Un peu moins de 300 personnes ont été arrêtées dimanche 6 septembre à Hong Kong, alors qu’elles manifestaient contre le report d’un an des élections législatives, officiellement pour cause de coronavirus. Dans la soirée, dans un communiqué, le gouvernement de l’ancienne colonie britannique a condamné les « actes illégaux et égoïstes » des manifestants.
Ce sont des scènes, chaotiques et violentes, qui ont à nouveau eu lieu, dès le milieu de l’après-midi, dimanche, et jusque tard dans la soirée, rapporte notre correspondante à Hong Kong, Florence de Changy. Des scènes comme Hong Kong en a vu des centaines l’an dernier mais nettement moins depuis l’adoption de la loi de Sécurité nationale le 30 juin.
Durant la manifestation, l’interpellation brutale d’une fillette de 12 ans qui a été mise à terre brutalement par une meute de policiers alors qu’elle essayait de s’enfuir d’une scène de confrontations a ému et scandalisé les réseaux sociaux.
La police avait déployé 2 000 hommes. La plupart casqués et en tenue anti-émeutes vert-kaki. Mais nombre de policiers étaient aussi en civil, ou même en tenue de manifestants, shorts et tee-shirts, mais armés de gaz poivre ou de bâtons rétractables.
Manifestation contre le report des élections
« Rendez-moi mon vote », « Flics corrompus » : ce sont les slogans que scandaient des manifestants descendus dans les rues de Hong Kong, dimanche 6 septembre, pour protester contre le report à l’année prochaine des élections législatives qui devaient se dérouler ce jour. Ils estiment que le gouvernement leur a confisqué leur droit de vote où l’opposition pro-démocratie semblait en position de force pour emporter la majorité au Parlement.
Les manifestants ont également exprimé leur inquiétude sur le sort des douze jeunes qui ont été interceptés par les garde-côtes chinois il y a deux semaines alors qu’ils tentaient de fuir par la mer et dont nous n’avons pas de nouvelles depuis.
Nombreux des manifestants étaient présents aussi pour protester contre la nouvelle loi sur la sécurité nationale, votée à la fin du mois de juin, et qualifiée de liberticide par ses opposants. Certains ont indiqué qu’ils étaient là pour montrer que la nouvelle de sécurité nationale ne leur faisait pas peur.
Depuis l’entrée en vigueur de cette loi, dénoncée vendredi 4 septembre par des rapporteurs de l’ONU comme représentant un risque pour les libertés et le droit de manifester, au moins 22 personnes, parmi lesquelles le patron de presse Jimmy Lai et la célèbre militante Agnes Chow, ont été arrêtées. Dimanche, une manifestante qui aurait chanté des slogans en faveur de l’indépendance a aussi été arrêtée.
Presque toutes les manifestations sont interdites cette année
Dimanche matin, avant la manifestation, un animateur de radio et militant pro-démocratie avait déjà été arrêté pour « propos séditieux ». La police n’a pas donné plus de précisions.
Leung Kwok-hung, Figo Chan et Raphael Wong, trois figures de proue du mouvement pro-démocratie ont été également arrêtés pendant cette manifestation qui avait été interdite. Quasiment toutes les manifestations ont été interdites cette année. Raisons invoquées par les autorités : problèmes de sécurité et lutte contre le coronavirus.
Mais la date de ce dimanche 6 septembre était symbolique, puisqu’il s’agissait du jour des législatives reportées. Après leur succès lors des élections locales de l’an dernier, les opposants pensaient obtenir une majorité inédite à l’assemblée hongkongaise, et ils tenaient à faire connaître leur mécontentement.