Les présidents français et américain se sont parlé hier pour tenter de désamorcer la crise diplomatique suite à l’affaire des sous-marins australiens. « Simple comme un coup de fil », s’exclame Libération. « C’était LE coup de téléphone le plus attendu de la semaine. (…) Joe Biden a-t-il su trouver les mots et poser les premiers jalons de ces “mesures concrètes” réclamées par Paris ? En avait-il seulement envie, lui qui a clairement fait le choix assumé, tout au long de négociations menées ces derniers mois dans le plus grand secret, de privilégier un allié (l’Australie) jugé plus vital – et assurément plus docile – qu’un autre (la France) dans la grande bataille stratégique avec la Chine ? Bataille dont le locataire de la Maison Blanche a fait la pierre angulaire de sa politique étrangère. (…) Macron et Biden ont prévu de lancer des “consultations approfondies” et se voir le mois prochain. »
Alors, s’interroge Libération, « quelles mesures concrètes ? Quels objectifs communs ? » Pour l’instant, mystère… Ce qui est sûr, pointe le journal, c’est que « l’ambassadeur de France aux États-Unis, Philippe Étienne, rappelé en fin de semaine dernière à Paris pour consultation, retournera à Washington la semaine prochaine. Un retour nécessaire pour poursuivre le dialogue, mais sans avoir, à première vue, obtenu la moindre contrepartie. »
Brutalité inouïe…
Et puis, confirmation de la brutalité du revirement australien : le PDG du constructeur Naval Group, Pierre Éric Pommellet, assure dans Le Figaro que le matin même du jour de la dénonciation du contrat, le gouvernement australien avait accepté l’offre de Naval Group qui aurait permis d’engager une nouvelle phase du programme. « Nous étions sous le choc, affirme-t-il. Cette décision nous a été annoncée sans aucun préavis, avec une brutalité inouïe. D’autant que tous les voyants étaient au vert.
Budget 2022 : c’est open bar…
À la Une également, en France : un budget 2022 bien généreux…
« Le projet de loi de finances pour 2022, présenté hier, suscite des interrogations du Haut Conseil des finances publiques et des critiques de l’opposition, relève La Croix. Ce dernier budget avant l’élection présidentielle doit financer de nombreuses dépenses annoncées ces dernières semaines par le chef de l’État, du Beauvau de la sécurité au chèque énergie en passant par le plan pour Marseille ou celui pour les indépendants. »
Pour l’économiste Nicolas Bouzou, interrogé par le journal, « c’est le prix de la démocratie. (…) Les budgets qui précèdent une échéance électorale d’ampleur se révèlent bien plus laxistes en termes de maîtrise des dépenses publiques. La tentation politique est en effet très grande pour une équipe sortante de promettre et de promettre encore des moyens. C’est d’autant plus le cas aujourd’hui en France que l’argent est très facile à trouver sur les marchés et que les taux restent bas. »
Pari risqué
Il n’empêche, l’exécutif joue avec le feu, estime Le Monde… « Ségur de la santé, revalorisation des salaires des enseignants, aides aux plus précaires, Beauvau de la sécurité, revitalisation de Marseille… prises une à une, ces mesures répondent à des besoins légitimes. Mais, pointe le quotidien du soir, faute de contreparties en termes d’économies sur d’autres postes, elles sont financées par la dette. C’est aujourd’hui le cas pour la moitié des dépenses publiques. La croissance, qui devrait ralentir dès 2023 pour retrouver son rythme d’avant crise, ne sera pas suffisante pour assurer la soutenabilité de notre dette, affirme Le Monde, pas plus qu’une hausse de la fiscalité. La faiblesse des taux d’intérêt peut en donner l’illusion. Mais faire reposer la souveraineté du pays uniquement sur cet aléa relève d’un pari très risqué. »
La valse des milliards…
« La rigueur attendra », soupire pour sa part Le Figaro. « À une opinion en demande croissante d’argent public, le gouvernement répond par autant de promesses, surtout avant une élection présidentielle. Aux chèques du sauve-qui-peut succèdent ceux des nouvelles dépenses et des petits cadeaux. Les milliards valsent au gré des déplacements présidentiels. (…) Le discours ambiant prétend que, dans le nouveau monde des taux bas, tout cela ne serait pas si grave. Pari bien hasardeux, s’exclame Le Figaro, qui place notre destin entre les mains des marchés financiers. Et qui, dans une fuite en avant lui ôtant toute valeur, n’encourage pas, bien au contraire, le bon usage de l’argent public. »
RFI