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Lutte contre le terrorisme : La France s’accapare du G5 Sahel

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Ce qui est perçue au départ comme une initiative africaine contre le terrorisme et le grand banditisme au Sahel, est-il en train de devenir un « projet français » ? Les chefs d’Etat du Sahel doivent garder le leadership de cette initiative s’ils veulent qu’elle réussisse.

La « Force conjointe des pays du G5 Sahel » est une initiative des chefs d’Etats du Burkina Faso, du Tchad, du Mali, de la Mauritanie et du Niger qui ont décidé d’unir leurs forces pour venir à bout du terrorisme et le grand banditisme qui sévissent présentement au Sahel. Les forces Barkhane et MINUSMA ont-elles déçu dans cette lutte ? Nous ne l’affirmerons pas. Mais, tout laisse croire que c’est le cas puisque les cinq pays du Sahel, durement frappé par la crise, ont décidé de prendre leur destin en main en créant la force conjointe du G5 Sahel dont l’annonce n’avait pas eu les soutiens attendus. Aujourd’hui, au regard de la situation sur le terrain, unanimité est faite autour du projet, désormais considéré comme une réponse adéquate face à la  menace. « Il faut une vraie force africaine qui connaît le terrain, et qui est aguerrie au combat » analyse-t-on.

Pour être efficace, cette force africaine doit être autonome dans ses opérations. Mais la France qui veut jouer un premier rôle dans ce projet, laissera-t-elle l’initiative des opérations militaires aux commandants de la force conjointe du G5 Sahel ? Là est toute la question.

Les différents discours français sur le sujet ne laissent aucun doute sur le fait que la force conjointe des pays du G5 sera une « Barkhane bis » pilotée par la France très protectrice de ses intérêts au Sahel.

Le contrôle de la force du G5 Sahel pourrait même échapper totalement aux pays du G5 Sahel. Comment pourrait-il en être autrement du moment où c’est la France qui dirige l’offensive diplomatique pour la mobilisation des ressources financières pour le fonctionnement de la force africaine.

Pour s’assurer de son emprise sur le G5 Sahel, la France plaide pour un soutien onusien. Une stratégie qui n’est pas du goût de la Maison Blanche dont le locataire reste très méfiant des organisations internationales, trop budgétivores mais connues pour leur inefficacité. L’ONU, nous avons l’habitude de le dire est devenue l’instrument d’oppression et de manipulation de certaines grandes puissances. Ce qui n’est pas pour favoriser une culture de paix dans le monde, sa vocation première.

L’aide américaine au G5 se voulait bilatérale et non onusienne. Car, pour les responsables américaines, « le cadre opérationnel et stratégique des forces antiterroristes du G5 » sous commandement français, n’est pas « assez bien défini ».

Au début de sa création, l’Etat américain avait apporté son soutien à l’initiative africaine dénommée « force conjointe des pays du G5 Sahel ». Son représentant diplomatique au Mali avait même laissé entendre que « les États-Unis applaudissent les pays du G5 – Burkina Faso, Tchad, Mali, Mauritanie et Niger – de la création de cette force conjointe, ce qui leur permettra de mieux coordonner leurs efforts pour lutter contre l’extrémisme sur le continent et l’appropriation régionale de la sécurité et des efforts de stabilisation ».

Face au risque que le G5 Sahel ne supplante la Force Barkhane, la France a vite fait de se positionner en allié de première heure et dirige les opérations diplomatiques. Tout laisse croire que c’est elle qui sera l’interlocutrice onusienne dans la mise en œuvre des activités du G5 Sahel.

Ce qui serait une insulte à l’intelligence africaine dont l’analyse a pourtant abouti à la conclusion selon laquelle que seule une force africaine peut venir à bout du problème sécuritaire dans le Sahel là où Barkhane et MINUSMA tardent à faire tâche d’huile.

Déjà, il y a quiproquo autour du budget de fonctionnement de la force du G5 Sahel. Pendant que le G5 Sahel parle de 450 millions d’euros, la France estime que 260 millions d’euros pourraient suffire. Autrement dit, si l’argent est le nerf de la guerre, la force du G5 Sahel qui a besoin de l’argent pour être opérationnelle reste liée par la France seule à véritablement décider ce qui doit être fait.

Le président du G5 Sahel, Ibrahim Boubacar Kéita s’est rendu en France au cours de la semaine. Occasion pour le président français de clarifier les choses. Comme « définir les modalités » concernant le soutien bilatéral significatif des Américains.

En termes clairs, c’est la France qui reste maître du jeu dans le G5 Sahel. Les pays du G5 suivront.

Sinaly Traoré

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Source: Le Pouce

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