle, identitaire et historique de la crise malienne et de sceller son unité nationale et son intégrité territoriale”.

Dès lors, l’initiative étant irréversible et en attendant que les réticents ne reviennent à des sentiments patriotiques, le processus qui mène à la Conférence suit son cours.

Ainsi, un président de la Commission préparatoire de la Conférence d’entente nationale a été nommé en la personne du Médiateur de la République, Baba Akhib Haïdara. Depuis, des missions d’information et de sensibilisation sont envoyées par la Commission préparatoire dans les différentes Régions du Mali. Ces missions vont superviser l’organisation des consultations régionales qui permettront de recueillir les attentes des populations.

Au-delà, quels sont les enjeux de cette conférence?

Tout d’abord, comme nous le soulignions, la Conférence d’Entente Nationale est contenue par l’Accord pour la paix et la réconciliation, signé entre les parties maliennes en conflit en mai-juin 2015, qui prévoit l’instauration d’une période intérimaire, au cours de laquelle seront prises des initiatives qui faciliteront le retour de l’apaisement dans notre pays après la terrible crise qu’il a connue. Elle enregistrera “une représentation équitable des parties” impliquées dans la crise du nord pour parler du Mali et décider de comment sortir le pays de l’ornière. C’est un objectif largement à la portée des Maliens, à condition qu’ils se lèvent ensemble et œuvrent ensemble, comme lors de l’attentat tragique de Gao qui a endeuillé toute la nation. Face à cette barbarie, le peuple malien a fait front commun de Kayes à Kidal, toutes sensibilités sociopolitiques confondues. La Conférence d’Entente Nationale va aider à fortifier cette réponse. C’est pourquoi, en confiant la préparation de la Conférence à Haïdara, le président de la République a tout particulièrement insisté sur le caractère inclusif que doit avoir cette rencontre. Celle-ci doit être l’occasion pour toutes les composantes de la Nation de se parler, en toute vérité, dans le respect mutuel, dans la sincérité et dans la courtoisie, comme cela est recommandé dans les meilleures traditions culturelles du Mali.

Pour atteindre cette inclusivité, il convient de faire participer aux préparatifs, puis aux travaux, toutes les composantes de la Nation. A savoir, les parties signataires de l’Accord. Mais aussi les jeunes, les femmes, la classe politique (majorité et opposition), les organisations de la société civile, les mouvements non signataires de l’Accord et qui par leur présence et leurs actions sur le terrain font maintenant partie de la problématique de la paix, et les institutions, les représentants des confessions religieuses, les autorités coutumières, les organisations professionnelles, les syndicats, les notabilités individuelles, les médias et les communicateurs traditionnels. Sans oublier les partenaires techniques et financiers qui s’investissent aux côtés du Mali.

Toujours à propos des enjeux, la CEN est porteuse de grandes espérances et d’objectifs ambitieux pour tous les fils et les filles du Mali. Les participants auront l’occasion d’aborder, sans tabou, les thématiques de la crise qui a touché la nation dans son âme, de formuler des pistes de solutions et d’aboutir à des consensus pour garantir le devenir commun des Maliens.

Et puis à un moment où l’Accord d’Alger est fortement critiqué, la CEN représente sans aucun doute une grande opportunité pour endiguer le scepticisme quasi général entourant la mise en œuvre de l’Accord et relancer la dynamique de l’apaisement et de la stabilité.

La CEN offre donc une réelle possibilité de diagnostiquer les entraves à la mise en œuvre de l’Accord et constitue une opportunité pour le peuple malien de baliser une sortie de crise après avoir débattu de ses causes profondes.

Enfin, la Conférence d’Entente Nationale est le moyen pour tous les Maliens de valoriser davantage la réhabilitation des éléments de base du vivre ensemble, à savoir la cohésion sociale, la cohabitation harmonieuse et l’entraide entre les communautés.

Dans tous les cas, il est établi que quand les Maliens se parlent entre eux, parlent ensemble des questions de leur existence et de leur avenir, ils se comprennent, et c’est l’âme du pays qui s’exprime. Alors, tout doit être fait pour que la Conférence d’Entente Nationale soit l’espace de dialogue que s’offrent les Maliens pour dissiper les malentendus et les incompréhensions liés aux causes profondes de la crise multidimensionnelle que vit le Mali depuis le coup d’Etat du 22 mars 2012.

                   La Rédaction

 Source: Aujourd’hui-Mali

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