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Coronavirus en Chine: les étudiants révoltés face aux restrictions imposées sur les campus

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Une partie de la jeunesse chinoise craque face aux restrictions imposées dans le cadre de la lutte contre le Covid-19. La Chine semble pour le moment débarrassée de l’épidémie, mais la plupart des campus restent confinés et les étudiants ne cachent pas leur colère.

De notre correspondant à Pékin,

La bronca des universités chinoises s’exprime à la nuit tombée par ces cris aux balcons des dortoirs de l’université des langues étrangères de Xi’an, qui tournent depuis quelques jours sur les réseaux sociaux. Dans une circulaire datant du 13 août, le ministère de l’Éducation et la Commission nationale de la santé ont recommandé à tous les étudiants de rester sur les campus pour éviter une nouvelle propagation du coronavirus.

Une recommandation appliquée à la lettre par les recteurs, comme pour Zhu, étudiante en droit à Pékin : « Nous sommes arrivés à la fac le 12 septembre et nous sommes enfermés depuis un peu plus d’une semaine. Les étudiants n’ont pas le droit de sortir mais les personnels du réfectoire peuvent. Les résidents du campus, les livreurs et les visiteurs aussi peuvent aller et venir comme bon leur semble. Seuls les étudiants sont consignés. »

Des étudiants consignés alors que les professeurs et certains personnels ne le sont pas. Dans une enquête publiée par China Newsweek, 93 % des personnes interrogées disent ne pas comprendre l’enfermement des étudiants si d’autres peuvent aller et venir. Certains étudiants ont aussi manifesté leur fatigue des contrôles de santé à répétition.

« Chaque jour, nous devons rapporter notre état de santé aux autorités et vu que nous ne sommes pas autorisés à sortir, on commande nos repas à l’extérieur. Les livreurs n’ont pas le droit de rentrer, ils déposent les commandes devant la porte du dortoir », explique Liu Ziyou, étudiante en médecine à Wenzhou dans la province du Zhejiang.

Une hausse du coût de la vie pour les étudiants

Barricades à l’entrée des campus, thermomètre infrarouge et gardiens en uniformes qui filtrent les allées et venues notamment pour les livreurs, la plupart sont interdits d’entrée. Sur les réseaux sociaux, certains se plaignent des files d’attente à la cantine et du prix des repas. « Le prix des repas a augmenté à la cantine. C’est la même chose dans les épiceries du campus. Les fruits notamment coûtent plus cher. Les prix augmentent et la qualité se dégrade. J’ai eu la diarrhée l’autre jour après avoir déjeuné au réfectoire », raconte Zhu.

Ce qui frustre ces étudiants, c’est aussi le fait que la Chine depuis plus d’un mois maintenant n’affiche pas de nouveaux cas de contamination, même si les autorités sanitaires restent prudentes.

À écouter: Coronavirus: après un mois sans contamination à Pékin, retour presque à la normale

Un expert de la Commission chinoise de prévention et de contrôle des maladies disait récemment craindre un rebond de l’épidémie à l’automne et cet hiver. Certains parents disent comprendre ces mesures, y compris à l’occasion des retrouvailles familiales des vacances du 1er octobre, dont seront privés une partie des campus.

« Nous ne sommes pas autorisés à sortir pour la fête nationale, même si on est de Pékin. Du coup, de nombreux étudiants ont fait le mur. Je pense que ce verrouillage n’a aucun sens. Les responsables des facultés ont peur de prendre leurs responsabilités, alors ils enferment les élèves. Ce n’est pas ça qui aide à contenir le virus », proteste Zhu.

La lassitude des cours en ligne et des vacances en péril

Des règles qui ne passent pas, et des étudiants qui tentent par tous les moyens de s’évader. Huit mois après le blocage de la mégapole de Wuhan, des étudiants de l’Institut d’éducation physique de la capitale du Hubei ont mis les voiles en empruntant un bateau sur un lac bordant le campus, fatigués visiblement des cours en lignes.

« Les trois premières semaines, nous avons eu surtout des cours en ligne, et s’il y avait classe, c’était avec des sièges espacés. Pour la fête nationale, nous ne pourrons pas quitter la ville. Même pour sortir du campus, il faut une permission spéciale. De nombreux étudiants se font du souci pour les vacances », précise Liu Ziyou.

Qu’est-ce que tu fais pour les vacances ? Je reste à la fac. Le hashtag « Faut-il barricader les campus » a fait près de 500 millions de vues.

RFI

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