Bamako, 25 septembre (AMAP) Le phénomène des jeunes filles, qui vendent dans nos rues, est devenu, aujourd’hui, un fléau social. Il constitue un grave problème, révélateur d’une crise « sociale et morale » qui accompagne la modernisation de la société et ses contraintes de quête du quotidien.
Il en est ainsi de cette période de vacances, où beaucoup d’enfants se retrouvent sur la voie publique, notamment des jeunes filles commises à la vente de toutes sortes de produit de saison : arachides, citrons, bibelots…
Les vacances sont des moments où les jeunes filles doivent pouvoir s’amuser. Mais de nos jours, on voit certaines filles qui se promènent, à longueur de journée, pour faire du petit commerce. Certains parents n’hésitent point de donner à leurs filles des marchandises, et ainsi a les pousser dans la rue, pour à vendre. Il y a certaines filles qui sortent depuis le matin, pour faire le tour de la ville, jusqu’au petit soir. D’autres sortent le soir. Pire, il y a des jeunes filles qui se perdent, qu’on ne retrouve pas. Toutes sont exposées à des abus sexuels, des accidents de la circulation ou encore a une disparition grosse de conséquences pour elles et leur vie future.
Depuis la fin de l’année scolaire, les rues et les grands carrefours sont envahis par des enfants mineurs qui vendent des marchandises aux passants et aux automobilistes. Ces enfants se faufilent entre les véhicules, traversent la chaussée, sans prendre de précautions. Il y a des endroits où les jeunes filles sont exposées à toutes sortes de dangers, notamment, des agressions sexuels ou viols, des accidents de la circulation et même des enlèvements. Car, pendant que les enfants, en vacances, dont dans la rue, de mauvaises rencontres les guettent, au détour d’une rue, d’un endroit mal éclairé ou repaires de pervers, d’agresseurs, de voleurs ou encore d’assassins. Tout comme des spécialistes du trafic d’enfants et d’organes humains affûtent aussi leur stratégie. Tous savent que c’est une période, au cours de laquelle, ils peuvent avoir des proies faciles.
Aminata Bagayoko s’est, une fois, perdue lorsqu’elle vendait des arachides que sa maman lui a données. C’était au petit soir, sa maman assise devant sa porte avec ses arachides et des mangues, dans l’assiette, sur une table. Aminata a insisté pour que sa maman lui donne des arachides à vendre. Au début, sa maman avait refusé mais Aminata a pu faire céder maman qui lui a donné des arachides pour l’équivalent de 1500 Fcfa. La jeune fille était avec son amie. Selon Aminata, au crépuscule, elle s‘est perdu au détour d ;une rue. Elle a été obligée de dormir dans la rue. Et le matin, elle a rencontré un jeune homme qui la conduite chez ses parents saine et sauve. Un dénouement heureux.
Fatoumata Diagouraga, elle, n’a pas la chance de sortir indemne de sa mésaventure. Elle a été victime d’un viol. Chaque soir, elle partait vendre des chaussures dans le parc à bétail de Faladié. « Un jour, je suis partie vendre mes chaussures au ‘garbal’. J’ai rencontré un homme. Il a acheté deux paires de chaussure. Je n’avais pas la monnaie à lui rendre. Il m’a conduite dans un endroit horrible, soi-disant, pour me remettre mon argent. C’est là qu’il a abusé de moi », se remémore Fatoumata.
« Je jure devant Dieu que je ne laisserai plus ma fille vendre dans la rue. Hier, seulement, ma fille de 11 ans a failli perdre la vie, en traversant la route. Un motocycliste l’a renversée et elle s’est cassée un bras », a dit Mme Cissé Fatoumata Magassouba. Son appel à tous les parents ? « Ne pas exposer leurs filles aux dangers de la rue ». « Une fille doit rester à la maison, pendant les vacances, et aider sa mère dans les travaux domestiques », a-t-elle confié.
Mme Diawara Aminata Sangaré est ménagère. Sa deuxième fille a été victime d’un accident de la circulation en vendant les petits articles à la veille de la fête. « Ce souvenir douloureux restera gravé dans ma mémoire’, a-t-elle dit, avant d’exhorter « toutes les mères à surveiller de près leurs filles ».
Mme Diakité Nènè Diallo, une mère de famille, est soucieuse devant le comportement de certains parents. Elle a cinq filles à la maison, mais aucune d’entre elles n’est jamais sortie pour vendre. Selon elle, une fille doit rester à la maison sous la surveillance de ses parents, car, « une fille, c’est la clé de la maison car elle est appelée à devenir une mère de famille, un jour ».
Un chef de quartier, qui habite à Niamakoro, témoin de plusieurs cas douloureux de drame arrives a des fillettes, invite toutes les familles à redoubler de vigilance pendant ces trois mois de vacances. Il raconte que l’année dernière, une jeune fille, qui vendait dans la rue, a été percutée par un véhicule. Elle a été conduite à l’hôpital. Ses parents ne se sont pas rendus compte de son absence, pendant trois jours, parce qu’ils étaient habitués à la voir sortir tôt et rentrer tard.
Heureusement, les soins de la fille ont été payés par des personnes généreuses. Sinon la fille serait morte. « C’est dire qu’il faut veiller sur les enfants, même à la maison », a-t-il dit. Son conseil aux parents : « Le soir avant de se coucher, il est important qu’un parent vérifie si ses enfants sont dans leur lit. Pour ceux qui veulent que leur progéniture exerce une activité commerciale, il vaut mieux éviter qu’elle soit vendeur ambulant ».
FTD/MD (AMAP)