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Afghanistan: malgré les annonces des talibans, l’école et l’université souvent fermées aux filles

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Les Afghanes disparaissent de l’espace public dans leur pays, derrière des burkas. Hormis les médecins et infirmières, les femmes n’ont plus le droit de travailler et les adolescentes de 12 à 17 ans d’aller à l’école. Pour les étudiantes aussi, beaucoup de choses ont changé. Témoignage.

Le nouveau régime, dont le premier règne brutal à l’égard des femmes entre 1996 et 2001 reste gravé dans les mémoires, a précisé ces derniers jours sa politique à leur encontre, qu’il promet plus modérée que par le passé. Il y a vingt ans, les talibans interdisaient toute éducation et tout travail hors du foyer.

Aujourd’hui, les étudiantes des universités privées ont été autorisées, officiellement, à reprendre les cours – mais séparées des hommes et avec abaya et hijab obligatoires – tout comme les élèves d’écoles primaires. Les collégiennes et lycéennes afghanes retourneront en cours « aussi vite que possible », ont assuré ce mardi 21 septembre les talibans dont l’annonce récente d’une série de restrictions envers les femmes avait fait craindre qu’ils n’interdisent à nouveau aux jeunes filles d’étudier.

Nous finalisons les choses. Cela arrivera aussi vite que possible », a affirmé Zabihullah Mujahid, porte-parole du régime des talibans, lors d’une conférence de presse à Kaboul, ajoutant que le gouvernement souhaitait offrir un « environnement éducatif sûr » aux filles avant leur retour en classe.

Mais nombre d’Afghanes continuent de douter de la volonté réelle des islamistes de leur accorder des libertés. « C’était déjà comme ça la dernière fois [entre 1996 et 2001, NDLR]. Ils n’avaient cessé de dire qu’ils nous autoriseraient à retourner travailler, mais ça n’est jamais arrivé », avait indiqué lundi à l’AFP une professeure.

 Elle va rester sans instruction »

De fait, la porte s’est déjà refermée pour de nombreuses femmes. C’est ce que raconte Farshi, 26 ans, travailleuse sociale diplômée, l’aînée d’une fratrie de 6 enfants.

« Une de mes soeurs est en 3e, donc elle est à la maison puisqu’elle n’a plus le droit d’aller à l’école, raconte-t-elle, jointe par Carlotta Morteo, du service International de RFI. Nous sommes très tristes, parce qu’elle va rester sans instruction, alors qu’elle est très intelligente, elle est la deuxième de sa classe. Tout ce qu’elle peut faire, c’est étudier les livres à la maison. »

« Mon autre sœur, elle, est à l’université, poursuit Farshi. Elle étudie le droit, c’était son dernier semestre. Elle devait passer ses examens, mais ils les ont annulés. Les étudiantes n’ont plus le droit de suivre ces cours. Ils ont éliminé des matières : le droit international, l’histoire, la géographie, les sciences de l’environnement, les langues aussi. On n’a plus le droit d’apprendre l’anglais à l’Université et dans les écoles. Il ne reste que les matières basiques : le pashto, le dari et les maths. Qu’est-ce qu’on va faire de ça ? »

Farshi, elle-même, subit de plein fouet les restrictions, qui s’apparentent à une interdiction déguisée. « J’ai une licence et je voulais passer mon Master, confie-t-elle. Mais puisque maintenant nous ne pouvons plus être dans les mêmes classes que les garçons, et que je suis la seule fille inscrite, l’Université n’a pas pu ouvrir une classe rien que pour moi. Je suis tellement déprimée. Je voulais poursuivre avec un doctorat. Tous nos espoirs sont brisés. »

Pour leur sécurité »

Les talibans ont également depuis leur arrivée largement limité l’accès des femmes au monde du travail, leur disant de rester chez elles « pour leur sécurité » et jusqu’à ce qu’ils puissent organiser la séparation entre hommes et femmes également sur les lieux de travail.

Dimanche 19 septembre, le nouveau maire de Kaboul avait annoncé que dans sa municipalité, les emplois des femmes seraient désormais occupés par des hommes.

La pilule est d’autant plus amère que les Afghanes étaient parvenues, ces dernières années, à gravir les échelons et à être nommées pour certaines à des postes jusque-là réservés aux hommes, de pilote à juge en passant par parlementaire.

Des centaines de milliers d’entre elles sont ainsi entrées dans le monde du travail, une question de survie pour celles que des décennies de guerre ont laissées veuves ou en charge d’un mari handicapé.

RFI

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