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Amadou Koïta à l’Aube en 2014 : « IBK doit présenter des excuses au peuple malien »

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Amadou Koïta lAube 2014 IBK doit présenter excuses peuple malien 

Avant de lire cette interview que Monsieur Amadou Koïta a accordée à nos confrères de l’AUBE, assurez-vous d’avoir pris quelques aspirines. Ou, tout au moins, faites-vous accompagner par une bonne quantité de Doliprane. No comment, lisez ! (Ce commentaire provient de malizine qui endosse toute la responsabilise qui se dégage devant les tribunaux de la République du Mali, vu la loi 046 régissant le régime de presse et de délit de presse de l’an 2000).

 

Le Mali va mal et même très mal. Pris dans un tourbillon entre un marasme économique et une crise financière sans précédent, un front social qui couve, des malversations et détournements de deniers publics, une maladie qui lui arrache ses fils et des pourparlers inclusifs d’Alger interrompus, le pays cherche vainement sauveur. En attendant, des acteurs politiques écœurés dénoncent, à l’image de Amadou Koïta, président du Parti socialiste-Yeelen Kura. Ce jeune leader politique, qui fut porte-parole du Fdr, ne mâche pas ses mots face aux dérives du régime d’IBK. De l’agenda de son parti à la gestion catastrophique du pays par l’actuel pouvoir, en passant par le choix de l’opposition, les pourparlers d’Alger, la fièvre à virus Ebola, Amadou Koïta, n’occulte aucun sujet. Interview.

 

L’Aube : Comment se porte le PS Yeelen Kura ?

 

Amadou Koïta : Le PS Yeelen Kura n’a qu’un an, mais il se porte bien, puisqu’il est animé par des hommes et des femmes venus dans la politique pour servir le pays. Ils se sont d’abord retrouvés aux côtés du président Amadou Toumani Touré. Pendant dix ans, ils ont accompagné le président ATT dans son œuvre de construction d’un nouveau Mali.

 

Aujourd’hui, le PS Yeelen Kura est implanté dans cinq régions du Mali et dans le District de Bamako, de Kayes à Mopti, à l’exclusion des régions du nord. Le parti est animé par de jeunes cadres qui croient en la politique et qui veulent redonner à la politique ses lettres de noblesse. Car, les hommes politiques ont été taxés de tous les péchés d’Israël dans ce pays, à tort ou à raison. Or, la politique n’est pas que l’art du mensonge ; elle ne saurait être l’apanage d’hommes sans vision qui gouvernent un peuple sans mémoire. La politique, c’est d’abord une vision, c’est ensuite une éthique, la moralité, c’est enfin l’art de gérer la cité. On ne peut gérer la cité que lorsqu’on se montre exemplaire. Tel est notre cas, et tel est notre comportement en nous inscrivant dans l’opposition.

 

Justement, pourquoi vous avez choisi d’aller à l’opposition?

 

En nous inscrivant dans l’opposition, nous avons respecté nos engagements. Après le coup d’Etat de mars 2012, nous avons été parmi ceux qui ont dénoncé cette violation de la constitution du Mali qui en fait, en son article 121, un crime imprescriptible. Nous avons fait partie du Fdr et assumé notre appartenance à ce Front, estimant qu’un coup d’Etat n’a jamais été une solution pour le pays. Ensuite, nous avons signé la plateforme élaborée par le Fdr en vue d’aborder l’élection présidentielle.   Nous sommes l’opposition avec des hommes et des femmes qui se sont battus pour que le Mali soit dans le giron de la communauté internationale, dans la normalité constitutionnelle et dans la stabilité politique et social. C’est grâce donc au Fdr que nous sommes retournés à l’ordre constitutionnel.

 

Quel est l’agenda politique du PS Yeelen Kura à court terme ?  

 

Notre perspective aujourd’hui, c’est de nous préparer pour les élections communales à venir. Aux dernières législatives, nous avions en lice deux candidats qui n’ont pu être élus. Parce qu’il n’y a pas de vote utile chez nous ; le vote est fonction non pas de la qualité du candidat, amis de son poids financier.

Les élections communales sont des élections de proximité qui nous permettront dans l’avenir de pouvoir réaliser un certain nombre de programmes que nous avons pour le Mali parce que nous que la décentralisation doit être renforcée. Initiée depuis plus de vingt ans, nous constatons malheureusement que la décentralisation n’est pas allée jusqu’au bout puisse qu’il n’y a pas eu beaucoup de transferts de ressources financiers et juste quelques transferts des compétences. Ce qui fait que les collectivités ne sont pas maîtresses de leur destin.

