Au Mali, un très jeune cinéaste a réalisé un court métrage choc pour dénoncer l’homophobie. Un travail rendu possible grâce aux Ateliers du regard, une initiative visant à développer la culture cinématographique au Mali.
Les Ateliers du regard forment chaque année une poignée de jeunes Maliens qui désire se tourner vers la réalisation, en partenariat avec la Femis, la célèbre école française de cinéma. « On fait une formation de trois semaines pendant l’été, au cours de laquelle on va leur apprendre à écrire leur propre histoire, à tourner leur histoire et enfin à faire la postproduction. Chacun va apprendre la caméra, chacun va apprendre le montage, chacun va apprendre à faire la perche pour le son », détaille Bouna Chérif Fofana, réalisateur et référent pour les Ateliers du regard.
Fasséry Kamissoko a tout juste 18 ans. Dans son film, il interprète le rôle principal, celui d’un jeune brimé et moqué par ses camarades de classe qui n’acceptent pas sa différence. Ces brimades, Fasséry Kamissoko les a personnellement vécues toute sa jeunesse sans jamais oser en parler à ses parents : « J’ai changé d’école plusieurs fois. J’ai été martyrisé. Mes parents tellement fiers de moi n’ont jamais su ce que j’ai vécu, jusqu’à ce que ce film me permette de raconter ça. Ça m’a beaucoup permis de m’exprimer aussi à travers mon art qu’est la réalisation. Mon père avait un sentiment, je ne sais pas, je ne dirais pas de regret, mais il était mortifié de voir que j’ai subi presque toutes ces brimades à l’école sans jamais oser en parler ».
Aujourd’hui, Fasséry Kamissoko espère que son court métrage agira comme un « électrochoc » dit-il, pour que plus personne ne puisse ignorer les violences dont sont victimes les personnes homosexuelles.
Par RFI