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Mexique: le président met en jeu l’avion présidentiel à la loterie nationale et ne fait pas recette

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Ce mardi 15 septembre, le Mexique célébrait le 210e anniversaire de son indépendance. Le président Andres Manuel Lopez Obrador a choisi ce jour symbolique pour réaliser le tirage de sa grande loterie nationale qui mettait en jeu… l’avion présidentiel !

De notre correspondante à Mexico,

C’est une gestion des richesses de l’État pour le moins atypique, de la part d’un président qui, en deux ans au pouvoir, s’est montré plus efficace sur le plan de la communication que dans les faits.

Tout a commencé avec ce fameux jet présidentiel, étrenné par Enrique Peña Nieto, président jusqu’en 2018. Pendant la campagne électorale qui a suivi, l’actuel président Andres Manuel Lopez Obrador, dit AMLO, en avait fait un symbole de la corruption des gouvernements précédents.

Il disait qu’il aurait honte de monter dans un avion aussi pharaonique alors que près de la moitié des Mexicains vivent sous le seuil de pauvreté. Et il avait promis de le vendre. Sauf que deux ans après son élection, l’avion n’a toujours pas trouvé preneur.

C’est là qu’il y a six mois, AMLO a eu cette idée : mettre le jet en jeu dans une gigantesque loterie nationale. 6 millions de billets à 20 euros chacun, et l’argent récolté irait aux hôpitaux. Mais voilà, même si le président appelait les contribuables à un « effort national », les billets ne se sont pas vendus.

Gouverner avec des symboles

Finalement, le président annonce que l’avion lui-même n’est plus à gagner, mais à la place, les participants tentent de gagner 100 lots de 20 millions de pesos – soit à peu près un million d’euros. De l’argent qui viendra des caisses de l’État. Et pour couronner le tout, le président a annoncé que le ministère de la Santé achèterait des billets pour 900 hôpitaux du pays pour qu’ils aient une chance de remporter l’un des lots. Le problème est évident : au lieu de consacrer de l’argent public directement au système de santé, le financement des hôpitaux est conditionné à un étrange tirage au sort.

Cette loterie en dit long sur la manière de gouverner du président Andrés Manuel Lopez Obrador. Elle montre l’importance des symboles pour ce président qui a été élu sur des attentes énormes. Il est arrivé en promettant la fin de la corruption et de l’impunité dans le pays. Mais après deux ans au pouvoir, Lopez Obrador gouverne à grand renforts de mesures symboliques, comme la baisse des salaires au sein de son gouvernement pour rappeler aux citoyens que les abus du passé sont terminés.

Dernier exemple en date, ce référendum populaire que Lopez Obrador veut lancer pour demander au peuple mexicain s’il faudrait ou non traduire en justice les anciens présidents pour corruption. Le processus est en bonne voie alors que selon les experts un tel projet n’aura aucune chance d’obtenir l’aval de la Cour Suprême. Une fois encore, c’est le symbole qui compte plus que le résultat.

L’insécurité, gros point noir de ce mandat

Dans les faits, le bilan du chef de l’État après deux ans de pouvoir est assez éloigné de son discours. Le président a lancé toute une série de politiques sociales ciblant les plus modestes et dont les effets sont attendus à long terme. Mais il ne s’est pas réellement attelé aux réformes de fond, comme la consolidation d’une police et d’une justice compétente et indépendante, qui garantirait l’État de droit et permettrait de mettre fin concrètement à l’impunité et la corruption.

►À lire aussi : Mexique: échec de la stratégie de lutte contre la violence du président AMLO

L’insécurité est le gros point noir de ce mandat car elle ne cesse d’augmenter, alors que les experts dénoncent une absence de stratégie de la part du gouvernement. L’économie était déjà un sujet d’inquiétude avant que la pandémie plonge le pays dans une crise profonde.

C’est une crise d’autant plus rude que le président n’a pas présenté de plan économique d’urgence pour soutenir les entreprises et les travailleurs pendant la crise pour ne pas creuser la dette. À la place, AMLO a choisi de maintenir le financement d’une raffinerie et d’une ligne de train, deux projets phares de son mandat, et il a procédé à de nouvelles baisses de salaires dans son administration pour réaffirmer son exemplarité face à la crise.

RFI

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