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Audit du ministère de la Défense au Niger: les deux principaux fournisseurs à l’index

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L’audit du ministère nigérien de la Défense a mis au jour un manque à gagner de plus de 110 millions d’euros pour l’État, via des surfacturations, contrats fictifs mise en concurrence déloyale… Une enquête est actuellement menée par la police judiciaire. Le rapport d’audit ne s’intéresse pas à la chaîne administrative qui a abouti à la validation des contrats, mais se focalise sur une douzaine de fournisseurs de matériel militaire. Deux hommes sont cependant signataires de la majorité des contrats passés au peigne fin par les enquêteurs. Aboubacar Charfo, connu surtout pour son activité dans le BTP. Et le premier en termes de montant de contrats signés : Hima Aboubacar, alias Petit Boubé. Son nom résonne depuis longtemps dans le secteur des marchés de défense.

Petit Boubé, comme on le surnomme, concentre près de 40% des surfacturations épinglées par les enquêteurs. Et ce essentiellement via une société enregistrée au Nigeria qui aurait signé, entre 2015 et 2018, 88 milliards de francs CFA de contrat, le tiers surfacturé et non livré, selon le rapport provisoire d’audit. Des affirmations que se refusent pour l’heure à commenter l’avocat du milliardaire.

« C’est quelqu’un qui se méfie de tout le monde, et n’a pas d’ami », explique un homme qui a fait affaire avec lui il y a quelques années avant d’ajouter : « Il n’a aucun scrupule ». Pour ses proches, ces critiques ne sont que jalousie.

Son atout : avoir les fonds nécessaires pour se poser en supplétif de l’État pour certains contrats. Il avance ainsi parfois de l’argent, avant de se faire rembourser par le Trésor public. « Il se paie sur des commissions ou des taux d’intérêts faramineux », confie un connaisseur des rouages financiers nigériens. D’où un de ses surnoms, « le magicien des contrats ».

Marié à la fille de l’ancien président Baré Maïnassara, il côtoie les plus grands. A Niamey on connaît ses palais de marbre, dans lesquels plusieurs chefs d’Etat ont été hébergés. Illustration de sa proximité avec la présidence. A Paris, il est propriétaire de trois hôtels particuliers avenue Foch et de plusieurs voitures de luxe.

Jusque-là très protégé, il n’a pour l’instant pas été inquiété dans ce dossier nigérien. Mais un de ses très proches le chef d’état-major de l’armée de l’air a lui perdu son poste le 22 mai.

Aboubacar Charfo est lui un commerçant originaire du département de Bouza dans la région de Tahoua, fief du président Issoufou. Sur les contrats passés au crible par le rapport provisoire d’audit, c’est lui qui en a signé le plus après Hima Aboubacar et ce, pour un montant de 57 milliards de francs CFA. Le tiers des contrats qui lui ont été confiés seraient surfacturés ou non livrés, toujours selon ce document.

Les Etablissements Charfo sont essentiellement connus pour leur activité dans le BTP. Mais ces dernières années le nombre de contrats signés par Aboubacar Charfo dans le secteur de la défense aurait explosé, selon plusieurs observateurs. Camions, véhicules blindés, bus, motos, pièces détachées, lunettes de vision nocturne, armes et munitions, il importe notamment du matériel chinois.

Comment s’est-il introduit dans le secteur ? « Au vu de son assise nationale il a les liquidités pour faire les avances nécessaires à ce type de contrat », explique un homme politique de la région de Tahoua. « Ce qui compte ce sont surtout ses connections dans la mouvance présidentielle », précise une autre source politique.

Joint par RFI, Aboubacar Charfo n’a pas souhaité s’exprimer.

RFI

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