 

Si les populations choisissent de porter leur confiance aux différents candidats du PS dans leurs localités respectives, je suis sûr qu’ils pourront apporter le changement tant souhaité et une nouvelle manière de gouvernance. Le maire joue un rôle extrêmement important dans le développement de la cité. Ailleurs, le maire est un président bis qui ne dit pas son nom. Nous voudrions pouvoir contribuer à changer cette tendance. C’est notre calendrier et notre ambition pour les élections communales. Et, nous osons espérer que d’ici là les Maliens auront compris qu’on doit voter un homme pour les idées qu’il porte et non pour les moyens qu’il a.

 

Quel est le jugement du PS Yeelen Kura de la gestion d’IBK ?

 

IBK n’a pas répondu aux attentes. Il était le candidat du changement, celui qui devait ramener la paix, qui devait permettre au Mali d’exercer sa souveraineté sur l’ensemble du territoire malien ; il a été le candidat qui a bénéficié de 77% des voix des Maliens qui ont voté en 2013 ; mais force est de reconnaître que sur les plans politique, institutionnel, sécuritaire, économique et social, c’est un recul.

 

Sur le plan sécuritaire, IBK est allé battre campagne à Kidal lors de l’élection présidentielle, mais aujourd’hui, aucun officiel malien ne peut se rendre à Kidal.

 

-Sur le plan institutionnel, IBK a été le premier président démocratiquement élu à violer la Constitution malien en refusant de faire la déclaration publique de ses biens.

 

-Sur le plan social, en moins d’un an, on a vu l’agitation voire l’ébullition du front social. Nous avons eu les examens les plus catastrophiques de l’histoire de notre pays, au DEF et au BAC.

 

Nous avons vu également l’Untm décréter 48h de grève et déposé un préavis de 72 heures. C’est du jamais vu dans l’histoire du Mali depuis l’avènement de la démocratie pluraliste.

 

Sur le plan économique, jamais l’économie malienne ne s’est vue aussi chaotique ; elle va à vau-l’eau. L’argent se fait rare par la faute de ceux qui nous gouvernent aujourd’hui et qui ont pourtant décrété l’année 2014, année de lutte contre la corruption. Au contraire, ça a été l’année des scandales, des surfacturations, l’année où la communauté internationale. Aujourd’hui, nous attendons de savoir si les sanctions du Fmi seront levées ou pas.

 

Avec 29 milliards de FCFA volatilisés, des marchés de gré à gré ; pour celui qui déclarait que tous les Maliens sont libres et égaux, pour celui qui disait qu’on n’est pas Homme d’Etat pour faire la promotion d’un tel ou d’un tel, nous nous rendons compte que, dans la pratique du pouvoir, ce ne sont que des slogans. Les Maliens attendent encore de savoir combien a coûté l’avion présidentiel qui suscite tant de polémiques : 20 milliards ? 21 milliards ? 17 milliards ? Ou bien 8 milliards ?

 

Tout cela prouve que nous sommes gérés par des hommes qui posent des actes contraires aux engagements pris vis-à-vis du peuple. Donc, le bilan d’IBK, sans risque de me tromper, est catastrophique. Nous avons peur pour l’avenir de notre pays. Surtout avec les négociations d’Alger qui piétinent, parce que nous n’avons pas pu prioriser les actes.

 

Quand IBK venait au pouvoir, il a trouvé que le nord du Mali était entrain de se pacifier. Le processus de dialogue était entamé avec l’accord de Ouagadougou. Il suffisait juste d’avoir le sens des priorités en s’attaquant d’office à ce dossier pour qu’on n’en soit pas là où nous en sommes aujourd’hui. Nous payons aujourd’hui cash les errements, les hésitations de la gestion sans vision de nos affaires publiques. Bref, c’est un bilan qui nous laisse sur notre faim.

 

Comment voyez-vous l’issue des pourparlers d’Alger où se négocie aujourd’hui l’avenir du Mali, celui de son peuple et de sa nation ?

 

Tout le Mali est effectivement suspendu aux négociations d’Alger qui sont à leur troisième phase. Avec le document de synthèse de la Médiation remis aux deux parties lors de la deuxième phase, nous avons senti de la part du gouvernement une certaine volonté de dissimuler, parce que nous, acteurs politiques, avons été obligés d’aller chercher ailleurs ce document pour en savoir plus. Ce document, s’il est adopté tel que présenté, est un recul pour le Mali, puisqu’il accorde un fédéralisme qui ne dit pas son nom.

