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Haïti: l’église et ses institutions en grève contre l’insécurité

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En Haïti, trois jours après l’enlèvement de 7 religieux, dont deux Français, les religieux sont en grève pour dénoncer l’insécurité dans le pays, un mouvement inédit dans le pays au lendemain de la nomination d’un nouveau Premier ministre.

Ce jeudi 15 avril, les institutions haïtiennes dépendant de l’Église catholique du pays, comme les écoles, universités, et hôpitaux sont appelées à « observer un arrêt de travail » pour protester contre l’insécurité. L’annonce en a été faite ce mardi dans un communiqué par la Conférence des évêques haïtiens. Lundi déjà, l’archevêché de Port-au-Prince avait déploré la « descente aux enfers de la société haïtienne », et dénoncé l’inaction des autorités publiques de ce pays des Caraïbes gangréné par l’insécurité.

« Nous, comme Église consacrée unie à la Conférence des Évêques d’Haïti, nous choisissons de faire un geste pour dénoncer ce qui est arrivé à nos frères et aussi pour tous ceux kidnappés en Haïti », dénonce le père Gilbert Peltro, secrétaire général de la Conférence haïtienne des religieux, joint au téléphone par Stefanie Schuler du service international de RFI. C’est la première fois que nous prenons une telle décision, ajoute l’homme d’église. « On le fait pour exprimer notre déception, notre colère et notre indignation. Ce sont nos frères, des personnes qui se sont données pour le peuple et pour travailler dans le pays. C’est inhumain qu’ils soient retenus depuis dimanche, on est mercredi, ça fait déjà 4 jours. En plus, certains sont malades. C’est une situation stressante et révoltante ».

Le président Jovenel Moïse a nommé mercredi 14 avril Claude Joseph, comme Premier ministre par intérim. Il était jusqu’ici ministre des Affaires étrangères. Le chef de l’État l’assure : l’arrivée d’une nouvelle équipe permettra de mieux combattre les enlèvements et la violence des gangs qui sévissent dans le pays.

Le changement de gouvernement n’apportera rien, selon les Haïtiens

Dans la ville des Gonaïves, chef-lieu du département de l’Artibonite, les Haïtiens sont vent debout contre cette démission et la nomination du nouveau chef de gouvernement. « L’insécurité dans notre pays, c’est une insécurité planifiée ! Avec le nouveau premier ministre Claude Joseph, qui est plus proche du président Jovenel Moise, vous allez voir que l’insécurité va encore augmenter. Parce que c’est avec cette forme d’insécurité qu’ils vont pouvoir continuer à maîtriser la population et rester au pouvoir », nous explique un homme. « Ce qui devrait apporter une solution à la crise, c’est la crédibilité du président, il devrait avoir la capacité de réunir tous les secteurs de la nation autour d’un projet de société, parce que le peuple haïtien souffre trop… », regrette un autre.

Les enlèvements contre rançon ont connu une recrudescence ces derniers mois en Haïti et touchent toutes les couches de la population, témoignant de l’emprise grandissante des gangs armés sur le territoire.

RFI

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