Je suis octogénaire, malien de souche et très fier de l’être. Messieurs,
La vérité n’a ni frontière ni culture, car elle est la culture. Une fois trahie et altérée, la rétablir est l’acte le plus noble et le sublime qu’un homme digne de se doit d’accomplir.
Nous sommes dans un bateau qui vogue insidieusement mais inexorablement dans l’épais brouillard d’une crise sur une mer agitée qui est devenu notre pays.
Notre chant doit être désormais s’unir avant que ne se creuse l’abîme qui nous ensevelira.
Monsieur le Président,
Etant de la même génération que vous, je vous tiendrais des propos inter- générationnels plus propres, sans dithyrambe dans le seul intérêt de notre grand pays pour lequel nous avons un amour viscéral. Vous à la magistrature suprême et moi avec ma plume vieillissante apporté ma modeste contribution par des suggestions pour une sortie de crise.
Au regard des faits et eu égard à l’intransigeance des deux parties, vous et le M5-RFP, je dirai que la balle est dans votre camp et la solution entre vos mains.
Pour vous faciliter la tâche, je rappelle que l’histoire dans sa marche inexorable et événementielle, rythmée par le comportement des hommes qui tantôt la rende tolérante, belle et sublime, tantôt cruelle et inique où l’ego et le moi prennent le dessus sur la raison et la réalité surtout quand s’y mettent autour de vous ces flagorneurs, thuriféraires aux propos dithyrambiques avec un verbalisme pour pompeux saupoudré d’un négativisme de répulsion et qui par la vanité des positions sociales juge témérairement de ce qu’ils ne connaissent que confusément et obscurément.
Monsieur le Président
Je vais emprunter à mon jeune frère Abdou Latif COULIBALY un titre qui résume les raisons profondes du combat du M5-RFP : la république abimée, notre république est abimée ; lorsque les scandales, la corruption, la concussion et le népotisme sont monnaie courante.
Notre république est abimée par un tâtonnement sans cesse de la crise djihadiste.
Notre république est abimée quand des guerres ethniques « bambara, peulh, dogon » ont atteint une ampleur jamais égalée.
Notre république est abimée lorsqu’on utilise les systèmes judiciaires pour ses intérêts ou celui de son parti.
Notre république est abimée lorsqu’elle mise au service d’un clan ou d’une famille.
Moi-même j’ai été choqué et meurtri lorsque les médias à Dakar vous ont cité dans une affaire d’achat de terrains aux Almadies qui est pendante devant la justice sénégalaise. Bien sur la liste n’est pas exhaustive.
Les griefs soulevés et retenus par le M5-RFP ne sont pas de la conjecture mais des faits et ne pas les reconnaitre, c’est faire preuve de malhonnêteté intellectuelle ou de cécité politique.
A tous ces faits, si vous ne prenez garde, un autre fardeau plus lourd encore viendra rallonger cette longue liste : « la gestion de la pandémie de la COVID 19.
Monsieur le Président, cher frère
Notre jeunesse admirable, à la pointe de tous les combats, vibrante et généreuse, qui compte tenu de la situation du pays à l’économie de plus en plus exsangue se fait de plus en plus des illusions sur la condescendance d’un monde au repli identitaire de plus en plus virulent qui lui font perdre tous ces repères, tant elle n’a plus d’espoir dans son propre pays.
Cher frère Président : l’on dit souvent que les grands chefs sont à l’image de la grandeur de leur acte.
Et,
J’y ajoute ce que disait le grand écrivain José Marti, je cite : « la grandeur des chefs n’est pas dans la personne, mais dans la mesure où ils servent de leur peuple ». Fin de citation.
Cher frère Président :
Avant la dernière élection présidentielle à laquelle il a participé, le Général De Gaulle avait déclaré : « si je suis mis en ballotage au premier tour, je démissionnerais et me retirerais chez moi à Colombey les deux églises ». Ce qu’il fit à la proclamation des résultats.
La preuve du désamour de ces concitoyens pour lui, malgré son passé glorieux, mais surtout que même élu au deuxième tour, la gestion de l’état serait chaotique avec une instabilité permanente, voire insurrectionnelle.
Plus près de nous, que dis-je chez nous après l’affreux coup d’état du 22 mars 2012 par quelques égarés, venus se servir au lieu de servir l’état avec son cortège de désolation, où le crépitement des armes à l’aurore remplaçait le chant du coq, votre jeune frère ATT, père de la démocratie malienne et l’homme du 26 mars 1991, à 45 jours de la fin de son mandat et préparant activement les prochaines échéances électorales pour céder la place et remettre le flambeau à celui qui sera démocratique élu.
Le 08 avril 2012, les médias ont rapporté sa démission sans pression afin d’éviter les tueries et mettre fin aux affrontements meurtriers et fratricides pour le bien du Mali.
Cher frère Président
Ne laissons pas la passion prendre le dessus dans ces heures graves sur la raison et la sagesse et l’égo nous aveuglé au risque de voir détruit tout ce que nous avons construit. Le Mali ne mérite pas ça.
Alors cher frère présenté votre démission solennellement auprès de qui de droit dans la résilience et le souci du devoir accompli.
Ce serait un acte de portée historique, un acte sublime et plein de noblesse car la démission n’est pas interdite même pour un président en exercice.
Vous nous éloignerez de se spectre de mars 1991 où des corps ensanglantés et désarticulés jonchaient les rues, les yeux révulsés, la bouche grande ouverte ou tordue par la douleur dans leur dernier souffle. Un vrai carnage avec plus de 200 morts.
A mes frères M5-RFP
Vous avez avec courage et détermination, identifié et exposé les maux qui gangrènent notre société au péril de votre vie. Un réveil de conscient sans lequel notre pays serait tombé dans la délinquance totale avec comme conséquence sa disparition en tant qu’état.
Qu’honneur et connaissance vous soit rendus.
Soyez humble dans vos démarches sans triomphalisme, ni suffisance, encore moins d’arrogance car le Mali de nos cœurs aujourd’hui abattu et angoissé doit se relever dans le pardon et la concorde.
Accompagnez votre frère le Président dans la phase de transition qui va suivre avec sincérité et sans retenu.
Veuillez au choix et au profil de celui qui sera désigné pour diriger pendant la transition et préparez des élections présidentielles libres et démocratiques afin que notre Mali, le Mali de l’Afrique revête ses habits de lumières comme une nouvelle mariée libre, heureuse et épanouie.
Que Dieu protège et bénisse le Mali !
Fousseynou DIARRA
Pilote Commandant de Bord à la Retraite Fass Mbao, Dakar Sénégal
77 165 24 44/ WhatsApp 76 394 64 91
Source: L’Aube