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Confinement: IBK a-t-il tranché trop tôt ?

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Le Président de la République, Ibrahim Boubacar KEITA, a reçu en audience, avant-hier lundi, le comité scientifique chargé de la gestion du Covid-19 dans notre pays. Cette rencontre avec ledit comité avait pour objectif de faire le point de la situation et échanger sur les dispositions idoines à prendre pour circonscrire la pandémie.

En cette période de crise sanitaire, les membres du comité scientifique ont la mission d’éclairer la lanterne des décideurs dans la prise des décisions pour lutter contre le COVID-19 dans notre pays. La principale proposition de cette rencontre avec le Président est d’isoler les villes de Bamako et de Kayes. Une mesure qui peut être considérée comme un mal nécessaire face à la propagation du coronavirus qui est en train de gagner tout le territoire national.

Lors de la rencontre avec le chef de l’État, les scientifiques ont réitéré leur proposition d’isoler Bamako et Kayes. Il reste à savoir si le Président IBK va suivre les scientifiques. Le 19 avril, après avoir accompli son vote, il avait écarté toute décision de confiner Bamako. Maintenant que les scientifiques proposent l’isolement, le chef de l’État acceptera-t-il cette autre mesure?

En marge des actions visant à sensibiliser les populations à respecter les mesures barrières, le comité scientifique vient de proposer au chef de l’Etat une mesure un peu plus contraignante. Face à la propagation de la maladie dont des cas ont été enregistrés dans plusieurs régions, le comité scientifique a proposé d’isoler les villes de Bamako et de Kayes qui sont les épicentres de la maladie.

En attendant, la proposition des scientifiques sera examinée lors du conseil des ministres, d’aujourd’hui mercredi.

Aux dires du Coordinateur national de la Cellule de lutte contre le Covid-19, le Pr Akory Ag Iknane, c’est la deuxième fois que le comité fait cette recommandation. Il n’a pas manqué d’expliquer les limites de la mesure et les dispositions à prendre pour minimiser l’impact de cet isolement sur les populations.

Le Coordinateur national a reconnu que la ville de Bamako est ravitaillée en produits agricoles par d’autres zones. Aussi, les produits manufacturés proviennent de la capitale vers de nombreuses contrées du pays. Ainsi, l’isolement de la capitale aura des conséquences et pour les populations de Bamako et pour celles de l’intérieur du pays.

IBK est-il sur la même longueur d’onde que le comité scientifique. Acceptera-t-il la décision des scientifiques ? Déjà, le dimanche 19 avril, après son vote, le chef de l’État s’est dit favorable à un isolement de Bamako afin d’éviter la propagation de la maladie à l’intérieur du pays. Une position également partagée par le comité scientifique de lutte contre le Covid-19.

Cependant, le président IBK a écarté toute thèse de confiner la capitale malienne, l’épicentre de la maladie. « J’exhorte beaucoup au port des masques parce que nous ne pouvons pas confiner les Maliens, les bloquer à la maison, les condamner à la mort par la faim. Nous avons le devoir de les protéger. J’espère que chacun comprenne que le masque protège. Il faut le porter pour vous, pour vos enfants, pour vos familles et pour les autres aussi. Chacun a le devoir de protéger tout le monde », a déclaré le Président de la République après avoir accompli son vote le 19 avril à Sébénicoro.

Les raisons humanitaires avancées par le Président IBK quoiqu’à son honneur résistent-elles aux prescriptions insistantes de ses experts qui prônent l’isolement de Bamako ? La balle est alors dans le camp d’IBK pour trancher cette question d’isolement de Bamako et de Kayes.

Qu’il s’agisse de confiner ou d’isoler ces deux villes, la décision n’est pas facile dans l’un ou l’autre des cas. Malgré que l’idée de confiner est d’emblée écartée, l’isolement de Bamako et de Kayes peut avoir comme conséquence une crise humanitaire importante.

La position du président de la République de ne pas confiner Bamako est compréhensive quand on sait que les Maliens vivent du jour le jour. Sans confinement, populations pourront vaquer à leurs occupations et chercher leur pain quotidien. Cela minimisera le risque de voir mourir plus de Maliens de faim que le coronavirus n’aura tué. Mais, il faut reconnaître que le non-confinement contribue à la propagation de la maladie. Les conséquences peuvent être très graves et il faudrait mettre plus de temps pour maîtriser la maladie. C’est dire que le chef de l’État est face à un dilemme.

En termes de conséquences humanitaires, le confinement et l’isolement sont du pareil au même. Le Président se trouve alors entre le marteau et l’enclume. Aujourd’hui, une décision qui consistera à isoler Bamako et Kayes sera lourde de conséquences. Mais, c’est le prix à payer, comme l’ont déjà fait certains pays de la sous-région, pour contrecarrer cette maladie. Les Maliens attendent alors la réponse du Président de la République qui doit trancher aujourd’hui, normalement.

PAR MODIBO KONE

Info-Matin

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