 

Les informations qui nous proviennent d’Alger depuis le début de la troisième phase ne nous rassurent guère. Il y a blocage. Nous apprenons même que les pourparlers sont interrompus. Tout ça par la faute d’IBK. Le président de la République aurait dû comprendre que la gestion de ce dossier dépasse la capacité d’un seul homme, d’un seul parti politique. Que c’est une cause nationale et une question d’intérêt national qui nécessitent l’implication de l’ensemble des forces vives de la nation.  Ça allait non seulement renforcer la position du gouvernement, amis aussi faire comprendre à la Médiation et à ceux qui ont pris les armes que, concernant cette question du nord, les Maliens sont d’accord sur l’essentiel. Cela n’a malheureusement pas été fait. Nous aurions voulu que le président nous implique au lieu de nous convoquer à Koulouba pour nous informer de la situation.

 

Nous osons espérer que ceux qui ont pris les armes reviendront à la raison. Mais tout ça, ce sont les conséquences de la visite malencontreuse, aventurière et dévastatrice  du Premier ministre Moussa Mara le 17 mai à Kidal. Cette visite nous a fait perdre des positions au nord et un certain crédit vis-vis de la communauté internationale. Quand on pose de tels actes, on doit assume et alors tirer les conséquences. Mais, ironie du sort, ce même Premier ministre continue à vouloir donner des leçons aux autres Maliens là où lui, il est le problème. A sa nomination, il nous a promis l’éthique, la moralité, la bonne gouvernance. Mais, c’est sous son règne que nous subissons la suspension de l’appui budgétaire. Voilà comment le Mali est géré. Cependant, nous espérons que l’Algérie et la communauté internationale viendront au secours du Mali pour qu’une paix juste et définitive soit de retour au nord de notre pays.

 

Au même moment la fièvre hémorragique à virus Ebola sévit à Bamako. Qu’est-ce que vous pensez de la gestion faite de cette maladie par les plus hautes autorités ?

 

Ebola est une maladie extrêmement dangereuse, qui tue plus que le Sida.  Il y a un sérieux problème de gestion de cette maladie qui se pose. Après le premier cas, la fillette de Kayes, on avait pensé que ce cas était accidentel et que le gouvernement allait prendre toutes les mesures et précautions nécessaires afin que le Mali soit à l’abri. Car, un second malade a passé allègrement la frontière pour venir se soigner à la polyclinique Pasteur à Bamako. Il est décédé deux jours après ; son infirmier traitant aussi est mort par la suite. Mais, c’est deux semaines après que le peuple malien a été informé. Plus de 300 personnes ont été mises en quarantaine, on dénombre 5 morts. Les autorités font comme si de rien n’était, et invoquent le destin. Ce n’est pas une question de destin, c’est un problème de gestion des affaires publiques. Autant les autorités ont refusé de fermer la frontière avec la Guinée, autant elles devaient prendre toutes les mesures précautions nécessaires pour évite l’entrée de la maladie au Mali par cette frontière. Quant à la polyclinique Pasteur, une référence en Afrique de l’ouest, elle vient de prouver que la vie des Maliens lui importe peu. L’essentiel pour les responsables de cette clinique, c’est d’avoir le contrat des miniers, le contrat de la Minusma et comment faire fonctionner la structure. Nous demandons que le gouvernement ouvre une enquête par rapport à ce qui s’est passé à la clinique Pasteur. En Chine, la dame impliquée dans l’affaire du lait frelaté a été exécutée ; récemment au Burkina quand il y a eu coupure de courant au moment de la passation du pouvoir, le lieutenant-colonel Zida n’a pas hésité à ordonner l’arrestation du directeur général de la Sonabel (ndlr :Société nationale d’électricité du Burkina) après avoir abrogé son décret de nomination. Ici, les autorités sont entrain de couvrir ceux qui sont responsables de l’introduction de ce virus dans notre pays.

 

Le pouvoir d’IBK, c’est aussi le scandale des surfacturations ?

 

C’est très très grave pour l’avenir d’un pays. Notre économie et notre paysage financier sont à genou. Aujourd’hui, on ne peut pas payer plus de 5 millions de FCFA au trésor public. On ne peut pas payer la dette intérieure. A partir du 15 du mois, on n’émet plus payer de chèque à ceux qui ont eu de marchés exécutés avec l’Etat. De nos jours, nos départements ministériels fonctionnent difficilement puisqu’il y a eu un collectif budgétaire à la suite de la suspension de l’appui budgétaire du Fmi et de la Banque mondiale. Par exemple, le département de l’équipement et des transports est ridicule en ces temps où à Bamako, on n’évite pas les trous, mais on choisit ses trous. L’eau et l’électricité sont entrain de devenir des denrées rares. Bref, c’est le malvivre.

 

L’image du pays a été ternie avec ces scandales de surfacturation. Un pays qui avait bénéficié de plus de 2 milliards d’euros d’appui de l’Union européenne, un montant mobilisé par la Transition. Les nouvelles autorités devaient tout simplement créer les conditions pour ramener ces fonds afin de développer le pays. Malheureusement, nous avons vu des dirigeants pressés de s’enrichir.

