Cher grand-père, l’Etat doit cesser d’avoir peur comme les humains. L’Etat doit cesser d’être contrôleur narcissique comme des peureux trainant encore les blessures émotionnelles de trahison et d’abandon de leur enfance. Oui grand-père, la construction de l’Autorité indépendante de Gestion des Elections (Aige), telle qu’elle est dans la loi électorale, montre à combien notre Etat n’a pas confiance. A combien, il a peur.
Un Etat qui n’a pas pu donner pleinement l’organisation des élections à l’Aige, va-t-il confier toutes les prérogatives mentionnées dans l’Accord d’Alger aux collectivités territoriales ? Jamais. Je n’y crois pas. On n’a pas pu donner le financement des partis politiques à l’Aige, les matériels et l’équipement entre autres à l’Aige ? Que donnerait cet Etat à d’autres collectivités ?
D’abord, nous avons une Aige du Premier ministre, révisée et repartie entre l’administration territoriale et la Cour constitutionnelle. ‘’Institutionnaliser’’, ça jamais. Personne n’y pense. On veut un organe avec des postes où on met des hommes qui resteront à notre guise. Voici tout l’esprit du politique malien. On ne croit et ne fait confiance en rien. On veut toujours garder le contrôle. Le Prince du jour se voit immortel et taille tout en sa propre mesure. Personne ne pense à une institution.
Cher grand-père, ça c’est l’Aige, imagine les transferts de compétence de l’exécutif qui sont demandés pour être attribués aux collectivités dans l’Accord d’Alger. Un président de Région, qui gère les mines, les taxes et les impôts. Une police territoriale que les collectivités recrutent et embauchent. Une liberté de politique et d’exécution où le gouvernement ne peut intervenir que postérieurement. Pour couronner le tout, des régions libres de coopérer à l’international.
Hum cher grand-père, des hommes qui n’ont pas pu mettre en place une Aige indépendante pourront-t-ils offrir à des régions toute cette autonomie ? Des hommes à qui le mot indépendant fait peur même trembler. Des hommes qui ne savent se rendre indispensables que par le pouvoir et le financement jamais la bonne politique, le bon suivi, la bonne évaluation et la belle justice.
Cher grand-père, si toutes nos réformes doivent refléter l’Aige depuis en avant-projet jusqu’à l’Aige promulguée, cher grand-père, ce que nous sommes loin de sortir du gouffre. Si on doit continuer à mettre en place des institutions qui demeureront sous les jougs des Princes, il y aura d’autres 18 août. Et encore et encore.
Cher grand-père, pour un Mali fort et éternel, seules des institutions étatiques fortes et des collectivités grandement renforcées pourront nous permettre de faire face aux défis existentiels. Pour ce faire, nous devrons bâtir un Etat sur des institutions fortes et un système démocratique impeccable dans la confiance et la fraternité. Nous devons tous être égaux et que l’Etat se rende nécessaire et indispensable. Nous n’avons plus le choix. Si nous aimons ce pays pour de vrai. Le 4ème pilier du temple n’est autre que la confiance. Bâtissons le Mali dans la confiance. Et à mardi prochain pour ma 25ème lettre. Inch’Allah !
Lettre de Koureichy
Source: Mali Tribune