Les bi-appartenants observent, depuis mercredi dernier, une grève illimitée dans deux Centres hospitalo-universitaires (CHU) : l’Hôpital du Mali et l’hôpital de Kati. Ils réclament le paiement des arriérés de leurs indemnités. Un peu d’explication s’impose pour mieux comprendre la situation.
Les bi-appartenants sont des enseignants chercheurs qui émargent au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Ils gardent aussi un pied au niveau des établissements hospitaliers où ils perçoivent des émoluments pour leur participation à des activités hospitalières, notamment les activités de soins, d’encadrement et de recherche basique.
Pourquoi les bi-appartenants observent-ils un arrêt de travail dans les deux hôpitaux et pas dans les autres établissements hospitaliers ? Il faut rappeler que pour les autres structures hospitalières, les inscriptions budgétaires pour la prise en charge des indemnités de cette catégorie de personnel étaient suffisantes pour faire face aux besoins.
Certains hôpitaux ont perçu plus de 300 à 400 millions de Fcfa. Alors que pour l’Hôpital du Mali par exemple, la ligne budgétaire consacrée à la prise en charge des indemnités des bi-appartenants est de 28 millions pour un besoin annuel de 120 millions de Fcfa.
Pourtant le seul établissement hospitalier de la rive droite a consenti des efforts importants sur ressources propres pour mobiliser 40 millions de Fcfa afin de payer les émoluments des bi-appartenants. Mais cela n’est pas suffisant, il reste un gap à combler.
Pourquoi l’État accorde-t-il des centaines de millions de Fcfa aux autres structures pour faire face au paiement des indemnités des bi-appartenants et de petites inscriptions budgétaires aux deux structures concernées par la grève ? Une précision : les consultations, les examens de laboratoires et autres activités cliniques se déroulent normalement dans les deux hôpitaux. Seuls les bi-appartenants manquent à l’appel. Pour s’enquérir de l’effectivité de la grève, notre équipe de reportage a fait un tour à l’hôpital de Kati ou Centre hospitalo-universitaire (CHU) Pr Bocar Sidy Sall. Constat, les activités se déroulent et l’administration hospitalière fonctionne normalement.
Au service de gynécologie-obstétrique, le Dr Boubacar Guindo, représentant de la coordination du Syndicat des médecins et du Syndicat des cadres médicaux à l’hôpital de Kati, était sur place. Il a précisé que les bi-appartenants sont payés par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, mais pour leurs prestations dans les hôpitaux, ils perçoivent des émoluments.
Il a évoqué à ce propos la loi n° 02-050-AN-RM du 22 juillet 2002 portant loi hospitalière. L’article 84 de cette loi stipule que le personnel médical relevant de la fonction publique comprend : « des médecins, des pharmaciens et des chirurgiens dentistes bi-appartenants. En plus de leur énumération assurée par le ministère chargé de l’Enseignement supérieur, ils bénéficient d’une indemnité spéciale versée par leurs établissements, qui correspond au paiement de leurs activités ».
Mais ce que notre interlocuteur ne précise pas, c’est que cette même loi précise que les hôpitaux doivent signer des contrats avec les bi-appartenants. Ils ne sont pas très souvent sur place et restent moins accessibles pour les malades. Or la raison d’être d’un médecin, c’est le malade.
De 2016 à maintenant, malgré les procès-verbaux de conciliation de la gestion des préavis de grève déposés les 16 novembre 2018, 1er avril 2019, et 2 juillet 2019 par le collectif du Syndicat national de la santé, de l’action sociale et de la promotion de la famille (SNASPF), du Syndicat des médecins du Mali (SYMEMA), du Syndicat des cadres médicaux (SYNCAM) de Kati, rien n’a été versé dans les comptes des bi-appartenants.
A l’Hôpital du Mali, un responsable joint au téléphone confirme l’effectivité de la grève des bi-appartenants dans cet établissement de soins qui reste un véritable motif de satisfaction pour nos compatriotes et mérite d’être soutenu par la tutelle pour garder le leadership.
Siné S. TRAORÉ
Source: L’Essor-Mali