Mahmoud Dicko était un leader que j’appréciais à cause de ses prises de positions sur certains problèmes d’intérêt national qui auraient été mal gérés par le gouvernement et qui pourraient être potentiellement porteurs de germe de conflictualité.
En effet, sous la troisième République, il était l’un des rares si non le seul qui, face aux Présidents de la République, lors des présentations des vœux du nouvel an à Koulouba, dénonçait les dysfonctionnements de la gouvernance du Pouvoir. Il interpellait directement le Président en exercice pour solutionner des situations qui peuvent dégénérer en crise. Cette particularité m’a fait admirer l’homme de Dieu et le leader qu’il était au nom de toutes les communautés islamiques.Avec le recul du temps et son implication dans certains dossiers, j’ai appris à mieux cerner l’homme dans des contextes différents, ce qui m’a permis de l’analyser dans sa constance ou non avec la vérité, s’il est philanthrope ou égocentriste, défenseur du bien commun ou du mieux-être individuel. Progressivement, j’ai découvert en l’homme un coté véritablement plus tribun mais aussi des facettes selon l’enjeu et l’acteur en face. J’ai réalisé in fine, que sur le compte de l’homme, je me suis trompé. L’homme de foi est aussi un fin stratège politique, et un manipulateur hors pair.
En effet, lorsque le M5-RFP l’avait mis au-devant de la scène dans leur combat contre le régime de IBK, j’avais fait un article d’alerte dans lequel je dénonçais la pratique. J’ai qualifié de collusion inappropriée, ce regroupement des religieux et des politiques qui dans tous les cas sera contreproductive pour le Mali à long terme. Les acteurs du M5-RFP avaient récusé évidemment mon analyse en son temps en disant qu’il n’y avait aucun problème. Aujourd’hui, le résultat est là, patent et sans appel de Kaou Djim à Mahmoud Dicko.
Je ne me donne aucune prétention démesurée pour porter un jugement sur un Imam de la trempe de Mahmoud Dicko, pour ternir son image de quelque manière qu’elle soit ; cependant à mon avis, il n’a pas la sagesse qu’il devrait avoir de par son âge et sa connaissance de la science islamique. Je peux me tromper mais je pense qu’il n’a pas non plus la retenue du malien de son âge et l’intelligence dont les maliens le créditent. Il est plutôt nombriliste, pernicieux et avide, sinon, il se serait abstenu de prendre certaines positions dans le contexte actuel du Mali, son pays qu’il dit tant chérir. Considéré comme tel, je pense que Mahmoud Dicko est un danger public à surveiller de près.Il reste l’un des rares grands acteurs du changement à ne rien voir de positif dans ce que réussit la transition, y compris les succès militaires. Sur ce registre, Mahmoud est-il différent de l’Elysée ? Non, il en est le prolongement qui libère ses attaques séquentiellement, et à dose homéopathique.
Il est toujours dans l’attaque et la dénonciation, jamais dans la proposition, c’est d’ailleurs pourquoi il n’a pas participé aux Assises Nationales pour la Refondation ; Monsieur se considère comme le Centre de gravité de la décision au Mali.
Le tribun veut qu’on change une équipe qui donne au Mali sa dignité, qui fait l’espoir de tout un continent. Aujourd’hui, les maliens sont respectés partout où ils sont en Afrique et ailleurs, les peuples africains respectent le Mali, parce qu’il incarne un idéal jusque-là inassouvi. Travaillons à ne pas perdre cet avantage, et c’est dans l’union et le travail acharné, chacun au niveau où il se trouve, que ce challenge sera gagné. Il n’y a pas de victoire sans peine.
L’Imam doit rester dans sa mosquée désormais s’il veut s’appeler Imam, ou il ôte la toge de l’Imamat pour la politique qu’il semble tant adorer. Mahmoud Dicko doit se ressaisir avant qu’il ne perde les moyens de son ressaisissement. Il faut être futé pour savoir arrêter de traire la vache pendant qu’elle donne encore du lait, pour le bénéfice du veau.
Personne ne peut faire l’aveugle devant les difficultés actuelles du Mali, qui se justifient d’ailleurs du fait des sanctions de la CEDEAO. Cependant, si tous ensemble les maliens soufflent dans la trompette, peu à peu le pays se relèvera, et nous aurons un pays à nous, où notre culture, notre agriculture, les ressources minières profiteront à notre économie. On ne peut pas manger du fromage sans se passer du lait.La refondation du Mali est un vaste chantier qui exige de chaque malien un engagement. Personne ne peut dire que tout va bien en ce moment, il sera également malhonnête de ne pas reconnaitre qu’il y a de grosses avancées dans tous les secteurs, et chacun se retrouve justement à un niveau dans un secteur donné.
Aujourd’hui, le sillon est tracé pour le Mali, il est perfectible, et c’est l’Afrique toute entière qui veut s’en saisir.
Pendant ce temps, si l’inaction de certains est un droit que le Mali peut leur concéder, le sabotage de la volonté collective ne sera pas toléré au nom de la raison d’Etat.
Du Nord au Sud, d’Est en Ouest, nous n’avons que le Mali comme Patrie et Destin commun, personne de l’extérieur ne viendra nous le faire. Que le bon Dieu aide le Mali à se libérer !
Ismaïla ALHASSANE dit Bacho
Ingénieur, Agronome, Sociologue
ismailaditbacho@gmail.com
Bamako – Mali.
Source: L’Aube