Accueil Le Monde Couvre-feu: le difficile choix d’Emmanuel Macron face au Covid-19

Couvre-feu: le difficile choix d’Emmanuel Macron face au Covid-19

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Emmanuel Macron, à Paris, le 23 avril 2019

La dégradation de la situation sanitaire a obligé Emmanuel Macron à s’exprimer. Le chef de l’État n’a pas voulu, cette fois-ci, prononcer une allocution solennelle mais a accordé une interview d’une quarantaine de minutes aux deux grandes chaînes françaises de télévision, TF1 et France 2, au cours de laquelle il a annoncé notamment que des couvre-feux seraient instaurés à partir de samedi en Île-de-France et dans huit métropoles. L’objectif du chef de l’État était de provoquer une prise de conscience des Français alors que la deuxième vague de l’épidémie frappe le pays.

La situation sanitaire n’a pas vraiment laissé le choix à Emmanuel Macron. Depuis le début de l’épidémie, c’est lui qui marque les grandes étapes, comme le confinement et déconfinement. Là, il fallait décider des mesures fortes pour casser le rythme de progression du virus. Il a donc pris la parole pour annoncer le retour des mauvaises nouvelles, notamment le couvre-feu dans les grandes métropoles et surtout pour essayer de faire accepter ces mesures. Dans son entourage, on avait anticipé que ce serait très difficile, c’est la raison pour laquelle cette hypothèse a été lancée dans le débat public avant l’interview d’Emmanuel Macron, comme un ballon d’essai, pour que les Français s’habituent.

La décision a été dure à prendre. Les réunions se sont multipliées ces derniers jours. Les ministres ont été appelés à donner leur point de vue sur l’impact dans chacun de leurs secteurs. Et puis Emmanuel Macron a tranché en sachant qu’il allait y avoir beaucoup de conséquences et beaucoup de mécontents notamment dans tous les secteurs économiques affectés par la décision, par exemple les restaurateurs. Le Premier ministre Jean Castex va d’ailleurs devoir faire l’explication de texte des mesures et dire comment elles vont être appliquées lors d’une conférence de presse.

Épidémie et économie

Le chef de l’État veut endiguer la propagation du virus mais sans stopper l’économie. C’est l’objectif et la difficulté pour Emmanuel Macron, qui joue les équilibristes et essaie de faire du « et en même temps ». Quitte à adopter des mesures qui peuvent sembler contradictoires, des couvre-feux le soir mais pas de restriction des déplacements dans la journée dans les transports en commun ou pour passer d’une région à l’autre, au risque de donner le sentiment que certains sont sacrifiés. Emmanuel Macron l’a dit : « Nous allons continuer à travailler », les élèves, les étudiants vont continuer à aller en cours. Ce sont les réunions privées qui sont ciblées cette fois-ci, car les chiffres semblent indiquer, selon le gouvernement, que c’est là que le virus se répand le plus. Et c’est aussi là qu’il est le plus difficile d’agir et le plus difficile de faire accepter aux Français des restrictions de liberté. C’est pour cela qu’Emmanuel Macron a essayé de se placer sur le registre de la solidarité en déclarant : « Nous sommes tous des acteurs de la lutte contre le virus ». Cette interview a aussi permis à Emmanuel Macron de rappeler que pour surmonter l’obstacle de l’épidémie, il va falloir jouer « collectif » et comprendre que « nous avons besoin les uns des autres ».

Un message politique

Le message d’Emmanuel Macron avait aussi un objectif politique. Au-delà des annonces concrètes et de la volonté d’apparaître aux commandes dans la gestion de la crise sanitaire qui est souvent critiquée, le président de la République a essayé de ressouder les Français autour d’un même combat pour éviter les fractures, par exemple géographiques ou générationnelles, de susciter plus de cohésion, de « faire Nation », d’amener une valeur positive, la solidarité, dans un discours de crise, comme il l’avait déjà fait la semaine dernière quand il avait parlé des inondations. C’est l’ambition d’Emmanuel Macron : essayer d’apparaître comme un président qui veut rassembler dans ce moment difficile, lui qui est apparu si souvent comme un président diviseur.

 

RFI

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