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Crise scolaire: le gouvernement s’embourbe

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Alors que les enseignants volontaires ont du mal à se faire accepter dans les établissements scolaires, le Collectif des syndicats enseignants signataires du 15 octobres 2016 se met dans une logique d’arrêt de travail, depuis hier lundi, en attendant l’exécution de son préavis de grève des 25 jours qui démarre ce 2 avril. Si le gouvernement ne change pas de fusil d’épaule, l’on est plus loin du scénario catastrophique de 2019 où l’année scolaire a été sauvée de justesse grâce à un accord à la sauvette arraché le 18 mai 2019.

Pour exiger l’application de l’article 39 de la loi n° 2018-007 du 16 janvier 2018, portant statut du personnel enseignant de l’enseignement secondaire, fondamental et celui de l’éducation préscolaire et spéciale, le Collectif des syndicats enseignants signataires du 15 octobre 2020 a déposé, hier lundi, un nouveau préavis de grève de 25 jours, soit 600 heures sur toute l’étendue du territoire. Il s’agit, selon le porte-parole du collectif, Adama Fomba, d’un préavis de grèves séquencées allant du jeudi 2 au vendredi 3 avril 2020 ; du lundi 6 au vendredi 10 avril 2020, du mardi 14 au vendredi 17 avril 2020, du lundi 20 au vendredi 24 avril 2020, du lundi 27 au jeudi 30 avril, du lundi 4 au vendredi 8 mai 2020 inclus.

Le temps de la trêve qui s’étend entre la fin de la grève des 20 jours et celle des 25 jours, qui devait permettre aux élèves de regagner les classes, est en train d’être utilisé par les enseignants pour régler un autre compte avec le gouvernement, la revendication des salaires du mois de février encore bloqués. Ainsi donc, les enseignants sont en arrêt de travail, depuis ce lundi, jusqu’au déblocage de leurs salaires en souffrance.

Le porte-parole du Collectif des enseignants du Mali, Adama Fomba, explique que cet arrêt de travail est une façon de dénoncer le blocage des salaires des enseignants. Car selon lui, ce blocage des salaires, qui ne frappe pas que les grévistes, est le témoignage de l’incompétence du gouvernement Boubou Cissé à gérer le pays.

« Tant qu’il n’y a pas virement, pas de travail. Même si c’est zéro franc, ce qui est impossible, puis qu’il a été demandé de prélever 19 jours sur 30 sans compter la prestation familiale, il faut nous verser le reste de nos sous. Mais il se trouve que le gouvernement n’arrive pas à faire ce travail à tel point que les autres travailleurs de l’éducation qui ne sont pas en grève ne sont pas encore payés idem pour ceux qui sont en congés. Est-ce que cela est aussi la loi », tempête Maliki Amadou Sangho sur sa page Facebook.

Pour minimiser les effets de la grève des enseignants, Boubou Cissé avait misé sur un Plan B, le recrutement de 15 300 enseignants volontaires pour tenir les classes en attendant de trouver un accord avec les enseignants grévistes.

Ce recrutement ne fermait guère la porte au dialogue avec les enseignants grévistes. Il n’est pas non plus question de leur radiation des effectifs de la Fonction publique au profit des volontaires. Ce serait d’ailleurs une violation du droit de grève consacré par la Constitution qui en son article 21 dispose : ‘’ le droit de grève est garanti. Il s’exerce dans le cadre des lois et règlements en vigueur’’. Pour cela, le Premier ministre a mis à contribution les partis politiques de la Majorité présidentielle, après l’échec des négociations le vendredi 17 janvier 2020 ; les organisations de la société civile qui viennent en appoint des efforts des médiateurs traditionnels.

Par ce recrutement, le PM était sur une logique : garder les élèves en classe. Dans cette veine, la durée du contrat (6 mois) proposé aux volontaires n’est pas anodine. Elle couvre la période nécessaire pour boucler l’année.

Mais ce plan a montré jusque-là ses limites. Car du 27 janvier 2020, date du lancement du concours à ce jour, rien ne marche : impossible de parvenir à un accord avec les enseignants grévistes et impossible pour les volontaires de reprendre la main.

Ces derniers, depuis plus d’une semaine, sont chassés ou même violentés par les élèves et les enseignants. En effet, beaucoup d’enseignants voient en ces volontaires une sérieuse menace à leur combat pour la satisfaction de l’article 39.

Dans plusieurs écoles à Bamako, les volontaires ont été tout simplement éconduits : à l’école Magnanbougou Projet, au groupe scolaire de Banankabougou, les volontaires ont été chassés par les élèves.

Selon des informations qui circulent sur les réseaux sociaux, le maire de la commune de Kapolondougou, cap de N’Kourala, a rejeté la liste des volontaires dans sa commune.

En attendant un plan C du gouvernement, malgré le blocage de leurs salaires du mois de février, le combat semble à l’avantage des enseignants.

Par Sidi DAO

Info-Matin

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