 

Lors de la dernière rencontre avec l’opposition, le président de la République a dit que dans aucun pays du monde, l’achat d’un aéronef de commandement n’a fait l’objet d’un appel d’offres et que si c’était à refaire qu’il le referait. Ce qu’il ne dit pas, c’est que dans aucun pays du monde, l’achat d’un aéronef de commandement n’a entraîné la suspension. Dans aucun pays du monde, l’équipement de l’armée n’a entraîné la suspension de l’appui budgétaire, avec ses conséquences. Ce sont deux rapports émis par deux structures nationales qui prouvent qu’il y a eu des malversations, des détournements des deniers publics. Toutes choses qui prouvent que, IBK, qui avait rassuré le peuple malien que nul n’est et ne sera au-dessus de la loi, a sciemment crée et entretenu une justice à double vitesse. Puisqu’il y a des gens qui croupissent en prison pour un détournement d’un million de FCFA et, d’autres, accusés de détournement de plusieurs milliards qui vaquent librement à leurs affaires. D’ailleurs, ceux-ci continuent à répliquer même au rapport du Vérificateur général, comme pour noyer le poisson dans l’eau. C’est regrettable pour des gens qui se disent propres, ni n’avoir jamais détourné un centime du peuple malien.

 

Et le code de commandement en dix points que le Premier avait amené dans ses valises et fait signer par ses ministres? Il avait rassuré le peuple malien que ses ministres seront évalués tous les trois mois. Ça fait huit mois qu’il est à la tête du gouvernement malien : quel est son bilan, Qu’est-ce qu’il a pu apporter au peuple malien ? Qu’est-ce qu’il a posé comme acte concret qui a pu contribuer à l’amélioration des conditions de vie des Maliens? RIEN ! A part des scandales financiers, à part également la perte de Kidal.

Je pense le peuple malien a vite compris qu’il n’a pas fait un vote utile le 28 juillet 2013 ; et il est entrain de le payer cher. Ces hommes politiques qui entourent le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, n’ont jamais été avec lui, ils ne’ sont qu’avec le pouvoir. Ils sont là, non pas pour le Mali, mais pour leurs propres intérêts, ayant collaboré avec tous les régimes. Ce n’est pas avec ceux-là qu’on peut construire un Mali émergent et le Mali de nos rêves.

 

Ce tableau montre que tout va mal au Mali. Quelles solutions pour une sortie de crise ?

 

Il faut que les hommes et les femmes reviennent aux fondamentaux, c’est-à-dire le respect de la parole, le respect de la chose publique et le respect du peuple malien. On ne peut pas promettre au peuple malien le changement, le bonheur, la paix et, qu’en un an de pouvoir, le pays se retrouve dans la situation qui le caractérise aujourd’hui. . Comme le lui a demandé l’opposition, notamment Tiébilé Dramé, le président de la République devrait s’adresser à la nation et présenter ses excuses au peuple malien, puisque les hommes qui ont fauté sont sous sa responsabilité.

 

Maintenant, il faut redorer la pratique politique dans ce pays. Le peuple malien est un peuple patient, mais qui est meurtri dans son for intérieur. Il y a une crise de conscience qui s’est installée. Voilà pourquoi, on veut instrumentaliser la religion pour avoir une base politique. On se promène de mosquée en mosquée pour faire des incantations « Dieu ! Dieu ! ». Dieu est là pour tout le monde. Et ce n’est pas en parcourant les mosquées que Dieu va nous venir en secours ; c’est en changeant de comportement ; c’est en étant exemplaires vis-à-vis de nous-mêmes.

 

Ceux qui sont aujourd’hui au pouvoir et qui pensent qu’ils peuvent faire ce qu’ils veulent, qu’ils sachent que la roue de l’histoire tourne. Et l’histoire jugera tout un chacun.

Faut-il un gouvernement d’union nationale ? Je réponds NON. Ce n’est pas le pays qui est en crise, ce sont ceux qui sont aux affaires de l’Etat qui l’ont mis dans cette situation. . Ils ont hérité d’un pays  où le Mali a exercé sa souveraineté sur l’ensemble du territoire national. Ils ont hérité d’un pays où il y avait 2000 milliards de FCFA disposés à Bruxelles pour aider le pays à reprendre son développement. Ils ont dilapidé tout de trésor dans des affaires d’avion, de surfacturations, de garanties bancaires. Aujourd’hui, on demande au président de la République de reprendre la main parce qu’il est le seul qui répondra de son bilan.

 

Réalisée par Sékou Tamboura

(L’Aube 666 du 27 novembre 2014)

Amadou Koïta lAube 2014 IBK doit présenter excuses peuple malien 

 

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