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Pourquoi l’Egypte résiste à la pandémie

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Le président égyptien, le maréchal Abdel Fattah al-Sissi, est arrivé ce dimanche soir 6 décembre en France pour une visite d’État centrée sur les questions de sécurité. Son bilan en matière de droits de l’homme est toujours aussi controversé. En revanche, sur le plan économique, le pays semble avoir plutôt bien résisté à la crise provoquée par la pandémie.

L’Égypte sera cette année l’un des très rares pays en croissance. Selon la dernière prévision du FMI, son PIB va progresser de +3,5 % en 2020. C’était +5 % en 2019. C’est bien sûr très insuffisant si on rapporte ce chiffre à celui de la croissance de la population et aux besoins immenses à couvrir. Un Égyptien sur trois vit encore en dessous du seuil de très grande pauvreté.

C’est néanmoins une performance étonnante dans le contexte mondial de récession, surtout pour un pays très dépendant du tourisme. Les revenus de cette industrie ont fondu de 20 % sur l’année fiscale. Même si les vols ont repris depuis le mois de juillet, cette activité centrale pour l’économie ne repartira pas avant l’été prochain selon les plus optimistes. Un pronostic très difficile à établir puisqu’il dépend de l’évolution mondiale de la pandémie.

Les revenus des droits de passage sur le canal de Suez ont aussi flanché. En revanche l’argent de la diaspora, la première rente du pays, a tenu ses promesses et même au-delà. Pour l’exercice fiscal 2019-2020, les transferts sont plus importants que l’an dernier : ils ont bondi à 27,8 milliards de dollars, selon la Banque centrale égyptienne.

L’économie égyptienne a tenu le choc grâce au filet de sécurité mis en place par le gouvernement égyptien

Un million et demi de salariés ont bénéficié d’une couverture chômage spéciale. Les factures de gaz et d’électricité des entreprises ont été suspendues jusqu’au 31 décembre et le remboursement de leur dettes reportées à janvier prochain. Ce plan a coûté 6 milliards de dollars. C’est environ le montant de l’aide exceptionnelle accordée par le FMI pour que l’Égypte finance sa riposte à la pandémie. Avec 117 000 contaminations et 7 000 morts, elle a été relativement épargnée par le coronavirus. Un chiffre à relativiser car c’est aussi un pays où l’on pratique très peu de tests.

L’Égypte est considérée comme l’un des États plus résilients d’Afrique sur le plan sanitaire et économique, selon le classement de l’agence Bloomberg. Le gouvernement a privilégié un confinement allégé pour limiter l’impact sur l’économie. Le secteur du bâtiment a continué à travailler quasiment sans interruption, Tout comme le secteur agricole.

Depuis quelques jours les magasins et les artisans doivent fermer plus tôt pour éviter la deuxième vague de coronavirus

Le confinement n’est encore qu’une menace et le gouvernement préfère communiquer sur ses commandes de vaccins. 20 millions de doses lui sont réservées par le Gavi, l’alliance mondiale pour le vaccin. L’Égypte devrait aussi produire des vaccins chinois destinés au continent africain. Ces annonces rassurantes contrastent avec le quotidien des hôpitaux où les soignants se plaignent sans cesse du manque de moyens. On est encore loin des 3 % du PIB de dépenses de santé promis par le maréchal al-Sissi au début de sa présidence il y a six ans. La réalité serait inférieure à 1,5 %. Pas assez pour offrir des salaires décents aux médecins qui continuent à quitter massivement leur pays. La moitié des 220 000 docteurs vivent à l’étranger. Ceux qui restent en paient le prix. Plus de 200 ont succombé au coronavirus et une dizaine d’entre eux ont été arrêtés pour avoir osé protester contre leurs conditions de travail.

► En bref :

Le dernier chiffre des exportations conforte la reprise chinoise. elles ont progressé de 21 % sur un an en novembre? C’est la plus forte hausse depuis deux ans et c’est deux fois plus que ce à quoi s’attendaient les analystes.

RFI

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