Attendu par le peuple malien sur les questions de la nation, qui minent la paix et la cohésion nationale, telles l’insécurité, l’absence de dialogue politique, la multiplication des fronts de revendications d’ordre social, la vie chère, le défi des reformes politiques et sécuritaires, le Président IBK lors de son discours du mardi 16 avril 2019, a laissé les Maliens sur leur faim. Au moment où la classe politique (opposition, majorité et hybride), la société civile, et l’ensemble des forces vives de la nation réclament de tous leurs vœux, des concertations nationales, le Président y concède, mais en les vidant de tous leurs contenus. Oui aux concertations nationales, mais la priorité à la révision constitutionnelle ! Oui aux concertations nationales, mais le Président est-il seul à en fixer les règles, le contenu et le timing ? De quel jeu démocratique s’agit-il, pour aboutir à quel consensus national ? « Aussi ai-je décidé de confier à un triumvirat la tâche de diriger un cadre de concertation nationale regroupant du 23 au 28 avril 2019 les représentants de toutes les forces politiques et sociales de notre pays. Les remarques et propositions issues des travaux de ce cadre de concertation seront prises en compte dans l’avant-projet de loi portant révision de la Constitution du 25 février 1992 », souligne le Président. Mettre la révision constitutionnelle en avant, dans un pays ensanglanté et qui brûle, parait pour le moins paradoxale. Un secours sera apporté aux populations civiles victimes de violences du fait de l’insécurité au Centre de notre pays, à travers un fonds d’intervention d’un milliard de francs CFA, puisé dans le Programme Présidentiel d’Urgences Sociales. Cette mesure qui vise à atténuer les effets de la crise sur les victimes, tranche cependant avec l’absence de solution pour freiner les causes dévastatrices. « Sur mes instructions, le Gouvernement procédera également à un glissement de crédits de douze milliards de francs CFA vers les services sociaux de base dans le cadre du Plan de Sécurisation Intégré des Régions du Centre (PSRIC) », annonce le chef de l’Etat, sans se prononcer sur la faisabilité de ce projet dans le contexte d’insécurité et d’attaques permanentes. Sur le plan éducatif, le Président regarde plutôt le rétroviseur : « Cette revendication était au cœur du combat des étudiants et des scolaires maliens, ceux de l’intérieur comme de l’extérieur, et à travers plusieurs générations », dit-il, sans tenter de fuir ses responsabilités par des propos du genre, « je ne suis pas responsable de la situation actuelle ». La posture qui vaille pour les autorités actuelles est de faire entièrement face au problème de l’école, seule option pour assurer au Mali un avenir radieux. Sur la question de l’éducation, que comprendre de la velléité du ministre de l’Economie et des Finances, Boubou Cissé (interpellé à l’Assemblée nationale) à ne rien concéder aux enseignants grévistes et du désaveu du Président IBK, ordonnant de débloquer les salaires des enseignants grévistes: « je m’y suis engagé et ce sera fait Inchallah », a tranché IBK.
B. Daou
Le Républicain