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Echos du meeting religieux du 10 février 2019 à Bamako : le fond du conflit.

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On en a assez parlé déjà, mais il y a un autre aspect à souligner. Celui de la présence des éléments de l’opposition malienne qui s’affichaient gallamment et fièrement aux côtés des imams au stade. Opposition, c’est mal dire parce que les dernières élections ont été fraudées et que c’est une autre couleur qui est sortie des urnes, non celle qui devait l’être en réalité. Au bas de cet article, vous trouverez entre guillemets les causes du divorce entre IBK et les religieux.

Soumaila Cissé et Tiébilé Dramé doivent être personnellement interpellés. Ils sont en train de reprendre la faute qu’IBK a faite, qui leur coûtera encore plus cher. Pour accéder à Koulouba, disons à Sébénicoro actuellement, alors que l’ensemble de l’électorat malien était pour lui, on ne sait quel esprit IBK a eu de s’adresser à ces religieux qui hésitaient encore quant au candidat de leur choix. Voici un extrait :

« Le président du Mouvement Sabati 2012 l’a bien précisé : IBK s’avérait le cinquième candidat sur leur liste, après Cheick Modibo Diarra, Choguel Kokala Maïga, Moussa Mara et Mountaga Tall. Ces derniers ont, selon toute évidence, choisi de bien réfléchir avant d’accepter les critères à eux soumis. C’est donc IBK qui s’est engagé. Le vin étant alors désormais tiré, il faudra le boire. »

Donc, pour damner le pion aux autres, IBK a pactisé, en acceptant de réaliser tout ce qu’ils demandaient. Une fois au sommet de l’Executif, il a oublié les mains « saintes» qui s’étaient promenées sur sa tête pour des bénédictions. En fait, ces « réformes » exigées par les religieux auraient pu mettre en cause la laïcité de l’Etat malien prononcée dans la Constitution de 1992, et créer ainsi une pente en faveur d’une couche sociale musulmane considérée comme majoritaire, et au détriment des autres qui se seraient senties lésées de leurs droits. Il n’en fallait pas plus dans un pays de crise, cherchant à s’en extirper, pour ajouter de la division à la division. Par amour-propre de sa personne de Président de la République qui refuse toute pression ou par le flair d’un danger imminent, IBK ne s’est pas exécuté après être arrivé au pouvoir. Plus encore, il a n’a pas nommé à des postes certains éléments que les religieux lui avait suggérés. De l’étonnement d’abord de la part des derniers, et qui a été jugé après comme une sorte de moquerie, ses «maîtres » ont fini par piquer la colère contre lui. Finalement, la brouille est venue, grandissant de jour en jour. Au dernières élections de 2019, les religieux lui ont déversé leur bile, appelant à voter contre lui.

Les fraudes massives aidant, IBK remporte la comédie électorale. Son camp se met à jeter des pierres dans le jardin des religieux, tentant un rapprochement avec Chérif Ousmane Madani Haïdara et Chouala Bayaya, le même qui s’était dressé contre IBK, pour attérir spectaculairement après dans sa besace de candidat aux élections présidentielles à cause du fric qu’on lui avait mijoté à la figure. De moqueries en moqueries, de rivalités en rivalités, le conflit a éclaté. Le meeting du 10 février et les guerres de vidéo n’en sont que la conséquence.

Ces religieux sont de fins calculateurs. Non par le principe du « diviser pour mieux régner », ils agissent plutôt par celui du «choquer pour rester maître du jeu politique». A leur avis, la présence de Soumi champion à leurs côtés devrait faire réflechir IBK, lui rappeler que son ennemi juré pourrait prendre sa place grâce à leur influence s’il refuse de leur obéir. Ayant déclaré lui- même que son élection en 2013 est le fruit de la force des musulmans, entendez des leaders religieux, les autres hommes politiques estimeraient ainsi qu’en les courtisant, leur tour viendrait plus tôt que prévu avec le mécontement général qui s’est emparé de presque tous les niveaux de la société malienne. Il faut noter au passage qu’on ne parle plus d’électorat dans le pays comme le dit la Loi fondamentale qu’est la Constitution, mais de votes musulmans. Ainsi donc, point culminant de la fourberie, des intrigues et des influences de sous-sol, ce sont les religieux qui sont devenus faiseurs de rois dans le pays !

La présence de Soumaïla Cissé à de tels meetings est une corde qu’il prend à son cou. A supposer qu’il accède au pouvoir dans une telle condition, son règne serait plus lamentable et agité qu’il ne le pense. IBK, le premier traître selon eux, sera parti en douceur. Mais lui, le deuxième traître n’échapperait pas, s’il lui venait en tête de ne pas s’exécuter après. Avec l’exigeance du retour de la peine de mort, il serait la première victime de la guillotine religieuse qui marche déjà sur le pays. Espérons que le coup de fil qu’IBK vient de lui passer sera le début d’un dialogue et d’une entente pour éviter de descendre le pays dans la fournaise religieuse une fois pour toute.

Quant à Souneylou Boubeye Maïga, il est un personnage assez controversé du grand milieu politique malien. Aimé, craint et haï à la fois, il reste le cheval de Troie. De l’incident dans son hôtel de Paris, en passant par le très triste voyage de Mara à Kidal, pour finir par le récent scandale de « corruption » dit des 50 millions, alors que les cheminots crèvent de faim sans salaires de 10 mois, il donne bien l’image d’un Caterpillar qui écrase tout sur son passage. IBK le garde à ses côtés comme conquérant manding, rempart et épouventail. Ce qui n’est pas du goût des religieux qui ne le trouvent pas invincible. Alors, ils se sont jetés sur sa personne, exigeant son départ. Malgré la profonde indignation provoquée par les 50 millions, si Boubeye part dans ces conditions, les religieux voulant des marionnettes qu’ils peuvent manipuler dans leurs propres intérêts, aucun autre PM ne pourra plus jamais tenir face à eux, parce qu’il le sera à titre purement décoratif, sans pouvoir réel et sans mot à dire.

Et le prochain président ne serait ni Soumi champion, ni Tiébilé Dramé. Mais un imam qui a fini à peine six classes d’école et qui ira s’asseoir avec des rompus en politique internationale pour parler des affaires du Mali. C’est comme demander à un enfant de deux ans de préparer le repas de fête pour tous.

Ce qui fache est que tous se fichent des Maliens !

Sékou Kyassou Diallo.

Alma Ata, Kazakhstan.

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