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La justice américaine lance son offensive contre Google

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La justice américaine passe à l’attaque contre les géants du net : elle a lancé hier mardi 20 octobre une procédure judiciaire rarissime contre Google, poursuivi pour abus de position dominante. De quoi ébranler son hégémonie ?

De quoi remettre en cause les petits arrangements entre amis, passés par ces mastodontes devenus tellement puissants, tellement riches qu’ils ont les moyens de dresser des cloisons infranchissables pour les concurrents. Si le moteur de recherche de Google, qui est au coeur de la procédure, est plébiscité par les usagers c’est bien sûr parce qu’il est efficace, mais c’est aussi parce que c’est souvent le seul outil disponible. Automatiquement livré par défaut dans l’univers Android dont Google est propriétaire mais aussi dans l’univers IOS de Apple.

Des faits connus. Ce que l’on sait moins et que les enquêteurs américains mettent en avant, c’est le contrat confidentiel passé entre les deux firmes pour maintenir à tout prix l’exclusivité de fait de Google. Sa maison mère Alphabet paie très cher pour cela : 11 milliards de dollars par an pour être l’option par défaut sur tous les appareils de la firme à la pomme affirment les enquêteurs. D’après le Wall Street journal, c’est sur ce lien que se concentre l’acte d’accusation.

Cette entente est déterminante pour les revenus de ces deux entreprises?

Onze milliards de dollars par an, c’est une grosse somme pour Google, cela représente le tiers de ses profits, mais le jeu en vaut la chandelle puisque la moitié du trafic généré par son moteur provient des appareils Apple. Si ce juteux canal venait à se tarir cela déclencherait l’alerte rouge dit-on au sein du groupe. Le but pour Google est bien sûr d’éliminer les rivaux, aussi petits soient-ils. Le moteur Bing par exemple qui appartient à Microsoft et qui détient aujourd’hui 7% du marché américain quand Google concentre 88% des recherches. Pour Apple cet arrangement est une source de revenu conséquente: 11 milliards de dollars, c’est environ 15 à 20% de ses bénéfices. Si Google se défend en affirmant que son service est gratuit pour l’utilisateur, il omet de déclarer qu’il paie très cher pour protéger son pré carré.

Google pourrait être démantelé?

Cette option est sur la table, si la justice américaine parvient à ses fins. Ce n’est pas forcément suffisant pour mettre un terme à ces pratiques déloyales. Le moteur de recherche pourrait très bien être racheté par un autre géant du net assez puissant pour passer des marchés équivalents fait remarquer Eric Léandri, l’un des fondateurs du moteur français Qwant. Pour cet entrepreneur du net (militant d’un internet ouvert et sûr pour les usagers avec sa nouvelle entreprise Altrnativ) la procédure va déjà apporter un peu d’air aux plus petits acteurs, leur permettre d’exister, à l’ombre de ce mastodonte. Pendant la procédure les investissements de Google sont figés, ce qui va permettre aux jeunes pousses de se développer sans redouter un rachat. C’est exactement ce qui s’est produit lors de la dernière procédure pour abus de position dominante lancée aux Etats-Unis. C’était en 1998, contre Microsoft. Et cela a profité à Google et son navigateur Chrome.

La justice américaine passe à l’attaque à la veille de l’élection présidentielle, sa démarche a aussi des motivations politiciennes ?

Le combat contre la Silicon Valley et ses multinationales a toujours été le credo de Donald Trump, agacé par leurs critiques. Les démocrates aussi s’inquiètent de la suprématie de ces anciennes start ups. Beaucoup d’autres procédures, d’enquêtes sont en cours, contre Google et contre les autres géants du net. Les GAFA, Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft pèsent plus de 7 000 milliards de dollars, leur valeur boursière a plus que triplé en 5 ans. Hier à la bourse, leurs cours n’ont pas bronché.

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RFI

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